A Clermont-Ferrand, elle est experte en bière : « Les Auvergnats adorent la bière »

Avec 3 bars et 3 caves à Clermont-Ferrand et dans le Puy-de-Dôme, elle impose son style : Maryse Picard est experte en bière depuis plus de 10 ans. Entre concours et dégustations, elle nous dit tout sur son métier.

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Elle rentre du World Beer Cup, le plus grand concours de bières au monde qui a eu lieu aux Etats-Unis : à Clermont-Ferrand, Maryse Picard est reconnue internationalement comme une experte en bières. Cette Canadienne, arrivée en France en 2007, travaille avec son époux, qui officie dans 3 bars et 3 caves à Clermont-Ferrand et dans tout le Puy-de-Dôme. Portrait de cette experte hors du commun.

Comment êtes-vous devenue experte en bière ?

Maryse Picard : « Mon parcours dans la bière a commencé en 2007. Quand j’ai emménagé en France, une cave à bières s’ouvrait en-dessous de notre appartement. On est devenus amis avec les patrons. Au fur et à mesure, il m’a demandé de l’aide pour placer les bouteilles en rayon. Je me suis dit que tant qu’à faire de vendre de la bière, je pouvais me professionnaliser et en apprendre davantage. J’ai commencé à bouquiner, à faire des formations, à rencontrer des gens bienveillants… Je me suis formée petit à petit à la dégustation et à la vente de la bière. On devient expert de la bière en dégustant souvent, en goûtant les produits, en ayant des personnes de référence autour de nous pour nous expliquer, nous raconter ce qu’on goûte, ce qu’il y a dans la bière, comment c’est fait… Quoi de mieux qu’un brasseur pour nous dire comment il a fait sa bière et ce qu’il a voulu faire ? Tous les autres professionnels, les zythologues, nous aiguillent sur les bons termes à utiliser et sur tout le système organoleptique utilisé pour déguster une bière. Il faut affiner. C’est comme ça qu’on est attentif  ce qu’on goûte. Dans toute une vie, nos rapports à la cuisine, à nos souvenirs, aident à parler d’une bière. »

Comment reconnaître une bonne bière ?

Maryse Picard : « On reconnaît d’abord une bonne bière à son aspect. Moi j’aime bien les bières avec une belle mousse, une belle couleur, quelque chose qui va faire envie. Evidemment, après on parle des odeurs, j’aime bien quelque chose d’assez gourmand mais ça dépend des styles de bières. Toutes vont avoir leur petit plus. On la reconnait à son équilibre surtout au niveau du goût. »

La cave compte plus de 500 références. © S.Barlot/FTV

Comment choisir sa bière ?

Maryse Picard : « Ce n’est pas évident. Chaque ambiance, chaque évènement peut demander à boire une bière ou l’autre. Une journée ensoleillée, je vais boire une bière avec des amis en terrasse : ce sera plutôt des bières légères, quelque chose d’un peu pétillant, facile à boire, qui ne va pas enivrer tout de suite. Si on veut faire une association avec des fromages, ça va demander d’autres types de bière. Ça dépend aussi des personnes, de leurs goûts, si elles veulent découvrir ou pas. Si elles ne savent pas, on leur fait découvrir. Si elles sont curieuses, on leur fait découvrir des styles qu’elles n’ont jamais osé déguster. »

Comment êtes-vous arrivée à être juré dans des concours ?

Maryse Picard : « Mon entrée dans le monde des concours s’est fait en 2014, j’ai eu l’honneur d’être invitée au Brussels Beer Challenge, un concours international qui a lieu en Belgique dans une ville différente tous les ans. Mon mentor m’a proposé d’y participer et j’ai fait toutes les sessions depuis. Ça m’a amenée à d’autres concours comme celui de Lyon ou du Brésil. Le France Beer Challenge évidemment aussi, où il n’y a que des bières françaises. »

Quelle a été votre expérience au World Beer Cup ?

Maryse Picard : « J’ai été invitée pour la première fois au World Beer Cup, le plus gros concours de bière du monde, avec 11 000 échantillons à goûter. Ça se passait à Minneapolis dans le Minnesota. Quelque 11 000 échantillons, ça paraît beaucoup mais le concours est très bien organisé. On goûte différents styles de bière, on se les partage. On ne goûte pas pendant des heures le même style de bière. Les échantillons sont accordés par couleur, par style, force en alcool, couleur, goût… C’est un concours qui est très bien fait. On goûte une soixantaine de bières par jour pendant 3 jours. »

L’Auvergne est-elle une terre de bière ?

Maryse Picard : « En Auvergne, on est autour des 70 brasseries dans les 4 départements. Les Auvergnats adorent la bière. Le niveau est assez bon, chacun a son style, mais on, retrouve vraiment la personnalité des brasseurs. Certaines bières sont faîtes avec des ingrédients made-in-Auvergne, des plantes ou des céréales cueillies par les brasseurs. Une brasserie avec un ancrage régional important, avec des épices ou des céréales de la région, on a la brasserie Gaïa à Picherande qui utilise de la racine de gentiane ou on a la brasserie La Damoiselle qui utilise des céréales de leurs terres et qui est maltée aussi en Auvergne. Dans un style plus moderne on a la brasserie Grizzly qui propose des IPA (India Pale Ale) et du format canette. »

Vous avez dégusté des bières du monde entier, certaines vous ont-elles marquée ?

Maryse Picard : « Quand je suis allée au Brésil, j’ai eu la chance de goûter des bières vieillies en bois, dans des fûts de bois typiquement brésiliens. C’est là que j’ai découvert l’Amburana, un bois brésilien. Une bière vieillie dans ce genre de fut fait découvrir des goûts que je n’avais jamais connus auparavant. On a ce côté un peu vanillé, un peu caramel aussi. Ce que j’ai appris au fil des années en découvrant les bières belges, c’est que chaque brasserie a sa légende. Une qui est assez rigolote, c’est celle de la bière La Corne. Un village aurait été décimé par des assaillants et le brasseur, juste avant que son tour arrive et qu’il soit pendu dans la forêt, aurait caché son livre de recette sous un caillou avant qu’il ne soit retrouvé plusieurs années plus tard. Ils ont rebaptisé la bière La Corne du bois des pendus. »

Vous vendez quelque 500 références, quelles sont les bières les plus prisées dans vos caves ?

Maryse Picard : « Les bières qui ont le plus de succès sont les dérivés d’IPA. Ce sont des bières où les houblons sont mis en avant. Il existe 450 houblons à peu près. Il y a des houblons qui rappellent des fruits exotiques, des agrumes, avec un côté épicé, un côté très résineux. Il y a une amertume, certes mais beaucoup d’arômes fruités. C’est ce qui se vend le plus. »

Parlez-nous de la Maryse.

Maryse Picard : « J’ai eu l’idée pour mes 40 ans de brasser une bière avec une amie au Québec qui travaillait au Brasseur du temps. Je voulais une bière acidulée, quelque chose de bien québécois. Moi j’adore la rhubarbe, donc on a mis de la rhubarbe mais aussi de la canneberge. On l’a appelé la Maryse avec ma photo dessus. Elle s’est retrouvée chez les détaillants au Québec un peu partout pendant quelques mois. On l’a mis en pression aussi dans les bars de la région quand je suis retournée en France. »

Membre de l’association 100% Festibière, elle organise prochainement 4ème édition du Festibière sur le site de l’Empire du Malt au Brezet les 20 et 21 mai, avec 22 exposants.

*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

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