Pour transporter les tout-petits, le CHU de Clermont-Ferrand se dote d’un SMUR néonatal et pédiatrique. Des bébés venus de toute l’Auvergne pourront ainsi bénéficier d’un pédiatre lors des transports.
C’était le dernier CHU de France à ne pas en être doté : Clermont-Ferrand compte désormais un dispositif spécial pour le transport des bébés, se félicite le docteur Matthieu Verdan, chef du service des urgences pédiatriques : “Ça a commencé dans les années 70, en France et dans la plupart des pays occidentaux, dans les très grandes villes. Il y a eu une autre vague de création de ces services dans les années 2000 et le CHU de Clermont-Ferrand était le dernier CHU à ne pas avoir d'unités spécialisées de transport néonatal et pédiatrique. Ce manque va être corrigé à partir du 2 novembre”. Ce sont les unités pour transporter les nouveau-nés ou les tout-petits enfants avec des équipements spécialisés : “Un nouveau-né qui pèse 3, voire 2 kilos, ou même encore un kilo pour les grands prématurés, on n'a pas besoin du même équipement, on n’a pas besoin de la même expertise. Tout est différent, les médicaments sont différents...”, explique le docteur Verdan.
"Il faut des compétences particulières pour les équipes qui vont transporter ces enfants"
En effet, en cas de naissance prématurée ou de complications, les bébés doivent être transportés dans un centre adapté à leur pathologie et à la prématurité : “Il y a 3 types de maternité. Les maternités de type 1 accueillent les nouveaux nés à terme, qui vont bien. Les maternités de type 2 accueillent les enfants après 32 semaines qui pèsent plus d'1,5 kilo. Et tous les bébés plus petits, avant 32 semaines, doivent naître dans un centre de niveau 3. Sur l'Auvergne, le seul centre de niveau 3 c'est Clermont-Ferrand. Il dispose d'une réanimation néonatale. Il faut imaginer que les équipes SMUR sont composées par des gens qui sont urgentistes et qui ne sont pas forcément spécialisés, qui n'ont pas forcément l'habitude des tout-petits", explique le médecin. Ils doivent donc être acheminés dans les meilleures conditions possibles : “Parfois, il y a des mamans qui arrivent en travail ou prêtes à accoucher dans des centres pas adaptés, ou alors il se passe quelque chose, un problème de santé ou une prématurité. Alors, il doit y avoir une prise en charge dans un centre de niveau 3. Il faut transporter ces bébés jusqu'à une réanimation. Seulement la prise en charge n'est pas dénuée de risques et il faut des compétences particulières pour les équipes qui vont transporter ces enfants.”
"C’est une équipe qui va être mutualisée pour toute l’Auvergne"
Le projet a commencé il y a 4 ans et se concrétisera le 2 novembre avec une activité qui, pour l'instant, ne va couvrir que les 5 jours de la semaine avant une activité qui, à terme, pourra être assurée 24h sur 24 : “La première marche, c'est uniquement un pédiatre, en plus des équipes du SAMU, la semaine ouvrable. L'objectif, c'est une équipe spécialisée avec soit un pédiatre, soit un urgentiste formé en réanimation néonatale, ainsi qu’une puéricultrice ou un infirmier formé à la réanimation néonatale. Pour l’instant, on n’a pas d’effectifs paramédicaux”, regrette le docteur Verdan. En moyenne, le transport de bébés est nécessaire entre une et 2 fois par jour. “C’est une équipe qui va être mutualisée pour toute l’Auvergne. Quand vous avez une naissance d'un grand prématuré ou un besoin de transporter un petit, il y a une prise en charge initiale qui est faite sur le service qui prend en charge l'enfant. L'enfant est transporté par le SAMU local. Si c’est Aurillac, c'est le pédiatre d'Aurillac qui fait le conditionnement et vous êtes transporté par le SAMU d'Aurillac. Même chose dans l'Allier si vous êtes à Montluçon ou Moulins. Là, cette équipe sera à disposition de toute l'Auvergne. S'il y a une naissance inattendue d'un prématuré à l'hôpital de Saint-Flour, c'est le SAMU 63 qui va envoyer le SMUR néonatal et pédiatrique”, indique Matthieu Verdan.
"Il y a ce besoin de prendre en charge de façon plus optimale, plus sécurisée ces petits patients"
Pour lui, cela répond à un réel besoin : “On a eu plusieurs situations où on était en difficulté. Clairement ce n'était pas optimal. Moi j’ai vécu personnellement une situation où, malheureusement en plein milieu de la nuit au Puy-en-Velay, un nouveau-né a eu un problème de santé. Ce n'est pas un prématuré, c'est un nouveau-né, mais qui a un gros problème de santé à la naissance. Je m'occupe de lui, il n’y a pas d'équipe pour le transporter. Pas d'équipe disponible nulle part. Donc ce bébé avec un tube dans la gorge ne peut pas avoir les soins nécessaires, il lui faut une réanimation néonatale et je ne peux pas l'y envoyer parce que je n'ai pas de moyens. Ça dure comme ça pendant plus de 5 heures. Je l’ai intubé à 3 heures du matin et il a été transféré à 9 heures. Ce n'est pas pour rien qu'il y en a partout dans le monde, c'est parce qu'il y a ce besoin de prendre en charge de façon plus optimale, plus sécurisée ces petits patients.” Il ajoute que l’état actuel de la pédiatrie rend ce dispositif encore plus indispensable. Son service a, selon lui, “transféré 5 enfants parce qu’on n’avait plus de place”, le 26 octobre.
