Samedi 23 et dimanche 24 avril 2022, l'Auvergne a accueilli les championnats de France scolaire de scrabble. Près d'une centaine de collégiens et lycéens étaient réunis à Lempdes au lycée de Marmilhat pour s'affronter en compétition. Des épreuves aussi bien individuelles que par équipe. Découverte.
« Il reste trente secondes ». Dans une ambiance studieuse, les mains manipulent les lettres avant d’inscrire le mot sur un papier. Ils sont une centaine de collégiens et de lycéens venus de toute la France pour participer au championnat de France scolaire de scrabble au lycée agricole de Marmilhat. Des épreuves en individuel mais aussi par paire. En ce samedi 23 avril 2022 après-midi, les élèves jouent par deux. Une vingtaine d’équipes s’affrontent à coup de mots, qui parfois comptent double ou triple. Ils ont deux minutes pour faire la différence.
« En horizontal en D9, "Newlook " On part du N de " Intérim ". 50 points » L’arbitre à son bureau annonce un gros coup. Un top comme on dit dans le milieu. Le mot " Newlook " s’inscrit sur le plateau de jeu projeté sur un écran face aux joueurs. A l’origine de ce bon mot, Nicolas Beaufort et Alexis Allagnat. Ils font tous deux partie des meilleurs joueurs lycéens. « Par chance, je l’ai vu tout de suite mais avec beaucoup de chance. Nous nous sommes dit qu’il allait faire une grosse différence », raconte Nicolas Beaufort. Les deux jeunes, adversaires habituellement en individuel, termineront avec 908 points. Le scrabble, une passion qui démarre jeune. « Les possibilités sont infinies, on n’aura jamais de parties identiques, tellement les choix sont multiples », témoigne Alexis Allagnat, champion du monde cadet. « C’est ça qui me plaît dans le scrabble, ce n’est pas un jeu de chance, c’est du talent, du vocabulaire et de la technique de jeu. »
Voyage exotique
L’arbitre à son pupitre reprend la parole. « Il reste quatre lettres. Italie, Norvège, Roumanie et Tunisie. On ajoute Maroc, "M ", Italie, " I ", Suisse, " S ". » Elle transmet les lettres en faisant le tour du monde. Un voyage exotique au pays des mots.
Théa et Mathilde n’ont que 13 ans. Elles se sont assises à la même table pour jouer ensemble. Deux copines, l’une originaire du Doubs, l’autre du territoire de Belfort. Elles sont concentrées mais n’oublient pas de sourire. « C’est plus fun de joueur à deux, c’est moins stressant », confie Théa. « Si moi je n’ai pas de mot, peut-être que Mathilde en a. Nous arrivons à nous compléter. » Mathilde ajoute : « On peut apprendre beaucoup de nouveaux mots qui sont intéressants. Je ne peux pas décrire pourquoi mais j’adore le scrabble. » Malgré tout, la jeune fille reconnaît qu’il y a des lettres qui lui font perdre son sourire : le "P ", le " H ", le " G " par exemple car ils sont durs à placer au milieu des mots. « En fait, c’est la fierté, vu que nous jouons à deux, de trouver un mot qui puisse arranger le partenaire, parce que c’est aussi pour lui qu’on joue. Et si on se loupe, on se loupe à deux ! », conclut Mathilde dans un rire.
Mauvais presse
Avec ses 17 comités, l’Auvergne est ravie d’accueillir une épreuve nationale qui peut sembler austère pour les adeptes de plein air et des grands espaces. Mais le scrabble recèle de nombreuses qualités : « C’est une activité formidable qui a plein de bienfaits », assure Cédric Guiraud, président du club de scrabble des volcans de Chamalières. « Il a mauvaise presse parce qu’on s’imagine tous que c’est ringard mais d’un point de vue pédagogique, ça prouve que des enfants sont capables de rester assis sur une chaise pendant un laps de temps tout en restant concentrés. »
Et ces élèves, avec le scrabble, travaillent tout autant le français que les maths. De quoi satisfaire encore un peu plus le président du club de Chamalières qui est également professeur de mathématiques.