Clermont-Ferrand : entretien avec Alain Jean-Marie dans les coulisses de Jazz en Tête

Trente deux ans après sa première performance au festival Jazz en Tête, le célèbre musicien de jazz Alain Jean-Marie a assuré le premier concert de l'édition 2019 le lundi 21 octobre à Clermont-Ferrand.

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Seul avec son piano, Alain Jean-Marie, figure emblématique de la scène Jazz, a joué les premières notes de la 32ème édition du festival Jazz en Tête. Une prestation découpée en cinq séquences, avec des hommages et des compositions personnelles. A sa sortie de scène, il nous livre ses impressions.

Question : Peut-on dire que vous êtes un habitué du festival Jazz en Tête ?

Réponse : Oui, j’avais fait le tout premier festival avec Dee Dee Bridgewater, par la suite je suis venu avec les frères Ferré et Riccardo Del Fra, après j’ai remplacé au pied levé le pianiste de la chanteuse Roberta Gambarini. C’est ce que j’ai en tête, il est possible que je sois venu par ailleurs.

Question : Ce festival est-il important pour vous ?

Réponse : Oui, c’est un grand festival. Xavier (NDLR : l'organisateur du festival) est quelqu’un qui aime les choses très pointues. D’ailleurs le groupe après moi, Ed Cherry Super Trio, le prouve, et puis ceux qui viennent après aussi. Il a toujours des gens qui sont vraiment à la pointe de la musique Jazz. Mais pas que, parce qu’il a aussi fait jouer Marcel Solal et Guy Lafitte, qui sont des maîtres de la tradition. Il a un goût éclectique, un goût qui couvre toute cette musique, qui est sa passion.

Question : Qui a retenu votre attention dans la programmation de cette année ?

Réponse : Jérémy Pelt, un trompettiste de la nouvelle génération, qui amène une musique qui est nourrie non seulement de la tradition mais qui a aussi des visées futuristes. Ce garçon a une vue sur le futur qui est très sophistiquée.

Question : Vous avez fait beaucoup d’hommages ce soir lors de votre prestation. Pourquoi ce choix ?

Réponse : C’est comme pour remercier les gens grâce à qui je suis tombé amoureux de la musique jazz, Billie Holiday, John Coltrane, et les standards bien sûr. Mais j’ai quand même terminé par un hommage à moi-même, avec deux compositions.

Question : Vous étiez seul au piano ce soir, alors comment fait-on pour faire ressortir toutes les nuances du jazz avec un seul instrument ?

Réponse : Le secret c’est d’aimer et de jouer les choses qu’on ressent profondément. Maintenant le piano solo nous retient parce qu’on a peur d’ennuyer avec le même timbre pendant une heure, mais je pense qu’en apportant un programme assez diversifié ça peut passer. C’est quand même un exercice terriblement redoutable parce qu’on a peur du silence. On a l’impression que si on s’arrête de jouer trois secondes il y aura comme une coupure, alors que la musique a besoin de respirer. Mais quand on est tout seul, ça fait peur, ça donne un peu le vertige, comme devant un trou noir. On a peur donc on remplit.   

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