Lyon-Turin. Procès pour "incitation au sabotage": Erri de Luca connaîtra son sort lundi

Le tribunal de Turin doit se prononcer lundi 19 octobre sur le sort de l'écrivain italien Erri de Luca, contre qui le parquet a requis une peine de huit mois de prison pour "incitation au sabotage" du chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin.

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En cas de condamnation, qu'il s'agisse de prison ferme ou avec sursis, Erri de Luca a déjà répété qu'il ne ferait pas appel. Il ne risque pas de dormir lundi en prison pour autant, a expliqué son avocat, Gianluca Vitale, cas la peine ne peut être appliquée qu'une fois considérée comme définitive, ce qui peut prendre plusieurs mois.

Au micro mardi de la radio française France Inter mardi, l'intellectuel, prix Fémina étranger en 2002 pour "Montedidio", a assuré être "incriminé par un article du droit pénal qui remonte à l'époque fasciste" et n'avait jamais été appliqué à un écrivain. "Je suis le premier, mais mon intention est d'être le dernier" de cette volonté de censure, a-t-il ajouté.

A l'audience le 21 septembre, l'écrivain de 65 ans avait confié s'attendre "au maximum", soit 5 ans de prison ferme et s'est dit étonné d'un réquisitoire qu'il a jugé "a minima".
"Erri de Luca a bien utilisé le mot sabotage", avait fait valoir avec force arguments le procureur de Turin (nord-ouest) Antonio Rinaudo, énumérant les différentes "attaques" contre le chantier du Lyon-Turin ayant suivi l'entretien de l'auteur avec plusieurs médias italiens en septembre 2013. 

Lors de cette interview, l'écrivain, écologiste longtemps militant d'extrême-gauche, avait confirmé son soutien sans faille au mouvement s'opposant au projet de liaison rapide entre Lyon et Turin, baptisé en Italie "No TAV" (Non au TGV).

Lecteurs et intellectuels solidaires

"On ne peut invoquer la liberté d'expression dans ce cas", avait lancé Antonio Rinaudo, arguant qu'il s'agissait d'un "discours public" prononcé dans un "contexte précis" et ayant conduit à des "actes concrets et illégaux". "En raison de sa notoriété internationale, ses paroles ont un poids déterminant et ses phrases une force suggestive", avait-il insisté.

"Ce réquisitoire est un message sur la liberté d'expression", avait répliqué pour la presse Erri de Luca durant une suspension d'audience, se disant "ni un martyr, ni une victime".

Dans sa plaidoirie, Me Vitale avait demandé la relaxe de son client, évoquant les paroles de Charles de Gaulle, qui avait déclaré "on n'emprisonne pas Voltaire" lorsque Jean-Paul Sartre s'était opposé à l'usage de la torture en Algérie.

L'avocat de la partie civile, la société TELT (Tunnel euralpin Lyon Turin) en charge de la section transfrontalière, Me Alberto Mittone, avait pour sa part évoqué la responsabilité de la parole: "Celui qui donne des interviews, parle aux journalistes ou va à la télévision ne peut pas dire que ses paroles ne porteront pas à conséquence".

Depuis ce réquisitoire, l'intellectuel italien a reçu de nombreux soutiens du monde entier. Une pétition européenne, lancée par son comité de soutien, a ainsi reçu la signature de plus de 500 personnalités du monde de la culture, issues de 20 pays différents.

Parmi les signataires, figurent le sculpteur français Daniel Buren, le trompettiste de jazz italien Paolo Fresu, l'auteur allemande Brigitte Glaser, l'actrice française Isabelle Huppert, le cinéaste britannique Ken Loach ou encore l'écrivain italien Roberto Saviano.

"En lecteurs, nous exprimons notre solidarité avec Erri De Luca. En citoyens du monde, nous demandons aux Etats français et italiens de faire retirer cette plainte d'une société dont ils sont aujourd'hui les seuls actionnaires. En défenseurs de la liberté d'expression, nous n'acceptons pas qu'un écrivain soit poursuivi pour ses mots", affirment-ils.

Lors d'une précédente audience le 20 mai, l'écrivain, féru d'alpinisme, s'était défendu en disant qu'il pouvait seulement "inciter à la lecture, à la limite à l'écriture" mais pas au sabotage.
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