François Trouillet se prépare une nouvelle fois à gravir l'Everest. Ce sera sa troisième tentative. Il savoure chaque jour de préparation avec, en ligne de mire, le sommet de l'Himalaya. En septembre, il fera le Manaslu, histoire de s'entraîner.
François Trouillet rêve de hauteur, de 8848 mètres exactement. Il a une idée fixe depuis six ans : gravir l'Everest.
L'Everest, pourquoi pas moi ?
C'est un défi de taille pour l'ancien ingénieur informatique, originaire du Pilat, longtemps installé à Paris, qui ne connaissait la montagne que par la pratique du ski. En 1996, l'Everest fait la Une en raison d'une expédition piégée dans une tempête exceptionnelle. On parle alors beaucoup des dangers d'une telle entreprise, d'autant que celle-ci est connotée "commerciale". Ce sont des alpinistes non chevronnés qui ont tenté l'ascension. Ce détail frappe François et il se pose alors la question : pourquoi pas moi ?
C'est suite à un burn-out et plusieurs mois d'hospitalisation qu'il prend sa décision. Il emménage à Grenoble et devient enseignant. Ses deux premières tentatives sont vaines. La dernière fois, il s'est arrêté à 8200 m. Très fatigué, il a eu peur de ne pas être capable de redescendre. Mais, il ne lâche pas l'affaire pour autant.
Est-ce que l'Everest c'est le sommet ou le chemin ? J'ai vécu des choses merveilleuses pendant 2 mois.
François Trouillet,qui a stoppé son ascension à 8 200 mètres lors de sa deuxième tentative
Il repartira en avril 2024 pour attaquer la face nord (Tibet / Chine) qui a rouvert. "Il y a peu d'endroits où l'on peut ressentir ce que j'ai ressenti. [...] J'ai été impressionné par ce qu'un corps humain est capable de faire. Ce sont mes jambes qui ont fait ça, waouh !"
Une motivation à toute épreuve
Un tatouage symbolise ce défi. La chaîne himalayenne court le long de son bras, sur la partie près du corps. Un endroit discret, presque intime. "Je voulais l'avoir sur mon bras, ici. Pas pour le montrer aux autres, pour l'avoir dans la peau. Quand je me réveille le matin, je sais pourquoi je vais me préparer" raconte-t-il avec un très large sourire et des étoiles dans les yeux. "Et si un jour, j'ai peur, j'arrête".
Le matériel est déjà prêt. Coûteux, mais indispensable pour lutter contre le principal ennemi, le froid, jusqu'à -40 degrés. À ces altitudes-là, l'homme n'est pas le bienvenu.
À la différence d'autres sports, c'est que l'on y met un peu notre vie dedans. Si l'on n'a pas le bon équipement, on peut y laisser des plumes, des doigts, voire pire.
François Trouillet,qui se prépare à gravir l'Everest
Du sport et du cardio pour se préparer physiquement, et du yoga pour le mental qui est une ressource essentielle, l'entraînement est rigoureux. Il a même aménagé un décor dans son jardin avec des drapeaux de prières colorés identiques à ceux que l'on retrouve sur le parcours, des cloches et un bouddha pour se projeter tous les jours dans l'Himalaya.
"Mon guide m'a dit que j'avais de la chance. J'ai commencé tard, mon corps n'est pas usé. Il m'a dit que je vivais pleinement mes expéditions".
À 67 ans, François Trouillet sera peut-être le premier ligérien au sommet de l'Everest. Mais, avant cela, en septembre, il se mettra en jambes sur les pentes du Manaslu, 8216 mètres. Un nouveau 8 000 à atteindre en attendant le plus prestigieux d'entre eux.