L'une des victimes présumées du prêtre Louis Ribes a accepté de témoigner dans le 19/20 de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes ce lundi 17 janvier. 28 après la mort du prêtre, il dit attendre "réparation" et ne plus vouloir "voir les œuvres" de celui que l'on surnomme le "Picasso des églises".
" Les agressions ont commencé très jeune, j'avais 8 ans. J'ai eu aussi d'autres contacts avec des victimes. Elles avaient 4 ans, 5 ans, 6 ans", explique calmement Luc en direct dans le 19/20 de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes ce lundi 17 janvier. "C'était toute une technique de manipulation, c'est incroyable de voir comment les choses étaient faites mais je me pose surtout une question : pourquoi les victimes n'ont pas parlé, moi le premier. Les faits remontent à une quarantaine d'années, voire 50 ans même".
Cet homme, aujourd'hui grand-père, a accepté de livrer son témoignage sur les agressions qu'il a subies, enfant, de Louis Ribes, prêtre décédé en 1994. Un témoignage qui fait suite à l'annonce des diocèses de Lyon, Saint-Etienne et Grenoble du recensement d'une série d'agressions sexuelles sur mineurs commises dans les années 70-80 par ce prêtre connu pour ses fresques dans des églises de la région et surnommé "le Picasso des églises".
La commission Sauvé, un détonateur ?
Luc nous a autorisé à diffuser la photo qui illustre ce papier et qui le montre, enfant, avec le prêtre. Une "preuve" selon lui de ce qui a existé. Interrogé sur le fait de savoir si la commission Sauvé sur les crimes sexuels au sein de l’Eglise avait été un détonateur, voici ce qu'il répond : "Je pense que ça a été un détonateur mais c'est aussi le fait d'être grand-père, que ma fille me pose des questions sur ce qui s'est passé. Je pense que la commission a fait beaucoup de travail mais j'ai la chance aussi d'avoir le soutien de la part de mes enfants et de ma femme. Je pense que beaucoup de victimes n'ont pas parlé parce qu'elles se sentent complètement seules dans cette souffrance".
"Les enfants posaient nus pour ce prêtre"
Ce que souhaite aujourd'hui Luc, c'est une réparation mais aussi que "toutes les œuvres ne soient plus visibles par aucune victime". Des oeuvres, comme le reflet de la souffrance immense de ces victimes. "Moi j'aurais aimé qu'elles soient détruites, mais bien entendu ce n'est pas possible. Vous imaginez, quand une victime revoit ces tableaux ou ces vitraux et sait comment ils ont été faits puisque les enfants posaient nus pour ce prêtre, il les dessinait, il n'avait pas besoin que ces enfants soient nus parce qu'un artiste est capable de dessiner sans modèle", explique-t-il.
Et d'ajouter : "Il demandait à certains enfants de faire la sieste à côté de lui avant de les dessiner. Alors que se passait-il pendant ces siestes ? On imagine bien ce qui se passait".
Des cellules d'écoute mises en place pour les victimes
- Pour le diocèse de Lyon : 04 78 81 48 45 ou signalement@lyon.catholique.fr
- Pour le diocèse de Saint-Etienne : 04 77 59 30 66 ou accueil.victimes@diocèse-saintetienne.fr
- Pour le diocèse de Grenoble Vienne : 07 68 77 29 60 ou cellule.ecoute@diocese-grenoble-vienne.fr