Expulsions de délinquants étrangers, réforme des retraites... Le RN a poussé des marqueurs politiques jeudi dans sa journée réservée à l'Assemblée nationale, l'occasion d'attaquer ses adversaires à gauche et à droite. Dans une ambiance houleuse, Richard Ramos, député Modem du Loiret a vivement interpellé le député RN du Loiret Thomas Ménagé.
Les députés se sont déchirés sur les bancs de l'Assemblée pendant la journée réservée aux propositions de loi du groupe de Marine Le Pen du Rassemblement national ce jeudi 31 octobre. Cela a commencé par une proposition de loi du RN sur les expulsions d'étrangers délinquants, qui a immédiatement fracturé l'hémicycle.
"Non, l'immigration n'est pas une chance", a lancé le député RN Lionel Tivoli, avant de pointer les dangers selon lui d'une "immigration massive" en France. L'une des nombreuses interventions qui a tendu le Palais Bourbon. "Est-ce que je ne suis pas une chance pour la France en étant ici devant vous ?", lui a rétorqué Ayda Hadizadeh, députée socialiste et fille d'exilés iraniens. "C'est une provocation qui est d'une extrême violence", a abondé Naïma Moutchou, née en France de parents marocains.
Et Ludovic Mendes, le macroniste d'origine portugaise d'enchaîner: "l'immigration n'a pas à être une chance ou une mauvaise chance pour la France : c'est l'histoire de la France".
"Ce sont des méthodes de voyou, vous êtes un voyou, vous êtes un menteur "
Puis est venu le deuxième revers de la journée pour le groupe RN, qui a longuement défendu un texte d'abrogation de la réforme des retraites vidé de sa substance en commission.
Thomas Ménagé, rapporteur RN du texte, a attaqué une réforme "sacrificielle, injuste, inutile", fustigeant dans un même mouvement "le sectarisme de la gauche et de l'extrême gauche", qui n'a pas souhaité soutenir son texte en commission, autant que "l'entêtement" des macronistes qui leur ont fait la "courte échelle" pour le torpiller.
L'atmosphère s'est là encore tendue, notamment lorsque M. Ménagé a égrené les noms des membres NFP de la commission des Finances ayant détricoté son texte. La présidente du groupe écologiste, Cyrielle Chatelain, y a vu une "menace" de "jeter à la vindicte populaire" ces députés. Le député de la 6e circonscription du Loiret, Richard Ramos, lui, est sorti de ses gonds.
"Monsieur Ménagé, a-t-il interpellé le député de la 4e circonscription du Loiret, vous êtes un pinocchio ! Je ne sais pas qui est votre gepetto, mais vous êtes un menteur. Vous êtes en train de traiter ici les gens avec leurs noms. Dans votre circonscription, dans notre département, vous avez mis ma photo avec votre collaborateur parlementaire à des millions d'exemplaires, disant, c'était la semaine dernière, que je n'avais pas voté un texte qui n'était pas encore arrivé. J'avais un peu de respect, mais aujourd'hui c'est le front national qui revient ce sont des méthodes de voyou, vous êtes un voyou, vous êtes un menteur. La respectabilité du front national c'est terminé ! ça montre son vrai visage ! Regardez pinocchio ! Regardez pinocchio ! Il est en spectable !", a hurlé le député Modem dans une Assemblée nationale surchauffée.
Ce matin, à l’Assemblée nationale, j’ai dénoncé les mensonges du rassemblement national et ceux de Thomas Ménagé, à travers son collaborateur parlementaire.#politique #MoDem #bayrou pic.twitter.com/hixZq9o1LC
— Richard Ramos (@_richardramos) October 31, 2024
Par ailleurs, le député du Loiret Richard Ramos a annoncé au micro de nos confrères de France Bleu Orléans qu'il allait porter plainte pour diffamation publique contre le Rassemblement national. Selon Richard Ramos, une affiche de propagande du RN, à propos de la réforme des retraites sur laquelle le député MoDem du Loiret apparait, a été diffusée. Un flyer purement mensonger selon l'élu centriste qui met en cause personnellement le député RN du montargois, Thomas Ménagé.
Vers une abrogation de la réforme des retraites le 28 novembre ?
Engagé dans un bras de fer avec le RN pour apparaître comme le meilleur combattant de la réforme, le NFP défendra son propre texte dans la "niche LFI" le 28 novembre. "Nous discuterons d'une vraie réforme d'abrogation des réformes des retraites que vous n'avez jamais combattue", a promis l'oratrice LFI, Anaïs Belouassa-Cherifi. Accusant la gauche de "trahir (ses) électeurs", Marine Le Pen a assuré que son groupe voterait au contraire le texte de la France insoumise.
En début de soirée, le RN a ouvert l'examen d'un autre texte proposant de supprimer le critère de diagnostic de performance énergétique (DPE) pour la location d'un logement, qui précède un autre texte régalien sur l'établissement de peines planchers.