La presse quotidienne juge sévèrement mercredi le silence du cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, quand il a eu connaissance de deux affaires de pédophilie impliquant deux prêtres de son diocèse.
Dans le Progrès d'aujourd'hui, Fabrice Vesseyre-Redon souligne la maladresse de Mgr Barbarin qui a commenté les faits d'une formule malheureuse : "Dans les deux cas, il semble que l'essentiel des faits tombe sous le coup de la prescription "par la grâce de Dieu"...
Pour La Croix, Guillaume Goubert estime qu'"un tel silence se paie très cher". "Surtout pour les victimes condamnées à intérioriser une douleur qui les ronge. L'Église est au service d'une Parole qui libère. Le devoir lui impose de faire davantage de place en son sein à la parole de ceux qui ont été blessés", ajoute-il.
"Mgr Barbarin a juridiquement raison, mais moralement tort", renchérit Patrice Chabanet du Journal de la Haute-Marne à propos de ces "deux affaires de pédophilie" pour lesquelles "il y a prescription". "Mais était-ce une raison pour laisser en place et en fonction deux prêtres pas très catholiques ? Certainement pas", juge Chabanet.
Bruno Dive, de Sud-ouest, l'assure : "c'est entendu, le cardinal Barbarin n'a pas péché par action, (...) Mais il a péché par omission, en laissant en place des prêtres qu'il savait coupables d'actes pédophiles et en évitant de signaler ces faits à la justice".
Car, comme l'écrit Jean-Claude Souléry, dans La Dépêche du Midi, "le péché de pédophilie est surtout un délit selon la justice des hommes, et (...) ne pas le dénoncer constitue tout simplement un autre délit tout autant répréhensible". "Presqu'une complicité", ajoute l'éditorialiste.
Dans L'Union, Sébastien Lacroix souligne que "Mgr Barbarin est surtout resté dans les mémoires comme l'un des adversaires farouches de la loi sur le mariage pour tous". Dès lors, ajoute-t-il avec sévérité : "c'est bien la peine de pousser des cris d'orfraie à l'idée que des enfants puissent vivre entre deux parents de même sexe si c'est pour n'être pas fichue de garantir la protection de ces mêmes enfants des agressions sexuelles dans les tentes de scouts ou les sacristies".
Si "l'archevêque de Lyon a entamé un chemin de croix médiatique", note Raymond Couraud, de L'Alsace, il "bénéficie encore du soutien du Saint-Siège" où "l'embarras est palpable", constate Xavier Brouet dans les colonnes du Républicain Lorrain. "Pour combien de temps ?, interroge-t-il en constatant cependant que "c'est bien un compte à rebours qu'affronte le prélat".
Yann Marec souhaite dans Le Midi Libre, que "l'ensemble de la communauté catholique ouvre les yeux en grand". "Il reste beaucoup à faire, constate à cet égard Philippe Marcacci, de L'Est Républicain, tant pour punir les coupables que pour refuser de céder à la tentation de la discrétion".