Ce mercredi 29 janvier 2025 est à marquer d'une pierre blanche. C'est le jour où a été coupé le chêne qui servira à façonner le nouvel axe du célèbre moulin de Valmy (Marne), qui a vu ses ailes détruites en mai 2022. Elles devraient à nouveau tourner d'ici le mois de juin 2025.
Qu'elle est tourmentée, l'histoire de ce moulin de Valmy (Marne). Mais les péripéties devraient avoir pris fin ce mercredi 29 janvier 2025, avec la coupe d'un arbre destiné à rendre son axe au célèbre monument. Les ailes suivront de près.
Un élu local a suivi le dossier : il s'agit de Michel Curfs, maire de Vienne-la-Ville (Marne), et septième vice-président de la communauté de communes de l'Argonne champenoise, en charge du patrimoine. Joint par France 3 Champagne-Ardenne, il raconte qu'il a fallu deux bonnes heures pour "prélever" cet arbre (il trouve l'appellation "abattre" un peu trop connotée boucherie).
L'heureux élu, un chêne, a été sélectionné parmi trois arbres au sein d'un bois de 600 hectares à cheval sur les communes de Valmy, Dommartin-Dampierre, et Braux-Sainte-Cohière (Marne). "C'est un symbole de longévité, de virilité, de force." Pas pour rien que les 80 ans de mariages soient surnommés les noces de chêne.
Une opération rondement menée
La date de coupe a été très soigneusement choisie, comme l'expliquait l'article de France 3 Champagne-Ardenne en début d'année. Le bûcheron en charge de l'office a préparé le terrain dès 08h00. Le dernier coup de tronçonneuse a pris une savante petite dizaine de minutes... avant cinq minuscules secondes de chute libre (vidéo ci-dessous).
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Entre environ 09h30 et 11h30, l'élu évoque une opération de coupe un tout petit peu compliquée, mais rien d'insurmontable. "On a réussi, tout le monde était rassuré et content. La pression est retombée." Les équipes techniques de la communauté de communes, menées par le technicien Alexandre Guyot, ont mené à bien leur travail, livrant aux deux Compagnons du devoir des Charpentiers de Troyes (Aube) ce massif tronc (ils réparaient déjà le moulin avant).
L'arbre d'environ "quinze tonnes, 1,20 mètre de diamètre, 25 mètres de hauteur" s'est affaissé au sol. L'arbre a ensuite été débité en vue de construire... l'arbre. "C'est-à-dire l'axe qui fait tourner les ailes. On a besoin d'un morceau de 6,25 mètres, soit d'environ cinq tonnes." C'était la seule technique permise étant donné que le moulin est classé aux Monuments historiques.
On a estimé qu'il avait 225 ans.
Michel Curfs, septième vice-président de la communauté de communes de l'Argonne champenoise, en charge du patrimoine
On connaît même son âge (c'est un des critères qui a justifié son choix). "On a estimé, en comptant les cernes, qu'il avait 225 ans." Autrement dit, lorsqu'un gland s'est mis à pousser en forêt d'Argonne, nous étions en 1800. C'est la première année d'exercice du Consulat sous l'égide de Napoléon Bonaparte, Jean-Jacques-Régis de Cambacérès, et Charles-François Lebrun : un régime politique qui allait préfigurer le Premier Empire.
Après déplacement au tracteur jusqu'à la route, "on a une grosse grue qui est arrivée. Elle l'a sanglé, et posé sur un camion." L'opération était spectaculaire. L'arbre a pu rouler vers son destin sur les coups de 14h00 (vidéo ci-dessous).
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Aucun temps de séchage n'est pas prévu. "On aurait pu encore attendre quatre ou cinq ans, mais on a perdu assez de temps. Il lui faudrait 80 ans pour sécher complètement à 12% d'humidité : c'est ce que nous a dit le charpentier. Même sur Notre-Dame, aucun arbre utilisé n'était sec."
"On était vraiment très impatient de franchir enfin cette première étape. Cet arbre va faire revivre le moulin de Valmy." Les ailes - "c'est moins compliqué" - pourront être installées juste après. "On a donné le mois de juin comme dernier délai. Les ailes tourneront en juin. Et on inaugurera le moulin ." À nouveau (vidéo ci-dessous).
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Un moulin à l'histoire quadri centenaire
Le moulin est construit au XVIe siècle (un historien des moulins à vent évoque 1634, donc le XVIIe siècle). Puis détruit lors de l'iconique bataille de Valmy, en 1792, lors des guerres révolutionnaires opposant l'armée de la Prusse et celle de la toute jeune République française. C'est le général François (Christophe) Kellerman qui aurait donné l'ordre de le brûler afin que la configuration du terrain soit moins reconnaissable par l'ennemi coalisé.
En tant que symbole, on le reconstruit rapidement (il semble exister à nouveau en 1799)... Avant de le démolir en 1831. C'est en 1939 (pas forcément une bonne année pour ce faire...) qu'on lance une souscription pour le rebâtir. En fait, on en déménage un depuis Attiches (Nord), et il est inauguré en 1947.
Le moulin est inscrit aux Monuments historiques en 1989. Une restauration suit en 1998 (1,2 million de francs). Et en 1999... le voilà à nouveau détruit, cette fois par la grande tempête de 1999, aussi connue sous le nom de tempête Lothar.
On commence à le reconstruire en 2004, après une (nouvelle) souscription, dont le caractère est cette fois-ci international. Une association est créée. Jusqu'à quatre millions de francs sont évoqués pour le coût de la reconstruction. Elle est basée sur un modèle de moulin rare se trouvant à Verzenay (Marne), et les pièces de charpenterie sont fabriquées et expédiées de Villeneuve-d'Ascq (Nord). Le chantier (re)commence en septembre 2004, et s'achève par une inauguration en 2005. Un centre d'interprétation du patrimoine a été créé à ses pieds (voir l'emplacement sur la carte ci-dessous).
Nouvelle péripétie en 2022. Pour des raisons pas encore claires à l'époque, les ailes du moulin s'effondrent dans la nuit du mercredi 04 au jeudi 05 mai 2022. La scène a été filmée. Il faut un certain temps pour envisager leur reconstruction, un délai qui a pu interroger. Mais désormais, avec la nouvelle année, l'affaire est enfin lancée. Après installation du nouvel axe grâce à l'arbre "prélevé" ce mercredi 29 janvier 2025, les ailes du moulin éploré devraient à nouveau tourner au mois de juin 2025.