Vendredi 31 mars, au congrès de Clermont-Ferrand, Sophie Binet a été élue à la tête de la CGT. C’est l’actuelle secrétaire générale de l’Union des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT qui a été désignée, après une nuit mouvementée au cours de laquelle la candidature de Marie Buisson, que poussait Philippe Martinez, a été rejetée.

Une élection mouvementée. Vendredi 31 mars, à la Grande halle d’Auvergne, près de Clermont-Ferrand, c’est finalement Sophie Binet qui a été élue secrétaire générale de la CGT. C’est la première femme a occuper cette fonction. Sophie Binet, 41 ans, est la secrétaire générale de l'Ugict, le syndicat des cadres de la CGT. Elle est une ancienne membre du syndicat étudiant Unef, du PS, et ancienne CPE (Conseillère principale d'orientation). Elle était à la tête de l'Ugict depuis 2018. Issue de la Commission exécutive confédérale, la direction élargie de la CGT, elle était référente du collectif femmes mixité, et engagée sur les questions environnementales et l'égalité hommes-femmes. Candidate "par défaut" selon certains, elle aura la lourde tâche de recoller les morceaux d'une CGT profondément divisée, à un moment où la centrale est en première ligne dans la lutte contre la réforme des retraites.   
La nouvelle équipe dirigeante -secrétaire général, administrateur et bureau exécutif- devrait être présentée aux congressistes ce vendredi. La Commission exécutive confédérale (CEC), la direction élargie de la CGT, a commencé à se réunir vers 23H00 jeudi. Selon des sources concordantes, Marie Buisson, candidate de la direction sortante, a mis sur la table une proposition d'équipe dirigeante, avec elle-même comme secrétaire générale. Mais cette proposition a été rejetée par le Comité confédéral national, le parlement du parti. Les 66 membres de la CEC se sont à nouveau réunis. Ils ont réfléchi à une solution autour de Céline Verzeletti, autre candidate, sans parvenir à un accord, selon des sources concordantes.

Un congrès houleux

Une "troisième voie" a alors émergé, autour de la secrétaire générale de l'Ugict (fédération des cadres), Sophie Binet. "Mais c'est compliqué et pas encore voté" par le CCN, indique une source à l'AFP. Ce coup de théâtre survient après une semaine de congrès houleux, en pleine bataille contre la réforme des retraites et à quelques jours d'une réunion de l'intersyndicale à Matignon, une invitation proposée par Elisabeth Borne. Les crispations autour de la succession de Philippe Martinez montrent les fractures profondes de la CGT et la défiance de nombre d'organisations vis-à-vis de la direction sortante, au premier rang desquelles plusieurs puissantes fédérations industrielles (cheminots, énergie, chimie). Le Congrès avait démarré dans une atmosphère tendue lundi 27 mars, une vingtaine de membres de la fédération du commerce étant entrés de force dans la salle des débats pour protester contre le fait qu'ils ne puissent y siéger.
 

"Pressions, menaces"

Mardi 28 mars, les congressistes ont rejeté le rapport d'activité de la direction sortante (50,32% des voix contre), un événement sans précédent dans l'histoire de la CGT et un désaveu majeur pour Philippe Martinez et sa dauphine. Membre du bureau du Congrès, Géraldine Madounari s'était émue mercredi 29 mars à la tribune : "Se promener dans les allées amène à voir et entendre le pire de l'humanité. Pressions, menaces, votes orientés", avait-elle lancé. Les débats sur le document d'orientation ont montré les désaccords entre les cégétistes sur les liens de la CGT avec les syndicats qui lui sont proches (FSU et Solidaires), sur l'écologie ou encore sur les questions internationales -certains demandent toujours que la CGT adhère à la Fédération syndicale mondiale (FSM) qu'elle a quittée en 1995.

De vives tensions

Point de crispation particulièrement aigu, la question de l'appartenance de la CGT au collectif Plus jamais ça, que la CGT a cofondé en mars 2020 avec des ONG et des associations, dont Greenpeace et Oxfam, et où Marie Buisson représentait la CGT. Jeudi soir, un vote allant dans le sens d'une sortie de la CGT de ce collectif a sonné comme un signal d'alarme pour la direction sortante. In fine, le document d'orientation a été adopté avec 72,79%, un score supérieur à celui du congrès de Dijon en 2019, selon Laurent Indrusiak, de la commission du document d'orientation. En signe d'apaisement, la direction avait pris le soin d'arrondir les angles sur les aspects les plus clivants du texte, supprimant par exemple la mention de FSU et de Solidaires dans le paragraphe sur "l'unification du syndicalisme", et celle de "Plus jamais ça" dans un autre paragraphe sur les collectifs auxquels la CGT participe. Jeudi soir, un "appel" a été signé, dans lequel la CGT a redemandé le "retrait pur et simple" de la réforme des retraites. "Il n'y aura ni médiation, ni compromis", dit le texte, prenant ses distances avec l'idée de "médiation" portée par l'intersyndicale et approuvée par Philippe Martinez mardi 28 mars.

Ecrit avec AFP

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