"Des conditions d'accueil indignes" pour les patients relevant de la pyschiatrie au CHU de St Etienne. Le rapport d'A.Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, est accablant. Le CHU répond qu'un plan d'actions a été mis en place et intègre les recommandations du contrôleur.
L'inspection a eu lieu du 8 au 15 janvier au pôle psychiatrie du centre hospitalier universitaire de St Etienne. Et le constat qu'en fait Adeline Hazan, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, ne laisse aucune place au doute.
A cette période là, vingt patients relevant de l'urgence psychiatrique sont en attente de place. Treize sont alités sur des brancards dans les couloirs, en attente de prise en charge , les pieds et/ou une main attachés, sans pourtant montrer de signe d'agitation ou de véhémence. Ces personnes patientent aux urgences depuis quinze heures mais parfois depuis plusieurs jours sans hygiène, ni intimité. Une description sans concession, qui explique que les conditions d'accueil aux urgences psychiatriques se sont encore aggravées depuis octobre 2017, selon le rapport du CGLPL.
La contrôleuse Adeline Hazan se montre alarmante, évoquant "un traitement inhumain ou dégradant" au sens de l'article 3 de la convention européenne des droits de l'homme. Elle évoque "un dysfonctionnement majeur" qui nécessite de mettre immédiatement un terme "aux pratiques illégales et abusives" .
La contrôleuse explique par ailleurs que la communauté médicale de l'établissement a pris conscience de la situation mais qu'il ne saurait être question de "laisser l'établissement seul face à ces difficultés".*
"Un rapport sévère" selon le CHU de ST Etienne
Le CHU de St Etienne estime que "le rapport du CGLPL est sévère sur les durées de prise en charge" alors que "la durée médiane de séjour aux urgences des patients relevant de la psychiatrie est de 6,5 heures" selon une étude rétrospective sur deux ans. L'établissement souligne encore le professionnalisme de ses équipes tout manifestant sa volonté d'améliorer l'accueil pour réduire le temps d'attente aux urgences.
Le CHU répond à ces objections dans un long communiqué, pour se justifier : "Le recours au pôle psychiatrie du CHU s'est fortement accru. Le nombre de patients pris en charge a augmenté de 30% entre 2012 et 2016." Il préfère retenir les conclusions de la Haute Autorité de santé qui a effectué sa dernière visite en octobre 2017 : "Le professionnalisme des équipes du pôle psychiatrie a été reconnu par les experts-visiteurs de la Haute Autorité" .
Le CHU dit malgré tout son intention d'intégrer les recommandations du contrôleur : "Dès la mi-janvier, la gouvernance du CHU et les équipes de psychiatrie se sont réunies pour améliorer les pratiques de contention (...). Un rappel strict des bonnes pratiques en la matière a été fait, avec arrêt de la contention pour les patients en hospitalisation libre. (...) Les actions de formation ont été renforcées. (...) Un étude architecturale est en cours pour créer au sein des urgences adultes un espace dédié à la pise en charge des patients pyschiatriques".
Le point avec Anthony Laurent et Damien Grousson :
Adeline Hazan s'étonne que la situation ait pu échapper un peu plus tôt à l'inspection de la Haute autorité de santé réalisée un peu plus tôt.