Il y a 25 ans, le 26 décembre 1999, la tempête Lothar ravageait les forêts de France, de Suisse et d'Allemagne. Devant l'ampleur de la destruction, le parc national de la Forêt-Noire décide de laisser une zone en l'état et de faire un sentier de découverte à Baiersbronn à 53 km de Strasbourg, pour observer la régénération de la nature à cet endroit, sans l'intervention humaine.
On l'a surnommée la "tempête du siècle". En quelques heures, le 26 décembre 1999, la tempête Lothar balayait le nord de la France et de l'Europe, faisant 110 morts dont 53 en France et 17 en Allemagne.
Les forêts surtout paient alors un lourd tribut, les Vosges, mais aussi la Forêt Noire. Au total, 30 millions de mètres cubes de forêt sont soufflés dans le Bade-Wurtemberg en deux heures. La forêt du Schliffkopf (non loin d'Oppenau) a été complètement dévastée par des vents soufflant à plus de 180 km/h.
Un photographe local vient de republier, ce 26 décembre 2024, quelques-unes de ses photos de 1999. Un choc pour lui, encore aujourd'hui.
Pour garder en mémoire l'ampleur de la destruction à cet endroit, mais aussi observer la régénération naturelle de la forêt, le parc national de la Forêt-Noire a décidé de ne rien faire à part un sentier en bois à Baiersbronn, accessible aux poussettes et aux fauteuils. Inauguré en 2003, c'est un succès, été comme hiver, plus de 100.000 visiteurs se promènent sur le "sentier Lothar" (Lotharpfad) chaque année.
Un petit sentier familial et mémoriel
Le sentier en lui-même est très court : 640 mètres. Il peut faire partie d'une sortie plus longue, sur les hauteurs de la Forêt-Noire, les chemins de randonnées ne manquent pas. Mais ce qu'on découvre sur le sentier Lothar est assez étonnant et inhabituel pour un sentier forestier. Des souches d'arbres en grand nombre, des restes de troncs broyés, d'autres recouverts de mousses, par endroit une lande de buissons et de fleurs de montagne. Quelques arbres, encore jeunes. Tous ont moins de 25 ans, forcément. Les sapins et épicéas sont là, eux qui ont donné leur couleur sombre au massif. Mais des feuillus ont aussi poussé, des bouleaux notamment.
Felix Neumann, l'un des deux chanteurs du groupe Zweierpasch va souvent se promener en Forêt-Noire. La première fois qu'il est allé sur le sentier Lothar, c'était en 2014, "il y avait encore beaucoup de traces de la tempête et de la destruction. Depuis, chaque année j'ai vu des changements. La dernière fois que j'y suis allé, en juin 2023, j'ai trouvé que la forêt s'est comme normalisée. On dirait un sommet de la Forêt-Noire comme un autre".
Ce n'est pas n'importe quel chemin de randonnée. Ici on ressent qu'une catastrophe n'est jamais loin.
Felix Neumann, musicien
Le musicien fait beaucoup de photos de la nature et des montagnes. "La Forêt-Noire est pour moi un lieu où je puise de la force et de l'énergie. Sur le chemin Lothar, je ressens vraiment la fragilité de la nature. Et je fais à chaque fois le lien avec le changement climatique. C'est un mémorial de la nature, pour rappeler à chacun de nous, les humains, qu'il faut en prendre soin, qu'elle peut si facilement être détruite. Je suis ému à chaque fois. Ce n'est pas n'importe quel chemin de randonnée. Ici on ressent qu'une catastrophe n'est jamais loin."
Avec son groupe et son frère jumeau Till, Felix Neumann a enregistré récemment un concert sur un autre sommet de la Forêt Noire, la Hornisgrinde, en utilisant l'électricité de panneaux solaires mobiles, pour un concert écologique, en faisant attention aussi à venir déranger les oiseaux après la période de reproduction. Felix précise : "nous devons vivre avec la nature et y faire attention le plus possible".