Ce samedi 15 mars, les transports en commun sont encore gratuits à Grenoble. Pour autant, les habitudes des usagers de la route n'ont pas l'air de changer.
L'épisode de pollution aux particules, commencé mardi avec le franchissement du seuil d'information, est resté marqué vendredi avec environ 60 microgrammes de particules par m3 d'air, selon Air Rhône-Alpes.
"J'ai du mal à respirer, je prends de la ventoline ça fait 3 ou 4 jours, j'arrive pas bien à marcher. Je trouve qu'on tousse beaucoup", confie Cécile Roth, 57 ans, infirmière, en attendant le tramway dans le centre-ville.
Sur la quinzaine de Grenoblois interrogés, des "piétons" et des automobilistes, aucun n'avait modifié ses habitudes du fait de la gratuité, soit parce qu'ils étaient déjà usagers du bus, du vélo ou du tramway, soit parce qu'ils estiment ne pas pouvoir se passer de leur véhicule individuel.
"En moto j'ai fait le trajet et les rendez-vous en 2 heures alors qu'en transport en commun, ça me prendrait une demi journée", affirme ainsi Grégory Tortosa 36 ans, lunettes de soleil et casque, tout en plaidant pour le "tout électrique". "Je ressens la pollution mais c'est la société française qui veut ça... il y a un lobbying du diesel, on est obligé d'utiliser le diesel", juge-t-il.
Un enjeu de campagne
A Grenoble, la pollution est devenue un enjeu dans la campagne des Municipales. La gratuité des transports en commun en amont des pics de pollution est réclamée par les écologistes qui défient la majorité municipale socialiste. "A Grenoble, on a reculé ces dernières années dans la protection de l'atmosphère", estime ainsi Éric Piolle, tête de liste EELV, en affirmant avoir "gagné une bataille culturelle" avec la gratuité décidée vendredi.
La ministre du Logement Cécile Duflot, venue lui apporter son soutien, a elle aussi plaidé en faveur de la gratuité des transports "de manière quasiment automatique" et pour des "mesures de restriction de la circulation".
La décision ne fait pourtant pas l'unanimité: "C'est une mesure symbolique qui ne change pas grand chose, il faut agir sur le long terme", critique Nathalie Teppe, présidente de l'Association pour le Développement des Transports en Commun (ADTC).
Elle est en outre coûteuse et pourrait représenter un manque à gagner de l'ordre de 300.000 euros pour le syndicat mixte des transports en commun (SMTC), selon son président (PS) Yannik Ollivier. "Cette mesure est symbolique. J'attends de vérifier qu'elle a été efficace et pour ça, je n'ai que des paramètres au "pifomètre" qui sont sujets à caution", explique-t-il.
En 2013, la cité alpine a connu 45 jours de dépassement des seuils de pollution (information ou alerte), derrière Lyon (57 jours) et la vallée de l'Arve (55 jours) en Haute-Savoie.