Le temps ensoleillé ne fait pas les affaires des agriculteurs, qui ont déja bien du mal à écouler leurs produits. Les sols agricoles sont secs. Il n'a pas plu depuis un mois en Isère, selon Météo France. Des conditions météo qui rappellent le printemps 2011, catastrophique pour l'agriculture.
Si la douceur du ciel rend le confinement supportable, elle inquiète les météorologues. Car elle annonce des mois difficiles pour la nature et les agriculteurs, qui n'avaient pas besoin de cela.
La pluie n'est plus tombée depuis un mois, et la sécheresse est désormais sensible. "Le doute n'est plus permis", affirme Serge Taboulot, le directeur du centre météo de Saint-Martin-d'Hères, en Isère. "Nous sommes déjà dans une sécheresse agricole de printemps sur l'ensemble de la région AURA concernant les sols superficiels. Elle est même assez sévère, de l'ordre d'un événement quinquennal, voire décennal. Cette situation rappelle le début du printemps 2011 qui avait été très sec, avec de fortes conséquences pour le secteur agricole."
Une sécheresse qui s'est accentuée cette semaine avec des températures estivales et qui devrait se prolonger. Aucun épisode pluvieux remarquable n'est attendu dans les prochains jours. A peine quelques quelques gouttes localement.
"Il n'a pas plu sur la région depuis le 8-9 mars, soit un mois plein. A cette période de l'année pour les Alpes, c'est énorme, voire inédit", ajoute Serge Taboulot.
Cet assèchement des sols superficiels risque d'avoir un impact important sur les cultures de céréales non irriguées, comme l'orge ou le blé, avec une pousse initiale des semis qui ne se fait pas.
C'est ce que craint Emeric Barbier, agriculteur à Burcin, dans la plaine de la Bièvre. Il possède une cinquantaine de vaches laitières. "On nous annonce une météo sans pluie pendant 10 jours, c'est inquiétant. La pousse d'herbe est freinée et on ne se voit pas planter du maïs dans ces conditions. Ce manque d'eau nous fait craindre un printemps difficile et un été pire encore. Cela fait déjà 3 années qu'on est sur le fil du rasoir, là, c'est encore un stress supplémentaire", dit-il.
Et la situation pourrait être pire encore pour les cultures maraîchères, très sensibles à la hausse des températures. Mais pour l'instant, la situation est gérable grâce à l'irrigation par forage. "C'est une drôle de période, c'est sûr, affirme André Giraud, maraîcher à Gières, dans la plaine grenobloise. Pour l'instant, on a des terrains assez frais en bordure de l'Isère, mais il faut arroser matin et soir, autrement tout sècherait. C'est quand même rare de voir des chaleurs comme aujourd'hui. Et on ne nous annonce pas de pluie pour les 10 jours qui viennent, à peine un ciel voilé...".
Aucune inquiétude en revanche pour les rivières nivales, comme l'Isère ou le Drac, bien alimentées en eau de fonte. La réserve de neige en haute altitude est d'ailleurs importante. Mais les petites rivières de plaine pourraient vite connaître un niveau identique à celui de l'été.