Le tunnelier "Federica" a creusé les 9 premiers kilomètres du futur tunnel du Mont-Cenis, l'ouvrage principal du Lyon-Turin. Au total, plus de 18% de la section franco-italienne sont réalisés. La nouvelle ligne devrait ouvrir "à l'horizon 2030". Les opposants dénoncent "un gouffre financier".
Plus de 18% des travaux réalisés
La section transfrontalière franco-italienne du Lyon-Turin est à 89% souterraine. De Saint-Jean de Maurienne à Suse. Avec comme ouvrage principal le tunnel du Mont-Cenis.
Ce sera le plus long tunnel ferroviaire au monde, avec deux tubes de 57,5 kilomètres (45 en France, 12 et demi en Italie), plus les galeries de liaison.
Ce tunnel "de plaine" permettra de réduire la consommation d'énergie de 40%. Les trains rouleront sur un tracé moins pentu et moins sinueux qu'actuellement.
L'ensemble des travaux d'excavation s'étale sur 164 kilomètres au total. Plus de 18% du chantier a été réalisé, soit 29 kilomètres sur 164.
La première section du tunnel est creusée
Côté français, à Saint-Martin de la Porte en Savoie, le tunnelier Federica a percé les 9 premiers kilomètres de galerie "de reconnaissance". Creusée dans l'axe et au diamètre du futur ouvrage, c'est la première section du "tunnel de base final".
Ce chantier représente un coût de 391 millions d’euros et celui-ci est financé à 50% par l’Union européenne, à 25% par la France et à 25% par l’Italie.
Vidéo : Daniel Despin/France 3 Alpes
Le tunnelier Federica, chargé de réaliser cette galerie, a été conçu afin de faire face aux contraintes géologiques particulières de la zone.
Construit en France, dans les usines de NFM Technologies du Creusot (Saône-et-Loire), il est équipé d’une tête de coupe d’un diamètre de 11,26 mètres et de 76 molettes, avec une puissance développée de 5 mégawatts, soit l’équivalent de huit moteurs de F1.
Sa progression moyenne est de 10 centimètres par minute.
Un budget total de 8,6 milliards d'euros
La section transfrontalière du Lyon-Turin coûtera 8,6 milliards d'euros. Financé à 40% par l'Union Européenne, 35% par l'Italie, 25% par la France.
En juillet 2019, environ 2,5 millards avaient déjà été engagés.
Mise en service en 2030 ?
La nouvelle ligne ferroviaire (frêt et passagers) Lyon-Turin devrait ouvrir "à l'horizon 2030". Elle parcourt 270 kilomètres au total.
Ce sera "le maillon central du corridor européen" qui reliera 18% de la population européenne, d'Algésiras (près de Gibraltar) à Budapest en Hongrie.
Côté frêt, cette nouvelle liaison ferroviaire a pour objectif de retirer de la route environ un million de poids-lourds par an.
Un gouffre financier ?
Pour les opposants au Lyon-Turin, le chantier est "un gouffre financier". La Coordination des Opposants au projet dénonce : un coût 10 fois plus cher qu'annoncé (1 milliard et demi d'études et reconnaissances contre 371 millions annoncés), 20 ans de décisions politiques contraires aux recommandations des hautes administrations, un retard de plusieurs dizaines d'années (mise en service prévue en 2012), de fausses prévisions sur la progression du trafic de marchandises.
Quel impact environnemental ?
En avril 2019, de nombreuses associations de défense de l'environnement (FRAPNA, CIPRA, Amis de la Terre, Attac, Confédération Paysanne, Changeons d'Ere, Mountain Wilderness) ont écrit à la Ministre des Transports et aux candidats à l'élection européenne.
Ils affirment leurs "oppositions à un projet qui détruit des terres agricoles, qui met en péril les ressources hydrologiques en drainant les sols ou en tarissant sources et réserves souterraines, qui assèchent les ressources financières nécessaires aux transports du quotidien notamment par les doublements de voies ferrées dans la région Auvergne Rhône Alpes".