"C'est une solution de facilité" : pourquoi les Auvergnats sont accros aux antidépresseurs et aux somnifères

Somnifères, anxiolytiques, antidépresseurs...Les Français en consomment de plus en plus. Dans les grandes villes ou dans les zones plus rurales, comme en Auvergne, le constat est le même. Une situation alarmante car ces médicaments peuvent être dangereux et addictifs.

Qu'est ce qui empêche les Auvergnats de dormir ? "Les conflits, la politique, ce ne sont pas des choses très agréables à chaque fois qu'on allume la télévision", répond une dame qui a récemment déménagé dans la région. "Beaucoup de gens ont mal vécu le confinement et maintenant, ils ont un peu de mal à ressortir de chez eux", confie une autre passante clermontoise. "On voit ce qu'il se passe en Russie, avec Poutine, les gens sont anxieux, ils ont peur. On ne sait pas ce que demain nous réserve", raconte un homme d'une quarantaine d'années.

"Une solution de facilité" 

L'éco-anxiété liée au changement climatique fait également partie des raisons de l'angoisse de certains Français. À cause de ce stress de plus en plus présent, les prescriptions de médicaments, qui traitent le sommeil ou l'angoisse, sont plus nombreuses. Le Xanax, le Témesta, le Lysanxi ou encore le Lexomil sont les plus courants. Pour Pierre-Olivier Jullien, pharmacien à Clermont-Ferrand, même si l'Auvergne est moins soumise au stress des grandes agglomérations, ses patients optent trop souvent pour cette solution.

"C'est la facilité. Un petit peu comme quand vous voulez soigner rapidement un rhume avec des antibiotiques. Le principe est le même. On veut tout, tout de suite, on veut bien dormir, tout de suite et je pense qu'il faudrait plutôt conseiller d'avoir une meilleure hygiène de vie, de se coucher tôt, de moins regarder les écrans tard le soir, notamment chez les jeunes", indique le pharmacien.

Les jeunes entre 25 et 40 ans, ce n'était pas une tranche d'âge touchée par la prise de ces médicaments, mais elle le devient de plus en plus.

Pierre-Olivier Jullien

Pharmacien clermontois

Le difficile sevrage des jeunes

Le risque est l'accoutumance. Dans le service d'addictologie du CHU de Clermont-Ferrand, les patients défilent mais les plus difficiles à sevrer sont les jeunes. "Plus on le prend tôt et plus on a un risque de devenir dépendant par la suite, parce que le cerveau n'est pas encore mature donc il va apprendre encore plus qu'un adulte que cette substance-là peut l'apaiser, le soulager ou lui produire des effets euphorisants", explique Julien Cabé, psychiatre addictologue. "C'est plus à risque quand on est jeunes. Dans l'idéal, avant 25 ans, il faudrait éviter les substances psychotropes, pour éviter de rendre le cerveau appétant à ces substances à l'avenir".

Le sevrage peut être dangereux s'il est fait de manière brutale. Il doit se faire progressivement avec un contrôle médical. "Il y a toute une méthodologie qui peut se mettre en place puisqu'une fois qu'on a arrêté, il faut aussi maintenir cet arrêt et le cerveau va rappeler régulièrement à la personne "tiens je suis angoissé, je ne suis pas bien, je sais que ça fonctionne". C'est un vrai travail pour ne pas rechuter". Depuis le confinement, en Auvergne comme dans le reste du pays, près d'un étudiant sur deux présente des symptômes dépressifs. Au total, six millions de Français sont sous antidépresseurs.

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