Les soignants de l'hôpital de Feurs dans la Loire se mobilisent pour sauver les urgences au sein de leur établissement hospitalier. Rejoints par les habitants, ils ont, ensemble, voulu témoigner des conséquences d'une telle suppression sur leur quotidien.
La fermeture des urgences de Feurs, dans le département de la Loire, serait imminente. Prévue pour le 3 avril 2023, cette fermeture est liée au plafonnement du salaire des médecins intérimaires. Une disposition de la loi Rist (du nom de la députée Renaissance qui a porté le texte).
Dès la fin de la matinée de ce samedi 25 mars 2023, et jusqu'à 13h, pas moins de 500 personnes se sont regroupées sur le parvis de l'hôpital de Feurs. Des blouses blanches, médecins, infirmières et personnel paramédical, mais également des habitants de Feurs, des organisations syndicales et des élus.
Un fonctionnement mis à mal
Les urgences fonctionnent avec 5 médecins titulaires et 5 médecins intérimaires. Ces derniers ne veulent pas voir leur rémunération amputée par la loi Rist. Et sans eux, l'hôpital ne peut plus assurer les urgences.
Outre les cinq médecins intérimaires, d'autres personnel de santé voient leur avenir compromis au sein du centre hospitalier du Forez avec la fermeture des urgences. "On est 44 à être impactés", dit Patricia Goutille, infirmière anesthésiste. Autour d'elle, ses collègues acquiescent de la tête. "Et, il y aura un impact sur d’autres services après, le laboratoire, la radio, le standard…énumère-t-elle. Nous ne savons pas ce que nous allons devenir le 3 avril…On ne s’attendait pas à une telle décision. Cela ne nous a toujours pas été annoncé par notre chef de service ni par le directeur. C’est insultant, humiliant, irrespectueux" conclu-t-elle.
Des habitants inquiets
Le personnel soignant n'est pas le seul à ressentir une boule au ventre face à cette fermeture inéluctable. Beaucoup d'habitants présents sur le parvis se disent écœurés, comme cette habitante d'une soixantaine d'années, qui explique comment la proximité des urgences de Feurs lui a permis de survivre à une méningite fulgurante. "C’est grave. J’ai très peur pour l’accès aux soins à l’avenir."
Dès qu'elle s'exprime, l'émotion la gagne. Derrière ses lunettes rouges, les larmes ne sont pas loin. "Je peux vous donner des centaines d’exemples de gens qui ont été sauvés, à commencer par moi. J’ai eu une méningite foudroyante. C’est très rare de s’en sortir. Je suis venue à Feurs, ici on m’a fait ma première ponction et on m’a tout de suite mise sous cortisone. Après on m’a envoyée sur Lignon mais j’ai eu les premiers soins ici. Si je n’avais pas eu ces premiers soins, je ne serai plus là."
Son témoignage traduit le sentiment d'abandon ressenti par l'ensemble des habitants ainsi qu'un ressentiment profond. "Je suis très en colère car les élus de Feurs n’ont rien fait ! Monsieur Taite (ancien maire LR de la commune) n’a jamais bougé pour l’hôpital de Feurs. Il voulait un hôpital privé et pas garder le public et je suis très en colère de voir qu’ils (les élus) se mettent à bouger maintenant, alors que les carottes sont cuites."
Des élus sifflés
En haut des marches surplombant le parking, plusieurs personnes vont se succéder au micro : syndicalistes, élus... Plusieurs élus sont sifflés, hués, vertement harangués. "Mafieux" peut-on entendre dans la clameur. Refroidi par cet accueil, Jean-Pierre Taite, l'ancien maire LR de la commune décide de ne pas prendre la parole.
Le sénateur ligérien socialiste, Jean Claude Tissot a écrit au ministre de la Santé. "Quand on fait de la politique, on est là pour changer la vie des gens, et si on peut la changer en bien, c’est mieux. Et c’est dans cet esprit là que les élus sont ici. On ne peut pas accepter qu'il y ait un recul du soin sur notre territoire" affirme-t-il. "Le directeur profite de la situation pour dire "puisque je n’ai plus d’intérimaires, je ferme le service". C’est la chronique d’une mort annoncée, il décide de sacrifier l’hôpital public au profit du service privé et de Montbrison."