Conséquence de la crise du COVID, le secteur du bâtiment souffre d’une pénurie de matériaux. Acier, bois, les délais s'allongent et les prix augmentent. Après des baisses de production, la forte croissance de la Chine cause des tensions sur l'approvisionnement jusque dans le Puy-de-Dôme.
Sur les hauteurs de Clermont Ferrand, 30 logements doivent être livrés à la fin de l'année. En théorie, car le chantier prend du retard. L'entreprise de maçonnerie peine à trouver des fers à béton. La forte reprise économique en Asie prive aujourd'hui la France de matériaux en acier. Stéphane Aumoine, promoteur immobilier, indique : « La Chine repart avec des chiffres importants, près de 18 % au premier trimestre. Effectivement, il y a une forte demande dans ces pays-là. Notre marché n’est pas assez armé pour produire ici, en France ».
Tout le monde est décalé
La pénurie s'étend à de plus en plus de matériaux. Les rails métalliques indispensables à la pose de plaque de plâtre, par exemple, arrivent au compte-goutte sur les chantiers. Sylvain Massonneau, vice-président du pôle habitat de la Fédération française du bâtiment, souligne : « Si je n’utilise pas ce rail-là, je ne peux pas poser les plaques de plâtre. Si je ne pose pas les plaques de plâtre, je ne fais pas mon électricité ni ma plomberie, ni ma peinture. Tout le monde est décalé ». Pour les artisans, les délais augmentent, et les tarifs aussi. Jusqu'à des hauteurs difficilement supportables pour les entreprises. Jorge Silva, patron d'une entreprise de finition, précise : « Il y a 35 % de hausse sur l’ossature métallique. On nous a annoncé 25 % de hausse début mai sur le doublage. Le problème est que les usines ne produisent plus et ne nous livrent plus le matériel ».
Le problème des prix
Sur ces projets qui se terminent, les marges réalisées par les entreprises seront bien plus faibles que prévu. Le risque, pour les constructions futures, est de voir les prix de vente s'envoler. Sylvain Massonneau ajoute : « A terme, le client final en subira forcément les conséquences. C’est indéniable. La totalité de la filière, hélas, est en train d’éroder ses marges. C’est une vraie inquiétude car suite à la crise du COVID on n’avait vraiment pas besoin d’affaiblir les rentabilités et les trésoreries des entreprises. Tout le monde devra assumer une petite partie mais malgré tout, ces difficultés, cumulées dans le temps, risquent de rendre l’effort insoutenable ». La crise fait souffrir une filière, qui, pourtant, ne manque pas de travail. Pour répondre à la demande, il faudrait construire en France 400 000 logements neufs par an. En 2021, 300 000 seulement pourraient être livrés.