Municipales 2020. Sur les routes de campagne d’Auvergne, avant les élections

En Auvergne, comme en France, les électeurs sont appelés aux urnes les 15 et 22 mars prochains. Nous sommes allés à leur rencontre dans des communes du Puy-de-Dôme, du Cantal, de l’Allier et de la Haute-Loire, pour comprendre leurs attentes et découvrir leurs initiatives pour les territoires.

Du Puy-de-Dôme au Cantal, en passant par la Haute-Loire et l’Allier, les initiatives ne manquent pas dans les communes d’Auvergne pour faire vivre les territoires. Alors que les électeurs sont appelés aux urnes dans quelques jours, nous avons décidé de battre la campagne pour découvrir les attentes des habitants.

Le petit patrimoine rural pour animer un village

Gourgoul est un petit village à 40 kilomètres de Clermont-Ferrand. On y compte 70 habitants répartis dans 2 hameaux blottis au fond de la vallée où coule la Couze de Valbeleix. Les anciens avaient bien compris que pour gagner de la surface cultivable, il fallait aller la chercher sur les pentes. Mais il leur a fallu créer des terrasses, les pailhats. Si on ignore quand ils ont été construits, on sait qu’ils ont été plusieurs fois abandonnés puis repris, jusqu’à la fin du 20ème siècle date à laquelle des habitants du village ont reconstruit ces murs en pierre sèche, des agencements de pierre sans liant.

« J’ai considéré que c’était important de les réhabiliter, de les préserver » dit Mireille Vérrière présidente des Pailhats de Courgoul qui a été maire de 1995 à 2014. "C’est dans les fonctions d’un élu de savoir ce qu’il y a sur sa commune, de s’appuyer sur ce qui existe pour dynamiser sa commune au présent, et pour penser à l’avenir".

"C’était un projet il y a 20 ans qui était très innovant, on parlait déjà de développement durable, de respect de l’environnement, de mise en valeur du patrimoine… ça a eu un écho très positif auprès des habitants" complète Jean-Claude Châtillon membre des Pailhats de Courgoul depuis la première heure. Aujourd’hui, les Pailhats de Courgoul se visitent librement, mais en été les bénévoles accueillent les visiteurs et un animateur vient y présenter ces anciennes pratiques agricoles, la conduite de la vigne et des arbres fruitiers, le travail des apiculteurs. De fil en aiguille l’association s’est installée, la Mairie lui prête un local (en cours de rénovation) et lui a confié la dernière licence 4 de la commune (autorisant la vente de toutes les boissons alcoolisées), voilà comment est né le café associatif, point de rencontre et d’animation.

Quand la vie associative tisse du lien social

Dans le Cantal, Maurs s’étend de part et d’autre de la nationale 122. Quelques kilomètres plus loin on change de région et on arrive en Occitanie. Depuis 2007, l’association la Mazarotte y regroupe des citoyens actifs qui participent à la co-construction des activités proposées. En clair, chacun a la possibilité de compléter les propositions de l’équipe d’animation en exposant une envie, une idée et de la mettre en œuvre, quel que soit son âge ou ses centres d’intérêt.

C’est ainsi que récemment les ados ont été à l’initiative d’un atelier graff. Ils s’exercent actuellement sur des panneaux en bois pour apprivoiser cette technique. Quand ils seront au point, ils se lanceront dans la décoration d’un frigo bibliothèque (ou chacun pourra déposer et emprunter librement des livres). Puis viendra le temps d’une grande fresque sur le mur de la piscine.

Les adultes ont voulu lancer une activité bien dans l’air du temps comme le jardin partagé qui a vu le jour à l’été 2019. Deux des 3 parcelles sont confiées à des familles, la troisième sera cultivée par tous et deviendra un lieu de partage et d’intérêt commun pour tous ceux qui suivront l’évolution des plantations. "L’activité va être un support pour être ensemble, pour partager un moment convivial" explique Emilie Arnaud, coordinatrice des activités à la Mazarotte. "Dans les nouveautés, un atelier couture où des idées et des envies émergent en lien avec le zéro déchet, le développement durable, consommer autrement et régulièrement on propose des animations fabrication de produits naturels où chacun repart avec sa lessive, son déodorant, son dentifrice…".

Le volet culturel, essentiellement fondé sur les arts du cirque et qui a débouché sur un festival annuel en juin a ainsi trouvé des compléments parfois inattendus. La 5ème édition des Circofolies aura lieu les 6 et 7 juin à Guézac 2020 et accueillera Marcus Gad comme invité vedette

Pour son fonctionnement, la Mazarotte est soutenue par la Caisse d’Allocations Familiales via un agrément pour 3 ans comme Espace de Vie Sociale, le Fonds de Développement pour la Vie Associative et les mairies du secteur de la communauté de communes de la Chataigneraie Cantalienne

Une coopérative de producteurs d’énergie citoyenne et renouvelable

L’histoire de Combrailles Durables a débuté il y a 10 ans, lorsque des habitants du village de Loubeyrat dans le Puy-de-Dôme qui compte environ 1350 résidents ont voulu installer une première centrale de production d’électricité solaire sur le toit de l’école. L’endroit s’y prêtait parfaitement, idéalement orienté vers le sud, le bâtiment bénéficie de plusieurs aménagements écologiques en termes de chauffage et d’isolation notamment.

Un exemple pour tous les enfants qui la fréquentent explique Nelly Lafaye, la présidente de la coopérative Combrailles Durables "C’est leur soleil, leur ressource locale qui est valorisée et qu’on transforme en retombées locales pour le territoire". Une coopérative où les parts coûtent 50 euros et où chaque membre ne détient qu’une voix. Chaque année, en assemblée générale ils décident de ne pas percevoir de bénéfice et de les réinvestir dans de nouvelles installations. "On essaye d’être pour quelque chose plutôt que de toujours s’opposer et donc de cette manière-là on pense que plein de petites gouttes d’eau pourraient peut-être permettre à d’autres d’avoir d’autres idées".

Désormais Combrailles Durables gère 22 installations photovoltaïques sur le nord-ouest du Puy-de-Dôme, fournissant l’équivalent de la consommation de 221 familles.

Et à l’heure où les programmes politiques se mettent au vert, on vient solliciter l’expertise de Combrailles Durables pour créer de nouveaux équipements. "On est capable avec nos 22 centrales de montrer que si nous on l’a fait, d’autres sont capables de le faire aussi. Cette idée de se mettre ensemble pour faire des choses positives, c’est quelque chose qui fait plaisir, on sent un élan" conclut Nelly Lafaye.

L’auto-stop pour réinventer la mobilité partagée

Que l’on habite en ville ou à la campagne, les déplacements font partie du quotidien et se sont invités comme un thème fort dans les programmes des candidats. Pour les habitants des territoires ruraux, le passage d’un bus le matin et le soir n’est souvent qu’une solution très incomplète car il faut pouvoir se déplacer à toute heure de la journée et les lignes régulières sont structurées autour des trajets les plus demandés. C’est le constat qui a été fait sur le secteur du Pôle d’Equilibre Territorial et Rural de la Jeune Loire qui regroupe 5 communautés de communes (dont 4 sont membres du dispositif Mobi’Pouce, soit 38 communes et près de 80 000 habitants). Le territoire s'étend sur 43 km du nord au sud. "On a longtemps eu le fantasme du transport collectif. On a mené une étude et on s’est rendu compte que c’était une solution coûteuse pour un service rendu qui n’était pas optimal. Du coup on a décidé de mettre en place une action autour des mobilités alternatives" explique Maud Dazy, chef de projet au Pays de la Jeune Loire. Adhérer à Mobi’Pouce permet de recevoir un kit qui comprend une ardoise effaçable et un brassard pour indiquer sa destination et s’identifier si l’on est un stoppeur, un macaron à apposer sur le pare-brise si on est conducteur, et dans les deux cas une carte des points d’arrêt Mobi’Pouce. Depuis la fin de l’été 2019, plus de 300 personnes se sont inscrites. "On a eu beaucoup d’élus qui nous ont raconté que dans leurs jeunes années, l’auto-stop était quelque chose de très pratiqué et que ça a été perdu au fil des années avec notamment beaucoup de faits divers donc du coup on a voulu ramener de la sécurité pour dire aux personnes : vous pouvez de nouveau avoir confiance, on se connait, on est reconnu. Vous ne prenez pas de risque à refaire de l’auto-stop" poursuit Maud Dazy.

"Pas d’échange d’argent, Mobi’Pouce est fondé sur la gratuité de l’entraide" précise Morgane Fournel, animatrice mobilité. Parmi les financeurs du dispositif Mobi’Pouce, il y a l'AMI France Mobilité en très grande partie, mais aussi des fonds européens via le LEADER et une part restante à la charge des communautés de communes.
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