Autrefois, il y avait la pastille verte. Bientôt, des pastilles de différentes couleurs vont prendre place sur les pare-brises. C'est ce qu'a annoncé, ce mardi 2 juin, la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal. A Grenoble, la municipalité Verte est prête à tester.
Les voitures classées selon leur niveau de pollution et leur ancienneté
Les voitures seront classées selon leur niveau de pollution et leur ancienneté, de 1 à 6. Une vignette spécifique sera destinée aux véhicules électriques.Si votre voiture est bien classée, vous pourrez circuler plus facilement avec plusieurs avantages: un tarif de stationnement préférentiel et parfois même le droit d'emprunter des couloirs de bus. À l'inverse, plus votre véhicule sera jugé polluant, plus il vous sera difficile de rouler, notamment dans les coeurs de ville. Les voitures immatriculées avant 1996 seront les plus pénalisées.
Les différentes couleurs
Ce dispositif anti-pollution serait mis en place en septembre dans les grandes villes qui accepteraient de jouer le jeu. Grenoble s'est déjà déclarée intéressée pour tester.
Grenoble dit "Banco!"
Maire écologiste d'une des villes les plus polluées de France, Eric Piolle ne pouvait pas laisser passer l'occasion de faire de Grenoble un exemple. La ville enregistre chaque année une moyenne de 54 jours de pic de pollution.Sur Twitter
Ville parmi les plus polluées de France, #Grenoble dit BANCO aux nouveaux outils pour une ville respirable @RoyalSegolene
— Eric Piolle (@EricPiolle) 2 Juin 2015
Le 9 juin prochain, une réunion est déjà prévue avec la préfecture de l'Isère et la Métro pour discuter des différentes dispositions à mettre en place selon la couleur des vignettes.
On parle beaucoup d'autoriser les voitures les moins polluantes à circuler sur les couloirs de bus, mais à Grenoble ces couloirs sont déjà saturés. Il va falloir jouer sur autre chose.
Pour les cyclistes grenoblois, dont le nombre aurait augmenté de 25% en un an, l'annonce de Ségolène Royal est plutôt bien accueillie. Les automobilistes, eux, sont plutôt partagés.
Reportage Christian Deville et Jean-Christophe Solari
Intervenant : Eric Piolle, maire EELV Grenoble
Pastille "qualité de l'air" pour les véhicules, mode d'emploi
Le "certificat qualité de l'air", pastille de couleur qui permettra d'identifier les véhicules selon leurs émissions polluantes, concernera aussi les deux-roues et les poids lourds. Le dispositif prévoit quelques dérogations. Cette vignette pourra être obtenue sur demande, par courrier ou internet, auprès du système d'immatriculation des véhicules (SIV). Le certificat sera gratuit durant les six premiers mois de mise en place, puis facturé environ cinq euros, coût de fabrication et d'envoi.Pour limiter les fraudes, il comportera un "flashcode" avec une signature numérique, précise le ministère de l'Ecologie. Les véhicules seront classées de 1 à 6, des moins aux plus polluants (émissions d'oxydes d'azote, particules).
Au départ, le ministère de l'Intérieur avait imaginé une vignette verte, avec toute une palette de dégradés selon le niveau de pollution des véhicules. Pour plus de lisibilité, elles seront finalement de couleurs différentes. Par exemple, vert pour la catégorie 1 (normes Euro 5 et 6 pour les véhicules à essence à partir du 1er janvier 2011). Ou gris en catégorie 6 (véhicules diesel ou essence immatriculés pour la première fois avant fin décembre 1996). Certains véhicules d'intervention et d'urgence pourront bénéficier d'une dérogation.
Les véhicules électriques seront "hors concours", en bleu, autorisés à circuler dans les meilleures conditions.
Pour Ségolène Royal, il n'était pas question de classer les nouveaux modèles diesel en 1 (vert), en dépit des affirmations des constructeurs sur la qualité de leurs derniers-nés. "Il y a un signal à donner pour préparer l'après-diesel. Les Français n'auraient plus rien compris", dit-elle.
Pour les deux-roues, véhicules utilitaires légers, poids lourds et autocars, le principe de la pastille est le même, avec une classification différente selon les normes Euro.
En France, une "pastille verte" avait déjà été mise en place en 1998 par le gouvernement Jospin, attribuée aux véhicules les moins polluants, ainsi autorisés à circuler les jours de forte pollution. Le dispositif avait été abandonné cinq ans plus tard faute d'efficacité.
L'identification des véhicules en fonction de leurs émissions de polluants est prévue par un article du Code de la route. Ainsi, l'automobiliste peut, selon son certificat et les règles prises par les maires, circuler dans les zones de circulation restreinte, bénéficier de modalités de stationnement ou de circulation favorables.
Dans les quelque 200 villes européennes où des périmètres d'accès restreint existent déjà, le mode d'identification des voitures varie, de la vignette en Allemagne à la plus sophistiquée et plus coûteuse reconnaissance des plaques par caméras en Grande-Bretagne.
Qu'il s'agisse de vidéo-surveillance ou de contrôle visuel par la police, le respect de ces zones "repose en grande partie sur les moyens de surveillance déployés", souligne l'Agence de la maîtrise de l'énergie (Ademe), dans une étude sur les zones à faibles émissions en Europe, qui confirme leur efficacité dans la lutte contre la pollution de l'air.