Europe Écologie-Les Verts, fort d'une probable retentissante victoire à Grenoble, est déjà passé à l'offensive pour une réorientation de la majorité vers "plus de social et plus d'écologie", avec en toile de fond le nombre de ministres écologistes au gouvernement.
Dans un contexte de reflux de la gauche, le second tour apporte une victoire de prestige à EELV: Grenoble, ville de plus de 150.000 habitants où le candidat Éric Piolle, allié au Front de Gauche, remporte la mairie selon une estimation Ipsos-Steria.
Eric Piolle battrait donc le socialiste Jérôme Safar, successeur désigné de Michel Destot qui avait refusé l'alliance cette semaine après avoir été devancé au premier tour. Les Écologistes s'apprêteraient donc à diriger la plus grande ville de leur histoire après Montreuil (100.000 habitants), administrée de 2008 à 2014 par Dominique Voynet. Cette victoire face aux socialistes au moyen d'une alliance avec le Front de Gauche ne manquera pas de relancer le débat interne sur la participation au gouvernement, EELV étant allié par ailleurs au PS dans de nombreuses villes.
Un nouveau rôle au gouvernement
Dès l'annonce des premiers résultats dimanche soir, l'offensive d'EELV a repris. "On a dit à plusieurs reprises à notre partenaire socialiste et au gouvernement dont on est membre --et nous l'assumons-- qu'il y avait des choses qui n'allaient pas. Il faut rediscuter d'un certain nombre de sujets, notamment le Pacte de responsabilité et les 50 milliards d'euros d'économies", a insisté la secrétaire nationale, Emmanuelle Cosse.
La position d'EELV avait percé dès l'entre-deux tours avec une intervention en Conseil des ministres de Cécile Duflot en faveur d'une "inflexion" de la politique gouvernementale, un plaidoyer déjà rodé pour "plus de social et plus d'écologie" distillé dans les médias et un soutien appuyé à Jean-Marc Ayrault, Premier ministre en sursis.
L'enjeu? La loi de transition énergétique, qui sera le véritable révélateur du poids d'EELV. Mais aussi le nombre de ministres EELV au gouvernement, le chef de file des sénateurs écologistes Jean-Vincent Placé plaidant ouvertement pour un troisième représentant aux côtés de Cécile Duflot et Pascal Canfin.
L'appel du pied de Jean-Luc Mélenchon
Mais, victoire de Grenoble oblige, dès les premières estimations connues, EELV a reçu un nouvel appel du pied en sens contraire, de la part de Jean-Luc Mélenchon. Pour le co-président du Parti de Gauche, les écologistes "sont en position centrale, c'est à eux de dire 'stop, ça suffit' parce que si eux font bouger le curseur, alors une autre coalition est possible et on pourra aller vers une politique de gauche." Ces derniers devraient cependant rester réticents à un tel renversement d'alliances à gauche après avoir vu leur stratégie de participation critique plutôt confortée par les électeurs. "Le Parti de Gauche croit qu'on va être leur bouée de secours", ironisait cette semaine un député écologiste.