Le fabricant de matériaux semi-conducteurs Soitec, lourdement endetté et en plein recentrage sur l'électronique, annonce son intention de lever jusqu'à 180 millions d'euros principalement auprès d'une filiale du Commissariat à l'énergie atomique (CEA), du fonds chinois NSIG et de BpiFrance.
Les fonds levés "sont destinés à financer les investissements de capacité industrielle pour la production de FD-SOI (plaques de silicium optimisées pour le mobile) et à renforcer le bilan de Soitec", explique l'entreprise. "Il nous fallait nous entourer de partenaires financiers qui soient aussi stratégiques pour la compagnie", commente le PDG du groupe, Paul Boudre, qui mise beaucoup sur cette technologie.
A l'issue de cette opération, CEA Investissement ("CEAI"), National Silicon Industry Group et Bpifrance Participations détiendront chacun 14.5% du capital de la société.
Les partenaires
Le CEA est "un partenaire stratégique et historique", Soitec ayant été fondé en 1992 par deux chercheurs du CEA, "qui continue à supporter toute notre stratégie de Recherche et développement", souligne-t-il.Le partenariat avec NSIG (National Silicon Industry Group, une plateforme d'investissement chinoise spécialisée dans les semi-conducteurs) devrait de son côté apporter "un support stratégique pour le développement des technologies (de Soitec) et l'adoption de ces technologies en Chine.
BpiFrance (Banque publique d'investissement) est pour sa part actionnaire de la société depuis 2011.
Régler ses dettes
L'objectif général de cette opération est "l'investissement dans notre outil industriel sur les deux ans à venir pour augmenter notre capacité de production sur les substrats FD-Soi, spécifiquement sur le site de Grenoble", annonce M. Boudre. "Nous n'avons jamais été aussi proche de voir cette technologie adoptée à très grande échelle par l'industrie des semi-conducteurs.""Au cours des derniers jours, deux des quatre plus grandes fonderies mondiales ont annoncé être entrées en phase de production de masse et avoir commencé la fabrication de lot industriels à base de plaques FD-Soi, en Corée (du sud) et en Europe."
Mais le groupe fait aussi face à des échéances financières importantes et doit rembourser des emprunts à court terme qui arrivent à échéance en mai. Soitec prévoit également de mener diverses opérations de refinancement de sa dette.
Le groupe était endetté à hauteur de 220 millions d'euros au 31 décembre 2015, et disposait d'une trésorerie de 51 millions.
Soitec prévoit par ailleurs de finaliser son désengagement de ses activités dans le solaire et l'éclairage, un virage stratégique annoncé début 2015, d'ici fin mars. Il a fait part fin janvier d'une hausse de 36% de son chiffre d'affaires au cours du troisième trimestre de son exercice décalé 2015-16.