Près de 500 bikers ont défilé samedi 2 octobre dans les rues de Clermont-Ferrand pour demander l’annulation du contrôle technique pour les deux roues, une mesure pourtant suspendue en août dernier par le Président de la République.
C’est une mesure dont ils ne veulent pas, le contrôle technique des deux roues comme le prévoit une directive européenne de 2014 pour une application à partir du 1er janvier 2022. Un sujet hautement polémique, le 11 août dernier le Président de la République Emmanuel Macron avait suspendu le décret pris la veille par son ministre des transports. Une suspension, "jusqu’à nouvel ordre" qui ne satisfait pas les quelques 500 motards qui ont défilé samedi 2 octobre dans les rues de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
"Pour moi, c’est encore pour nous prendre du fric et ça sera fait par des techniciens motos ? Je n’en suis pas sûre" dit une manifestante devant la préfecture du Puy-de-Dôme. "On n’a pas besoin d’une entreprise qui vérifie nos motos, on le fait nous-même. Que l’Etat vérifie ses routes qui sont complétement pourries en France. Il y a plus d’accidents du fait des routes que des motards" dit un autre.
Si le gouvernement veut imposer le contrôle technique, c’est parce qu’une directive européenne l’impose, pour plus de sécurité, de respect du niveau sonore des engins et de l’environnement. Dans le cortège de nombreux bikers, aux motos modifiées et personnalisées, adeptes du custom réfutent ces arguments. "Ce qui nous pose problème dans le contrôle technique, c’est principalement le fait d’un contrôle. On sait bien ce qui s’est passé avec les voitures : au début ils ne regardaient que les éléments de sécurité, ensuite c’est passé à ce qui est des modifications esthétiques. Depuis que la custom culture existe on modifie nos motos, elles nous ressemblent. L’esprit custom, c’est aussi une fraternité, une entraide" dit un troisième.
L’annulation, pas la suspension
Si la réaction du Président de la République a été aussi rapide, c’est que l’idée même du contrôle technique soulève l’opposition de ces motards qui craignent que des motos modifiées soient systématiquement refusées. Pour Matthieu Picot, délégué départemental de l’Allier des bikers de France : "On a eu une suspension mais pas une annulation. Ce qu’on demande, c’est une abrogation de la loi sur le contrôle technique. Nous en tant que motards, on le dénonce parce qu’on n’en veut pas ; mais au niveau bikers et custom, il y a des artisans qui travaillent pour modifier les motos, qui vivent de ça. S’il y a un contrôle technique, ils pourront mettre la clé sous la porte". Et il poursuit en portant le débat sur le terrain du calendrier politique et électoral : "Une suspension juste avant une élection présidentielle, c’est peut-être aussi un plan pour récupérer quelques voix. La suspension, ça peut être remis sur la table, donc ils peuvent peut-être nous le ressortir. Ça fait des années, on s’est toujours battus, jusque-là on est arrivés à le faire repousser, le mieux ça serait l’annulation".