Dans les champs, les agriculteurs d'Auvergne sont en pleine moisson du blé. Une moisson en retard, qui peine à s'achever. La pluie complique la récolte et abîme les grains. En revanche, les cours sont élevés.
Interminable. C’est ainsi que Raphaël Jeudy, négociant agricole dans l’Allier, définit cette moisson de blé 2021. « Un année précoce, on termine le 14 juillet. Cette année, on a commencé à cette date. Nous sommes le 4 août et nous n’avons toujours pas terminé la moisson. »
A Brugheas près de Vichy, Nicolas Perret n’a moissonné que 20 hectares, il en possède 60. « Il pleut tous les trois jours. Et le grain doit sécher pour pouvoir être stocké et conservé dans de bonnes conditions. Il faut 16 % d’humidité maximum », explique-t-il. Il espère avoir fini pour le 15 août et encore, ce n’est pas sûr. Pour compliquer un peu plus, la pluie fait pousser les mauvaises herbes. « Ca met du vert dans la paille et les machines peinent pour couper et trier le grain », continue l’agriculteur bourbonnais.
Des rendements corrects
La bonne nouvelle, ce sont les rendements. Ils sont corrects après une année 2020 catastrophique : « Dans l’Allier, on obtient 65 à 75 quintaux l’hectare et dans certaines exploitations, on monte même à 80 quintaux l’hectare », note Raphaël Jeudy, le négociant.
Malheureusement, la pluie est en train d’abîmer la récolte : « La qualité des grains se dégrade », s’inquiète Claude Reynaud. Il est agriculteur à Lizillat dans le Puy-de-Dôme. « Avec les pluies successives, le grain a tendance à germer. En Auvergne, nous produisons des blés de qualité pour la filière boulangère. Il y a un risque que le blé meunier soit déclassé et parte vers l’alimentation animale. » Ce qui aura un impact sur la rémunération des céréaliers. « La perte est d’environ 15 euros la tonne », précise Raphaël Jeudy. « C’est énorme. Pour un agriculteur qui fait 1000 T de collecte, c’est 15.000 euros de manque à gagner. Et pour le blé fourrager, il y a pléthore d’offres en ce moment, donc il est plus difficile à vendre.»
Des cours en hausse
Un manque à gagner qui sera peut-être compensé par les cours du blé, 200 euros la tonne, ils sont haussiers. « C’est un prix record », commente Raphaël Jeudy. « C’est dû à un ensemble climatique à l’échelle mondiale qui fait monter les prix. »
De cette météo pluvieuse, il n’y a que le maïs qui en tire profit. « Il a un beau potentiel car il a l’eau », relate Nicolas Perret, l’agriculteur bourbonnais. « Pour le moment, on peut espérer une bonne récolte mais elle sera en retard par manque de soleil. »