Le chef du Front national en Auvergne-Rhône-Alpes, Christophe Boudot, a jugé vendredi que le mémorial des enfants juifs d'Izieu, raflés en 1944 dans cette commune de l'Ain, puis déportés, était "trop politisé" et servait à "faire repentance". Il s'est ensuite excusé sur twitter.
"Je ne suis pas opposé du tout à subventionner la question mémorielle, il en faut. Mais je crois que la Maison d'Izieu, c'était un petit peu trop politisé, un peu "too much". On s'en est servi pour faire repentance, toujours", a-t-il déclaré à nos confrère de Télé Lyon Métropole (TLM), dans une émission qui doit
être diffusée vendredi soir, mais dont des extraits ont déjà filtré.
L'élu frontiste revenait sur la polémique déclenchée en mai par la décision de Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes,
de baisser la subvention attribuée à ce lieu de mémoire. "Nous avons toujours voté contre ce genre de subvention parce que ça aboutit finalement
à une forme de repentance, toujours la même", a ajouté Christophe Boudot tout en admettant ne s'être jamais rendu au mémorial d'Izieu.
Il a ensuite rétropédalé sur Twitter: "Maison d'Izieu: mal informé sur cette question, j'ai commis une erreur d'appréciation. Je tiens à m'en excuser", a-t-il expliqué sur son compte @ChBoubot.
En avril 1944, quarante-quatre enfants et sept adultes sont arrêtés à Izieu par la Gestapo, dirigée à Lyon par Klaus Barbie, avant d'être tous déportés quelques jours plus tard. Ces enfants, coupés de leurs parents, avaient été placés dans cette "colonie d'enfants réfugiés".
Une monitrice, Léa Feldblum, seule rescapée, témoignera de cet épisode tragique au procès de Klaus Barbie en 1987 à Lyon, qui le condamnera
à la perpétuité pour crimes contre l'humanité.
Le Mémorial des enfants juifs exterminés d'Izieu, ou encore "Maison des enfants d'Izieu", est à la fois le lieu de l'arrestation des enfants d'Izieu, le 6 avril 1944, un mémorial dédié à leurs mémoires, et un monument historique.
À la suite du procès de Klaus Barbie, en 1987, se constitue une association, l'association du Musée-mémorial d'Izieu, à l'initiative de Sabine Zlatin, résistante, et Pierre-Marcel Wiltzer alors préfet de région. L'objectif est de se porter acquéreur de la Maison d'Izieu pour ensuite y créer un mémorial à la mémoire des enfants d'Izieu.
François Mitterrand, alors Président de la République française soutiendra activement l'initiative. Il inaugurera d'ailleurs le Mémorial des enfants d'Izieu, le 24 avril 1994 en présence également de Jacques Chirac, alors maire de Paris.
Le 6 avril 2015, François Hollande se rend en visite à la maison des enfants d'Izieu. Ce faisant, le chef de l'Etat était le premier président de la République à se rendre dans ce lieu transformé en musée de la mémoire, depuis la visite, le 24 avril 1994, de son prédécesseur socialiste François Mitterrand qui en avait fait un des "grands projets" de sa présidence.