Le dispositif Démos permet à des enfants de 7 à 12 ans d'apprendre à jouer d'un instrument et de le pratiquer au sein d'un orchestre. L'Orchestre Démos de Clermont-Ferrand existe depuis trois ans, porté par l'Orchestre national d'Auvergne et la ville.

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Au départ ils étaient 105. Aujourd'hui, ils sont 73 enfants d'une dizaine d'années à jouer dans l'Orchestre Démos de Clermont-Ferrand. Nous pourrions nous étonner du nombre d'enfants qui n'ont pas lâché l'apprentissage (trois ans) en cours de route. Mais Isabelle Bigot, coordinatrice du projet Démos à l'Orchestre d'Auvergne, nous éclaire tout de suite : « Comprenez qu'il y a la même émulation dans l'Orchestre Démos que dans n'importe quel autre orchestre. Chaque enfant a son rôle à jouer et est porté par le collectif. » Car c'est bien de cela qu'il s'agit : créer un véritable orchestre avec des enfants qui n'ont jamais soufflé dans une flute, tapé sur des percussions et encore moins déchiffré une note de solfège. 

C'est d'ailleurs le critère principal pour le recrutement des enfants, ne rien connaître de la musique. Car ce projet, porté au niveau national par la Philharmonie de Paris, est aussi de sensibiliser de nouvelles oreilles à la musique classique.

Créer un collectif

L'autre objectif du projet est social. Tous les enfants recrutés sont issus de quartiers relevant de la « politique de la ville », d'où un travail main dans la main avec les maisons de quartiers et les centre socio-cultuels. Chaque cours se faisait en présence d'un enseignant et d'un référent social.

A Clermont-Ferrand, le projet arrive quasiment à son terme. Au bout de trois ans, après avoir tiré au sort leur instrument, chaque enfant est devenu un violoniste en herbe ou peut-être un futur trompettiste. La fin de la formation devait se conclure par un grand concert à la Philharmonie de Paris mais l'actualité en a voulu autrement et c'est à distance que les jeunes musiciens ont parachevé leur apprentissage. Fabien Planchon, référent pédagogique du projet, nous explique qu'en trois ans « les enfants ont appris beaucoup de choses. Non seulement des compétences et un savoir-faire mais ils ont acquis aussi la faculté de travailler ensemble. Nous avons réussi à créer un groupe avec des enfants éparpillés, vivant dans des contextes sociaux différents et ça, c'était notre premier objectif, la musique n'était qu'un prétexte finalement. » 

Pendant ces trois années, les musiciens chevronnés ont parfois été surpris par leurs apprentis : « Je me souviens en particulier d'une flutiste qui lors des premiers cours était particulièrement déconnectée. Or un jour, elle est arrivée en séance et s'est mise à jouer, d'une seule traite, un morceau qu'elle avait entendu et que nous n'avions jamais travaillé en cours ! » nous raconte Fabien Planchon pour qui l'expérience de Démos a été particulièrement enrichissante, humainement parlant. « Je pense qu'on a réussi notre pari. Je me rappelle d'un atelier dans lequel je débarquais au tout début du projet. Les élèves se menaçaient avec leurs instruments, ils réglaient les conflits qu'ils n'avaient pas fini de régler à l'école. Finalement, c'est l'un des groupes qui a le plus progressé. »
Aujourd'hui, les 73 enfants peuvent poursuivre la musique s'ils le souhaitent. Tous les enfants du projet Démos peuvent désormais bénéficier du dispositif « Passerelle ». « C'est un dispositif spécifique pour qu'ils puissent accéder dans quelques temps à l'enseignement plus académique du conservatoire. » explique Isabelle Bigot. « Des réflexes de musiciens ont été développés. Au conservatoire, ils développeront le reste. »
Selon Fabien Planchon, une quarantaine d'enfants devrait poursuivre l'expérience. Pour lui, le projet Démos, c'est aussi « une sérieuse remise en question personnel pour chaque enseignant » insiste-t-il. « Nous avons donné des instruments à des enfants et ils ont joué. Nous avons réuni une centaine d'enfants dans une même salle pour qu'ils fassent de la musique ensemble et ça a marché. » 
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