Jeudi 30 mars, Emmanuel Macron a dévoilé les grandes lignes de son « plan eau ». Parmi les annonces, un dispositif de lutte contre les fuites d’eau dans 170 villes. Découvrez grâce à notre carte la liste des communes en Auvergne où les taux de fuites sont supérieurs à 50 %.
En déplacement à Savines-le-Lac, jeudi 30 mars, Emmanuel Macron a présenté une cinquantaine de mesures pour améliorer la gestion de l’eau. Dès 2024, le gouvernement veut mobiliser 180 millions d’euros par an pour résorber « en urgence » les fuites d’eau en France dans les points les plus sensibles. En France, « un litre d’eau sur cinq est perdu en raison des fuites, c’est inacceptable », a déclaré le président de la République, précisant que dans certaines zones cela atteint même un litre sur deux. « C’est une situation aberrante qu’on doit corriger en urgence », a indiqué le président, estimant que cela est « le fruit d’un sous-investissement historique ». Il a évoqué des « points noirs » où les taux de fuite sont supérieurs à 50%. En France, cela concerne 170 communes. Franceinfo a obtenu auprès de l’Elysée la liste de ces 170 communes. Découvrez grâce à la carte ci-dessous les communes concernées en Auvergne.
Sept communes identifiées en Auvergne
Sur ces territoires, le gouvernement prévoit d'accompagner financièrement les travaux d'identification et de résorption des fuites. L'objectif est de "faire le maximum avant l'été et accélérer les travaux", a promis Emmanuel Macron. Sept communes sont concernées en Auvergne par cet accompagnement :
Puy-de-Dôme :
-Briffons
-Condat-lès-Montboissier
-Sainte-Agathe
-Viverols
Cantal :
-Brezons
-Murat
-Neuvéglise
Pascale Souchal, maire (SE) de Briffons, a été surprise par cette annonce qui concerne sa commune : « Je n’étais pas au courant. J’ai appris cette information par la presse ». Elle se réjouit d’un tel dispositif : « C’est une très bonne nouvelle. On a présenté un dossier de travaux pour lutter contre les fuites d’eau. Il s’agit d’un renouvellement de canalisations de 400 mètres de long, pour changer des conduites d’eau potable et pour améliorer notre réseau. On a eu des problèmes de turbidité de l’eau. C’est aussi pour résorber les nombreuses fuites ». L’élue évoque les problèmes de fuites d’eau dans sa commune de 279 habitants : « Durant l’été 2022, on a eu pas mal de soucis. Il a fallu faire intervenir des entreprises spécialisées pour détecter les fuites. Par rapport à ces problèmes, on a décidé de faire un programme de travaux pour un montant de 75 000 euros ».
Un réseau vétuste à Briffons (Puy-de-Dôme)
Pour elle, les travaux sont plus que nécessaires : « Le réseau est vétuste. Les canalisations sont anciennes et datent des années 60-70. On a rencontré des gros problèmes de fuite d’eau. On doit changer des vannes, changer des canalisations ». C’est lors de l’été dernier que les problème sont apparus : « On s’en est rendu compte car au robinet, les usagers ont eu des ruptures d’approvisionnement. On a eu une baisse au niveau du château d’eau. Maintenant, on surveille la production et la consommation régulièrement. L’été dernier, il y a eu des petites coupures sur certains secteurs, mais pendant seulement quelques heures. Cela n’a pas duré ». Pascale Souchal espère que les travaux pourront rapidement débuter : « On a soumis un dossier de subventions au Conseil départemental. On a aussi sollicité l’Agence de l’eau mais elle ne prend pas en charge ce genre de travaux. On devrait commencer les travaux au mois de juillet. Ces fuites d’eau sont une problématique majeure pour la commune. On ne peut renouveler le réseau que par tranches car cela représente un investissement important. Il faudrait continuer à faire ces travaux sur l’ensemble de la commune ». La maire attend d’en savoir plus sur les modalités de cette aide de l’Etat : « Un maire est toujours en train de rechercher des financements. Mais je ne sais pas encore à quel titre on va nous aider. Je suis encore très prudente ».
Une campagne de recherche des fuites à Murat (Cantal)
A Murat, dans le Cantal, la municipalité lutte aussi contre les fuites d’eau. Gilles Chabrier, maire (Divers droite) de la commune, se satisfait d’être aidé par l’Etat : « C’est une nouvelle qui contribue à accélérer des dispositifs que l’on met en place depuis quelques temps. Ce n’est pas nouveau pour nous. On a travaillé sur notre réseau bien avant 2021 et on a lancé une grosse campagne de recherche de fuites en 2022. On obtient de très bons résultats car on répare régulièrement des fuites conséquentes. On a aussi travaillé sur la réfection de nos rues, en créant un deuxième réseau d’eau pour capter les eaux de source ». L’élu explique d’où viennent ces fuites à Murat : « Dans nos communes, nos réseaux sont vieillissants. Chaque année, on répare des fuites, des morceaux de réseau. Pour l’instant, on n’a pas une efficacité suffisante donc on essaie d’accélérer notre politique de remise en état du réseau. Je n’ai pas le chiffre exact des pertes mais on peut l’analyser. Il y a un nombre de mètres cubes qui arrivent et un nombre de mètres cubes facturés : la différence permet de mesurer les pertes ». Le maire rappelle que la lutte contre les fuites d’eau est un travail de longue haleine : « Le principe est de travailler une rue par an. Je suis élu depuis 2014. On tient ce rythme-là depuis cette date, pour les réseaux secs et les réseaux humides. On fait minimum 300 000 euros de travaux par an ».
Une sécheresse hivernale
Par ailleurs, l’Auvergne a elle aussi été frappée par la sécheresse cet hiver. Dans le Puy-de-Dôme, après une sécheresse exceptionnelle au cours de l’été 2022, les conditions d’étiage hivernal n’ont pas permis la recharge en eau à hauteur des années passées. À ce stade, les cours d’eau sont globalement soutenus par les pluies. En revanche, la recharge des nappes souterraines et des barrages restent faibles en cette période de l’année.
Grâce à la carte ci-dessous, vous pouvez voir le niveau des nappes phréatiques en Auvergne-Rhône-Alpes en mars 2023, comparé à la moyenne des cinq dernières années.
Le préfet du Puy-de-Dôme a ainsi appelé tous les usagers de l’eau à prendre toute disposition pour avoir un usage de l’eau raisonné.