La "muraille de Chine" domine le centre de Clermont-Ferrand : 320 mètres de long et 9 étages de haut. Habitée par près de 1.000 personnes depuis 1961, elle se vide avant sa destruction dans quelques mois. Les derniers résidents y vivent depuis longtemps comme des confinés. Bientôt la délivrance.
La muraille de Chine fait partie du paysage de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) depuis près de 60 ans. En attendant sa destruction, ses derniers résidents profitent d'une vue imprenable sur la ville et les volcans. L'appartement de Catherine Augoyat n'est pas très grand, voilà 21 ans qu'elle y habite et qu'elle a envie de partir. Mais pas depuis la mi-mars car ce qu'elle considérait comme une prison est devenu un refuge. Elle qui adorait la foule s'en méfie aujourd'hui. "Je ne vais pas me jeter dehors, reprendre le tramway que je n’ai pas pris depuis 3 mois, aller dans les magasins, les centres commerciaux. Vigilance, vigilance, moi c’est piano, une chose après l’autre. On va laisser passer du temps, 15 jours, 3 semaines, un mois..." dit-elle.
Dans son petit cocon, Catherine s'est mise au jardinage. Et la pièce la plus importante de l'appartement est devenue sans aucun doute la cuisine. "J'ai retrouvé des livres de recettes, ils ont plus de 40 ans et j’ai découvert des recettes de confitures. J’ai vu pommes, poire, vanille… on va faire ça". Des confitures destinées à ses enfants et petits-enfants qu'elle n'a pas vus depuis deux mois. Elle écrit aussi des poèmes. Pour Catherine, le déconfinement sera avant tout synonyme de retrouvailles. "Alors ça c'est mon rêve, de monter dans la voiture, charger mes pots de confiture et de plantes et puis prendre la nationale 7 et les retrouver. Ça va être, sur le plan émotionnel, intense".
En attendant de revoir sa famille, Catherine prend des nouvelles de ses voisines. Pour ensuite aller prendre un peu l'air dans le parc au pied de la muraille. Un avant-goût de longues balades dans les volcans d'Auvergne.