S’il est bien une fleur somptueuse, c’est l’orchidée. Elle ne pousse pas que sur des terres exotiques, mais aussi en Auvergne. Une soixantaine de variétés y sont recensées.
Ce n’est pas la saison, mais au gré d’une randonnée en Auvergne, vous êtes peut-être déjà tombés nez-à-nez avec une belle orchidée. Cette fleur somptueuse n’est pas rare en Auvergne. Francis Corre, président de l’association Centre France Orchids, explique : « Sur les 160 espèces recensées en France, il y en a 60 de répertoriées en Auvergne ». La floraison a lieu en mai et juin. Elle peut se produire en juillet en montagne car les températures sont un peu plus clémentes. Les orchidées sont facilement identifiables. Francis Corre indique : « Leur point commun est d’appartenir à la même espèce, avec un système d’orchis ou d’ophrys. Elles ont toutes 3 pétales, 3 sépales (qui forment le calice de la fleur qui entoure la corolle, NDLR). Un des pétales est toujours transformé : il est plus joli et attire les insectes ».
Des orchidées terrestres en Auvergne
En Auvergne, un autre point commun caractérise ces fleurs. « Les orchidées d’Auvergne sont des fleurs terrestres, avec des systèmes raciniens très profonds, de 60 à 80 cm » insiste Francis Corre. Leur reproduction est particulière. Chantal Riboulet, présidente de la Société française d’orchidophilie Auvergne, raconte : « Beaucoup d’orchidées d’Auvergne sont pollinisées par des insectes. Les insectes transportent le pollen d’une orchidée à l’autre. Une fois qu’il y a des graines, il faut un champignon pour faire germer les graines car elles n’ont pas de réserves. Il y a juste un embryon et il faut l’aide d’un champignon pour la germination de la graine ». Certaines orchidées peuvent sortir du lot, mais tout est une question de point de vue. Chantal Riboulet souligne : « Certaines fleurs peuvent être remarquables, même si elle sont très courantes mais très jolies, comme l’orchis pourpre, ou l’orchis morio. L’orchis pourpre pousse plutôt sur les terrains calcaires. On trouve l’orchis morio sur des terrains granitiques, acides. Il y a aussi des orchidées qui sont très rares, dans des lieux spécifiques, comme les forêts ».
La variété des sols auvergnats
L’Auvergne combine plusieurs atouts propices au développement de cette fleur. La présidente de la Société française d’orchidophilie Auvergne précise : « L’Auvergne présente l’avantage d’avoir des terrains calcaires et des terrains granitiques. Il y a aussi des terrains basaltiques, ce qui fait qu’en quelques mètres, on peut être en bas d’une colline sur un terrain calcaire avec des orchidées spécifiques, et trouver en haut des orchidées sur un terrain acide. Parfois, à la jonction des terrains, on peut avoir deux orchidées l’une à côté de l’autre. Des orchidées rares pour nous en Auvergne le sont peut-être moins pour le sud de la France. On a la chance d’être en limite d’aires de plusieurs espèces. On a aussi des espèces méditerranéennes qui remontent, avec la modification climatique ». Quelques lieux auvergnats permettent aux orchidées de s’épanouir. Chantal Riboulet les détaille : « L’endroit emblématique pour l’orchidée dans le Puy-de-Dôme se situe à Boudes. Il y a aussi le puy de Pileyre, à Chauriat. A Champeix, il y a un sentier pédagogique avec 12 espèces d’orchidées représentées ». La sauvegarde de ces fleurs est essentielle : « Les orchidées de milieu humide de plaine sont très menacées car les terrains sont drainés à cause de l’agriculture. Cela conduit à la disparition des orchidées. Les orchidées de montagne sont parfois dans des milieux très spécifiques. Il faut donc les sauvegarder et faire attention au déboisement. On travaille avec l’ONF, Office national des forêts, pour protéger les orchidées des bois ».
Des fleurs à ne surtout pas cueillir
Chantal Riboulet insiste : « On fait des photos, on apprécie, on regarde mais on ne cueille pas. Ce sont souvent des plantes protégées. La plupart sont importantes pour la biodiversité ».
Vous pourrez admirer quelque 3 000 spécimen d’orchidées et pas seulement d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand à Romagnat, à la salle André Raynoird, les 6 et 7 janvier, de 10 heures à 18 heures. L’entrée est à 5 euros, gratuite pour les moins de 14 ans.