Agriculteurs en colère : la mobilisation ne faiblit pas à Clermont-Ferrand

La mobilisation des agriculteurs en colère ne s’essouffle pas à Clermont-Ferrand ce vendredi 26 janvier. Pour la 3e journée de mobilisation, les agriculteurs sont venus toujours plus nombreux bloquer l’autoroute A71, pour porter leurs revendications. Le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé une série de mesures.

Déterminés, les agriculteurs en colère du Puy-de-Dôme poursuivent la mobilisation à Clermont-Ferrand vendredi 26 janvier. Ils bloquent l’autoroute A71 au niveau du Brézet, pour maintenir la pression et faire plier le gouvernement.

Dans un discours, adressé aux agriculteurs, Gabriel Attal a annoncé une série de mesures, dont certaines à effet immédiat. L'une des principales est l'annulation de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR) agricole, qui devait augmenter progressivement jusqu'en 2030. "Dans les prochains jours", le gouvernement va "sanctionner très lourdement" 3 entreprises qui ne respectent pas ces lois. Il a promis un renforcement des contrôles et une "pression maximale" sur les négociations en cours entre les acteurs. Le chef du gouvernement promet par ailleurs un "choc de simplification" administrative avec "dix mesures de simplification immédiates". Il a cité notamment "les délais de recours contre les projets agricoles". Le Premier ministre a par ailleurs annoncé un effort pour la rapidité des aides d'urgences, notamment s'agissant de la maladie hémorragique épizootique (MHE) pour laquelle le remboursement par l'État des soins vétérinaires passe de 80% à 90%. Par ailleurs, la France "s'oppose à la signature" de l'accord commercial controversé entre l'Union européenne et les pays latino-américains du Mercosur, a assuré Gabriel Attal, pour répondre aux inquiétudes des agriculteurs sur des situations de concurrence déloyale.

A 19 heures, on ignore si les manifestants comptent poursuivre le blocage de l'A71 à Clermont-Ferrand. Le président de la FNSEA doit réagir aux déclarations de Gabriel Attal à 20 heures. 

L'angoisse des agriculteurs

Julien fait partie de ces agriculteurs en souffrance. En GAEC avec son père, éleveur bovin-ovin en polyculture, il n’arrive plus à vivre de son métier : « Aujourd’hui, la situation est compliquée. On ne gagne plus d’argent. On ne s’en sort plus. On ne peut plus payer les factures. Notre salaire n’a pas augmenté depuis 40 ans. On essaye d’avoir 1 000 euros de salaire mais ce n’est pas toujours possible. Je ne me verrais pas faire autre chose, mais si je n’ai pas le choix je le ferai, avec regret. On est en concurrence avec des agriculteurs qui n’ont pas les mêmes normes que nous. On ne peut plus payer le GNR (gazoil non routier). On ira beaucoup plus loin s’il le faut. »

Vous pouvez revoir le Facebook live réalisé ce matin sur l'A71 au Brézet, à Clermont-Ferrand, lieu de blocage des agriculteurs.

Des contraintes de plus en plus importantes

Sébastien s’est également déplacé pour manifester. En GAEC avec sa mère sur la commune de Saint-Dier-d’Auvergne, en élevage, il se sent délaissé par le gouvernement : « Tout ce qui est charges administratives, contraintes… Il y en a ras-le-bol. On n’est pas rémunéré à notre juste valeur. On travaille entre 60 et 80 heures par semaine. On attend de nouvelles mesures pour soulager les contraintes et les charges. Il faut tout revoir, le système que l’on a. Personne ne peut nous remplacer, on ne trouve personne pour les vacances, les week-ends, le système est mal fait. On est dans notre coin, on travaille, on se sent un peu abandonnés, on ne peut pas le nier. »

Je ne vois pas beaucoup de monde qui travaillerait 80 heures par semaine pour 750 ou 800 euros par mois.

Pascal, agriculteur

Pascal, agriculteur, est venu du canton de Soxillanges. Eleveur en lait et viande, il manifeste, entre autres, pour protester contre les marges de la grande distribution : « On est là pour les problèmes de vente de nos produits. On ne gagne pas notre vie. Les produits sortent de nos fermes à un très bas coût et sont vendus aux consommateurs à un prix exorbitant. L’argent, au milieu, il est perdu ? On est frustrés, on est abandonnés par l’Etat. Je fais du lait et de la viande. Le lait part à 42 centimes le litre et est mis en rayon à 1€, voire 1,40€. Où va cette différence ? Pour qu’on s’en sorte, il faudrait qu’il soit au minimum à 50 cts le litre. On a 1 500 euros de salaire pour 2 avec ma femme. Moralement c’est très difficile. On a la ferme dans la tête 24/24h. On a une charge de travail énorme, on est en astreinte en permanence. Le moindre argent qu’on essaye de gagner, il y a des tas de papiers à remplir… Il faut qu’on puisse vivre. On a appris ces dernières années le suicide de 4 ou 5 agriculteurs. J’arrive au bout moi, j’y arriverai, mais ça fait peur pour les jeunes, il y a une inquiétude. »

Gabriel Attal se rend ce vendredi à partir de 16h15 à Montastruc-de-Salies (Haute-Garonne), a appris France Télévisions. Le Premier ministre doit annoncer ce vendredi de premières mesures à effet rapide pour répondre à la colère des agriculteurs.

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