Tout se joue dans la tête, c'est en tout cas le postulat du diplôme universitaire de préparateur mental. À l'UFR STAPS de Clermont-Ferrand, on forme les coaches mentaux de demain. Ils ont suivi pendant trois jours à Super-Besse un séminaire de formation pour renforcer le mental des sportifs.
Des hommes qui marchent lentement, le regard vers le sol, dans le froid et la neige. Il s'agit d'une séance de méditation de pleine conscience. Avoir conscience du froid, du vent et tous ses éléments qui peuvent perturber un sportif le jour J.
"Très souvent, on conditionne nos attitudes et nos comportements avec la notion d'agréable ou de désagréable. Un athlète qui cherche à performer sait que le désagréable sera là, en entraînement ou en compétition. Il ne s'agit pas de le rechercher mais de faire avec et surtout de le prendre pour ce que c'est. Quand on ne se met plus en tension avec cela, les sensations peuvent être meilleures, la tension et la fluidité du geste aussi", explique François Catsell, co-responsable du DU de préparateur mental.
Muscler son cerveau
Méditation, imagerie mentale ou sophrologie. Tout est bon pour développer l'habilité mentale. L'athlète peut donc muscler son cerveau, et cette préparation se fait également après les compétitions. On appelle l'explicitation, le fait de verbaliser ses réussites mais surtout ses échecs.
"Quelqu'un qui est champion de l'entraînement et qui dysfonctionne le jour de la compétition, on peut penser qu'au niveau mental, il y a quelque chose qui n'a pas été travaillé, entraîné, et qui n'est pas prêt à faire face à certaines situations. Cette non-préparation à faire face à cette situation particulière qu'est la compétition aurait pu être anticipé en préparant mentalement sur ce que représente cette compétition", indique Eva Parmentier, préparatrice mentale.
Démocratisation du phénomène
La France avait beaucoup de retard en la matière. Teddy Riner a compris très tôt l'intérêt de la préparation mentale. Dès 13 ans, le judoka est suivi par une psychologue, et a priori, ça paie.
Aujourd'hui, de plus en plus de fédérations font appel à ces coaches mentaux. Même au niveau amateur. Sébastien Bonnefoi est entraîneur d'une équipe de rugby, le Rugby Clermont La Plaine. Il espère bien tenter l'expérience avec ses joueurs : "On a fini sur une imagerie mentale sur la confiance, c’est-à-dire arriver à retrouver un sentiment de confiance et à se donner une image qui permette par exemple d'effacer ce qui est un petit peu négatif et revenir sur du positif."
Et à Clermont-Ferrand, on sait de quoi on parle ! Les joueurs de l'ASM, qui ont enchaînés récemment plusieurs défaites cuisantes, pourraient avoir besoin de ces coaches mentaux. Ces préparateurs n'auront en tout cas sûrement pas trop à méditer pour travailler.