"Le tribut de Zamora" de Gounod sera la découverte de l'année pour le public de l'opéra de Saint-Etienne. Actuellement en répétition, les chanteurs dévoilent les coulisses de ce spectacle, qui fut l'ultime grande œuvre lyrique du compositeur en 1881.
Qui n'a jamais rêvé d'être une petite souris, tapit dans un théâtre afin d'assister à la création d'un spectacle. Avant le lever de rideau prévu le 3 mai prochain, "Le tribut de Zamora" est en préparation.
Depuis 3 semaines, les antres de l'opéra de Saint-Etienne bruissent de vocalises et de notes de musique. Les répétitions s'enchaînent pour les chanteurs qui interpréteront cette dernière œuvre lyrique de Charles Gounod.
Un échauffement de sportif
Dans le couloir à peine éclairé qui mène d'une loge à l'autre, des vocalises se font entendre. Un peu plus loin, des notes de piano à l'unisson avec une voix claire et puissante. "Le chant, c’est exactement les mêmes exigences que pour un grand sportif", explique le baryton Jérôme Boutillier. "Ça a l’air facile, reprend-il, mais c’est le fruit d’un travail énorme."
Sa partenaire sur scène, la soprano Elodie Hache, complète. "Le corps doit être tonique, dynamique et il n’y a pas de micro donc il faut que la voix passe au-dessus de l'orchestre pour aller dans la salle. Ça demande une mise en place du corps."
Avant de regagner la scène, les chanteurs se préparent chacun de leur côté.
"D’abord, on chauffe le corps, dit Jérôme Boutillier, donc évidemment il faut marcher. Ensuite, on fait des petites vocalises, on commence par le médium, puis on descend faire le grave, on étire vers les aigus, décrit-il. Ce sont des petits exercices d'assouplissement de l’instrument." Au préalable, un travail approfondi sur les partitions est indispensable, comme un texte au théâtre, que les chanteurs doivent maîtriser sur le bout des doigts.
La voix, c’est le reflet de l’âme
Jérôme Boutiller, Baryton
La voix réglée comme un instrument
L'interprète masculin détaille "l'instrument". "La voix, c'est le reflet de l'âme, donc elle n’est pas tous les jours dans un état forcément reluisant. La technique, en revanche, c’est l’abolition du hasard." Il déambule en soufflant de l'air, les lèvres fermées. "On a toujours peur que cela ne soit pas parfait donc on a des petits tics. Chacun les siens, généralement sont les mêmes pendant l'échauffement. On vérifie que la voix est là que ça résonne bien dans l’espace, qu’on est pas enroué, on toussote, dit-il. Chaque chanteur a ses petites névroses."
Pour Elodie, la voix s'appuie sur le souffle."C’est la respiration et donc le diaphragme qui est sur la projection et l’ouverture de la mâchoire."
Derniers ajustements
"On est déjà prêt, dit Elodie, le rôle est su par cœur et ensuite on est libre de nos mouvements pour composer avec le metteur en scène et avec le chef d’orchestre. Pour l’instant, il n’y a pas d’orchestre mais musicalement on parle déjà de beaucoup de choses," précise la soprano.
"Il y a un moment où on est sur scène, il y a aussi les collègues, donc il y a tout un jeu de scène qui se met en place".
Jérôme complète les propos de la chanteuse, "ça permet aussi de libérer le geste vocal car une fois qu’on est dans la mise en scène, le chanteur bouge. Plus le chanteur bouge, plus il est à l'aise."
Pour Elodie la plus grande satisfaction d'une chanteuse c'est d'embarquer le public, le temps du spectacle. "Quand le public dit "ça nous a émus", on a atteint le but ultime. On est heureux d’avoir fait voyager les gens avec nous pendant une courte période."