Alors que le scandale du chantage à la sextape éclabousse la ville de Saint-Etienne depuis plusieurs semaines, Franceinfo révèle aujourd'hui une nouvelle affaire de chantage liée à une vidéo. Ali Rasfi, élu d'opposition, se dit victime et pointe "un système" au sein de la municipalité dirigée par Gaël Perdriau.
Les langues se délient à Saint-Etienne plusieurs semaines après les révélations de Mediapart, concernant un chantage à la sextape, la vidéo intime, visant Gilles Artigues, l'ancien premier adjoint de Gaël Perdriau. Le maire Les Républicains de la ville a annoncé jeudi 22 septembre se mettre temporairement en congé de ses fonctions de président de la métropole. Dans le même temps, à Saint-Etienne, certains commencent à prendre la parole pour dénoncer le "système Perdriau". Son équipe est mise en cause dans une autre affaire de chantage à la vidéo.
L'affaire commence le 15 mars 2020, au premier tour des municipales. Ali Rasfi est candidat sur une liste de gauche et assesseur d'un bureau de vote stéphanois, dans le quartier de Solaure. L'éducateur reçoit plusieurs SMS de Mohamed Ghoulam, chargé de mission au cabinet du maire - et par ailleurs frère de Faouzi Ghoulam, footballeur de Saint-Etienne puis de Naples. Dans le premier message, il est écrit : "Tu as été filmé en train d'influencer les électeurs, sache que nous ferons usage de la vidéo."
Ali Rasfi ne nie pas avoir discuté avec des électeurs le jour de l'élection, mais il se justifie : "Le quartier où j'étais assesseur, c'est le quartier de mon enfance, donc bien entendu j'ai rencontré de vieilles connaissances, dans un cadre amical,j'ai pris des nouvelles des uns et des autres, mais j'ai respecté le cadre qui m'astreint en tant qu'assesseur ! Je n'ai pas compris."
"Des téléphones partout qui filment tout"
Il soupçonne des personnes de l'avoir filmé dans son bureau de vote. "Mais ce n'est plus de la politique là, on rentre dans un autre monde !" s'alarme-t-il. Trois SMS plus tard, il reçoit un nouveau message : "Avant d'agir de la sorte, dis-toi qu'il y a des téléphone portables de partout qui filment tout et tout le monde..."
L'épisode a été oublié pendant des mois ensuite par Ali Rasfi. Mais l'affaire révélée par Mediapart a depuis rafraîchi la mémoire de celui qui est devenu conseiller municipal d'opposition : "Ça révèle un système en vigueur depuis très longtemps. Nous sommes, nous les élus d'opposition, soumis à une surveillance particulière où on ne peut pas faire un mouvement, un geste, sans cette peur d'être filmé en permanence."
Avec France Info