25 ans de réclusion criminelle : c'est la peine requise ce vendredi 18 avril au matin, à l'encontre de Manuela Gonzalez, qui comparaît devant les Assises de l'Isère. Cette femme de 53 ans surnommée "la veuve noire", en raison d'un passé sentimental troublant, est accusée du meurtre de son mari.
"J'en appelle à votre raison et à votre intime conviction, il y a des éléments lourds, précis et concordants qui me permettent de vous demander d'entrer en voie de condamnation", a lancé l'avocat général, Pierre-Marie Cuny, à l'issue d'un réquisitoire de près de deux heures. "Je suis intimement convaincu que Mme Gonzalez, après avoir échoué une première fois, a tout mis en oeuvre pour tuer Daniel Cano", a-t-il martelé, ajoutant: "il y a contre elle, si ce n'est des preuves évidentes, un faisceau d'éléments, un enchaînement de faits, de constatations, qui me permettent de vous demander une décision de culpabilité".
Le corps de ce chaudronnier de 58 ans, avait été retrouvé le 31 octobre 2008 à l'arrière de son véhicule incendié, non loin de sa maison de Villard-Bonnot (Isère) dans la vallée du Grésivaudan. Rapidement, l'enquête avait conclu à un incendie volontaire et les analyses toxicologiques avaient révélé la présence de trois somnifères différents dans le sang de la victime. Avant lui, quatre autres compagnons de l'accusée depuis les années 1980 avaient subi des intoxications, dont deux avaient péri de mort violente.
Durant les cinq jours de procès, l'accusée n'a cessé de clamer son innocence. Tout comme ses proches venus témoigner en sa faveur, à l'exception de son beau-fils, Nicolas Cano. Très ému, ce trentenaire a détaillé jeudi à la barre les "doutes" qui l'ont conduit dès 2009 à penser sa belle-mère coupable.
Le noir vous va très bien"
"On est en présence d'une personne qui a prémédité au fil des mois la descente aux enfers de Daniel Cano en se rendant compte de l'impasse dans laquelle elle se trouvait", a asséné l'avocat général évoquant les nombreuses dettes de cette ancienne monitrice d'auto-école.
Avant et après la mort de son mari, l'accusée qui fréquentait les casinos et avait contracté un emprunt sans lui dire, avait détourné sur ses propres comptes plusieurs dizaines de milliers d'euros lui appartenant.
Déroulant la chronologie des faits, l'avocat général a souligné "des enchaînements troublants" et une "élaboration aboutie", en dénonçant les "explications farfelues" de l'accusée, ses "mensonges" et ceux de "sa famille". "A l'évidence, on est en présence d'une solidarité très étroite, qui s'illustre à l'occasion de magouilles", a-t-il ironisé à propos des témoignages de sa fille et de sa soeur. L'accusée "a agi de façon déterminée et de façon péremptoire", a-t-il assuré, avant de lui lancer, en la regardant droit dans les yeux: "C'est vrai Mme Gonzalez, le noir vous va très bien".
Extrait du 12/13 - vendredi 18 avril
"Daniel Cano n'a jamais quitté son domicile, le 30 octobre au soir, car il était à l'arrière de la voiture assommé par les médicaments", a affirmé le magistrat, expliquant comment l'accusée qui avait "décidé de passer à l'acte à cette occasion, avec une perspective de réussite", avait conduit le véhicule sur "ce chemin de terre, derrière la butte". Quant à l'incendie survenu un mois avant le drame dans la chambre conjugale, qui avait déjà failli coûter la vie à Daniel Cano, le magistrat a assuré qu'il "ne s'agissait pas d'un élément fortuit: Manuela Gonzalez avait résolu d'appliquer aux grands maux les grands remèdes", a-t-il conclu.
Le verdict est attendu dans la soirée après la plaidoirie de la défense.