75 ans après, l'Université Clermont Auvergne a commémoré une page sombre de son histoire : la rafle, le 25 novembre 1943, de centaines d'étudiants et professeurs qui étaient réfugiés dans la région pendant la Seconde guerre mondiale.
Le 25 novembre 1943, à 10h. du matin, la Gestapo encercle le bâtiment Carnot de l'Université de Clermont-Ferrand en plein cours. Ce que recherchent les nazis : des étrangers, des résistants, des juifs.
500 personnes seront emprisonnées dans un régiment d'infanterie : c'est la plus grande rafle jamais connue dans une université française. Pendant l'opération, un professeur, Paul Collomp, est tué par un membre de la Gestapo pour ne pas avoir levé les mains assez rapidement.
Des réfugiés alsaciens et des étudiants résistants
Au début de la guerre, l'Université de Strasbourg est déplacée à Clermont-Ferrand, où s'installent étudiants et professeurs. Après l'armistice du 22 juin 1940, les Allemands créent la Reichsuniversität, et l'hébergement de l'Université de Strasbourg à Clermont-Ferrand n'a en principe plus lieu d'être, mais de nombreux professeurs et étudiants ne souhaitent pas rejoindre l'université allemande.
En 1941 naissent au sein de l'université les premiers mouvements de Résistance, mêlant étudiants et professeurs venant de Strasbourg et de Clermont-Ferrand, avec notamment le groupe Combat Étudiant.
Dans le collimateur du chef local de la Gestapo, Paul Blumenkamp: une liste de 17 professeurs et étudiants résistants, mais également les étudiants étrangers et juifs, tous les Alsaciens-Lorrains âgés de 18 à 30 ans et donc susceptibles d'entrer dans la Résistance, ainsi que les doyens des facultés. 110 personnes seront déportées dont 92 juifs, avec l'aide de la police française qui a participé au "tri" des personnes arrêtées.
La trahison d'un étudiant collabo
Georges Victor Mathieu, né à Clermont-Ferrand, est un étudiant en lettres français transfuge de la Résistance, devenu collaborateur et fondateur d'un groupe de soutien à la Gestapo (Sonderkommando). La BBC déclare en février 1944 que Georges Mathieu a "livré à la Gestapo l'université de Strasbourg". Il sera arrêté par des résistants, jugé puis fusillé le 12 décembre 1944.
À la suite de l'opération, la population de Clermont-Ferrand aurait défilé devant les bâtiments de l'université en chantant la Marseillaise pour manifester sa désapprobation.
Le souvenir
75 ans après, l'Université continue à faire vivre la mémoire, pour ne pas oublier ceux qui ont appris et transmis leurs connaissances, au péril de leur vie.Héros d’hier, phares d’aujourd’hui, conscience de demain, 131 d’entre eux ne sont jamais revenus de la #rafle du #25nov43 @unistra, accueillie par l’université de Clermont-Ferrand @UCAuvergne. Sans eux, nous n’essayerons pas de construire l’Europe humaniste. Merci à eux pic.twitter.com/6oXm6Isd6B
— armelle tanvez (@armelletanvez) 25 novembre 2018