Avec sa tête de bouledogue, la barbastelle, une espèce de chauve-souris menacée

Connaissez-vous la barbastelle, cette chauve-souris au physique particulier ? On trouve généralement cette espèce menacée dans des milieux naturels préservés, comme dans certains endroits d'Auvergne.

Article publié le 24/03/2024

Les chauves-souris sont, pour la plupart, des espèces menacées. La barbastelle, présente en Auvergne, ne fait pas exception. Cet animal atypique, qui ressemble à un bouledogue ou à un gremlin, se trouve généralement dans les forêts ou dans certains parcs boisés.

L'Auvergne, un milieu propice

En période estivale, des colonies de femelles se rassemblent dans les arbres creux, les écorces et les arbustes. Mais elles peuvent aussi se nicher dans le bâti comme derrière les volets de certains bâtiments ou dans les linteaux de poutres des granges. "Ce qu'elles aiment, c'est le contact avec le bois. C'est leur habitude, leur milieu d'origine forestier. C'est aussi un isolant important qui garde la chaleur", confie Romain Legrand, chargé de projets au Conservatoire d'espaces naturels d'Auvergne. Très souvent, elles se cachent dans des "villages de caractère comme Artonne ou Chanonat, avec de la pierre, des grosses bâtisses, des châteaux comme celui d'Effiat". Mais cette catégorie de chauves-souris se déplace très peu, elles restent souvent à proximité de leur lieu de reproduction. "Il y a seulement une petite particularité l'été, c'est que les barbastelles se déplacent tous les jours d'arbres en arbres, sûrement pour éviter les prédateurs", explique-t-il.

En hiver, ces petits mammifères restent dans les arbres creux qui ont une bonne inertie thermique. En période de très grand froid, avec des températures qui avoisinent les moins cinq degrés pendant plusieurs jours, elles se déplacent dans des lieux aérés comme des tunnels, des caves, des ouvrages souterrains. "Les barbastelles peuvent parfois se rassembler jusqu’à 100 voire 200 individus lors de ces périodes hivernales. En Auvergne, nous avons plusieurs sites avec plus de 100 individus comme dans la forêt de Tronçais, un tunnel dans les Combrailles, et dans les gorges du Chavanon".

Une espèce sur "liste rouge"

Ces chauves-souris noires se nourrissent essentiellement de petits papillons et d'insectes et sont considérées comme moyennes, mesurant entre 20 à 30 centimètres et pesant entre 6 à 14 grammes.  Elles sont peu communes en France et font partie de la liste rouge des espèces menacées. En Auvergne, les barbastelles sont dites "vulnérables". "C'est une espèce qui est indicatrice d'une bonne qualité des milieux naturels. Elle se trouve donc généralement dans des endroits préservés".

Malheureusement ces lieux naturels préservés se dégradent, les insectes se font de plus en plus rares et les bâtisses comme les granges s'aménagent donc elles ne sont plus propices à la présence de chauve-souris.

Pour les préserver au maximum, on protège certains tunnels désaffectés, on les ferme parfois pour éviter qu'elles soient dérangées. On fait également l'acquisition de parcelles de forêts pour éviter les coupes d'arbres.

Romain Legrand

Chargé de projets au CEN d'Auvergne

Dans la forêt de Tronçais, avec l'aide de l'ONF (office national des forêts), des arbres "gîtes" ont été marqués pour les conserver et éviter les coupes. L'Auvergne est un site d'importance nationale pour l'espèce, surtout dans le Puy-de-Dôme et dans l'Allier qui sont des départements plutôt en basse altitude.