Comment Mathieu, réalisateur originaire de Clermont-Ferrand, a réalisé son rêve américain à Los Angeles

Mathieu Besset, originaire de Clermont-Ferrand, est installé à Los Angeles depuis 3 ans. Il a réussi à se faire connaître comme réalisateur pour la télévision. Un rêve américain un peu suspendu en raison de la crise du COVID 19.

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Amoureux des USA, Mathieu Besset n’a pas hésité à changer de latitude pour concrétiser son rêve et devenir réalisateur d’émissions de télévision à Los Angeles. Installé depuis 3 ans sur la côte ouest des Etats-Unis, il a commencé son parcours en télévision locale à Clermont-Ferrand, avant de tenter le grand saut. Mathieu est aujourd’hui âgé de 38 ans. Il raconte : « Clermont 1ère (Chaîne locale de Clermont-Ferrand. NDLR) a été ma première expérience en télé. Ca m’a permis de faire plein de choses, aussi bien de la production que de la réalisation. La deuxième étape a été Orléans TV. A un moment, j’ai eu des envies de plus grand, de plus d’ambitions. Je suis monté à Paris. J’y ai passé 10 ans à faire un peu de tout : du news, du sport, de la musique. Au bout de 10 ans j’ai eu le sentiment d’en avoir fait le tour. Le problème de Paris est qu’on est beaucoup dans l’entre soi, il y a un peu de copinage et ce n’est pas nécessairement le travail et le mérite qui passent au-dessus du reste. J’avais envie de voir comment se passent les choses aux Etats-Unis, à Los Angeles et New York. Je suis parti en repérage, j’ai rencontré des gens et j’ai vu s’il y avait une possibilité. Je me suis rendu compte qu’il y en avait une. A partir du moment où l’on travaille et l’on s’investit, en mêlant l’effort et la passion, on a une réponse en face et des gens qui disent qu’on va me donner ma chance. C’est ce qui s’est passé ici ».

Tout le monde est derrière toi pour t’encourager et c’est super

Le petit frenchy a réussi à se faire connaître comme réalisateur. Aux USA, tout semble possible. Mathieu explique : « Très rapidement, je n’oublierai jamais, il y a eu un producteur qui a 82 ans qui m’a regardé du haut de ses 2 mètres et qui m’a dit : « Toi, t’es dispo demain pour réaliser l’émission ? ». Dans ma tête je me disais que je ne pouvais pas faire cela et au culot, j’ai dit « OK. J’y vais ». Je me suis retrouvé dans un autre monde. Je pense aussi à une autre fois, pour « Home and Family », un talk-show du matin qui se passe dans une maison, à Universal studio. Je devais tourner dans le salon. Je demande si on peut reculer la caméra. Les mecs me demandent si c’est le mur qui me gêne. J’ai dit que je ne voulais pas les déranger. Et là 4 mecs déboulent et démontent la porte ! C’est un tout autre monde mais au moins quand tu as une vision et une envie tout le monde est derrière toi pour t’encourager et c’est super ».

Des collaborations régulières

Mais son chemin a été semé d’embuches. « Ca a réellement commencé ici pour moi il y a 3 ans. Ca faisait pas loin de 10 ans que je préparais le terrain. Je venais, je rencontrais les gens, j’envoyais des mails, j’allais sur des tournages. Ca s’est vraiment construit au fil des années » confie le réalisateur. Désormais reconnu pour son travail, le Clermontois est parvenu à travailler régulièrement pour des chaînes. Il souligne : « Ici j’ai travaillé pour Hallmark Channel, qui est une chaîne du câble, pour l’émission « Home and Family ». Le plus gros de mon travail a été pour Fox. Le groupe m’a demandé il y un an et demi de l’aider pour lancer une nouvelle chaîne, Fox Soul, dédiée au public afro-américain. On faisait 4 talk-shows par jour en direct, dont un late show avec des performances en direct, de la musique, de la danse, du stand up. J’ai aussi eu des projets avec Netflix et CBS. Même si je reste freelance mon travail le plus récurrent s’est fait avec le groupe Fox. Je suis revenu en France pour adapter ""Carpool Karaoké" pour TF1. La chaîne nous a laissé carte blanche. Avant la première émission, Camille Combal est venu à Los Angeles et on a tourné un épisode avec James Corden qui est l’animateur ici. C’était génial car on s’est vraiment amusé. On a tourné le premier épisode en France avec Gims comme invité. On a lancé « Nailed it », un concours de pâtisserie pour Netflix, en Espagne. J’ai aussi aidé pour la version allemande » .

Dans une compilation, voici un montage de ses réalisations en 2020.
 

Une "french touch"

Mathieu a apporté une touche française dans sa manière de réaliser des émissions. Un savoir-faire qui a payé. Il précise : « Avec Fox, quand on a lancé ces talk-shows, ils m’ont dit : « Voilà le studio. Qu’est-ce que tu veux faire ? ». Je leur ai donné les moyens dont j’avais besoin et je leur ai expliqué ce que je voulais faire, en restant dans l’enveloppe budgétaire. En France on utilise beaucoup des caméras portables, on est fun avec un peu de mouvement. Aux USA le talk-show est très carré et c’est basique : quelqu’un parle et on reste dessus. J’ai essayé d’apporter un peu de mouvement. Je ne cache pas qu’au début, on me prenait un peu pour un fou. Mais une fois de plus, on m’a fait confiance. On m’a dit d’y aller et au bout d’un moment, les gens ont adoré. C’est rafraîchissant, ça les change et ils voient que je fais ça pas simplement pour mon CV ou pour me faire plaisir mais parce que je pense que c’est en adéquation avec le projet proposé. A partir de là c’est tout bon ». Il semble épanoui dans son travail : « Dans mon métier, j’adore l’aspect créatif. J’aime pouvoir avoir une vision, et c’est ce qui me manquait en France. On est là pour avoir un objet créatif et artistique, qui va être unique, et qui de l’assistante de production au producteur, met en commun des talents, pour proposer quelque chose de super. C’est cela qui est génial et c’est cela qui me plaît. Il y a aussi évidemment les rencontres. Ca reste un travail d’équipe : on est tous ensemble et chacun apporte des idées ».
 

La crise sanitaire

Mais pour le moment, son activité a été ralentie par la crise sanitaire. Mathieu explique : « Ici l’industrie télé est beaucoup contrôlée par les syndicats. Quand le COVID est arrivé en mars 2020, les studios avaient commencé à anticiper cela et beaucoup de tournages ont été arrêtés. Il est inconcevable de mettre en danger des employés. Si quelqu’un chope le COVID sur un tournage, il y aura un procès. De mars à septembre, ils ont mis en place un protocole entre les syndicats, les studios et les compagnies de production, pour assurer la sécurité des salariés sur les tournages. Je crois que le dossier faisait 30 pages. Tout a été à l’arrêt pendant longtemps. Maintenant, ça reprend, mais sur les très grosses productions. Il faut rajouter 10 à 15% de budget par production. Toutes les productions petites et moyennes ont été repoussées ou annulées, faute de budget. Pour l’instant je continue à travailler mais davantage sur du développement. Je travaille sur des captations à distance et sur des émissions censées démarrer à la rentrée prochaine ».

Je pense que je me voyais vivre ma vie américaine depuis que j’ai 8 ans

Avec cette nouvelle vie, le Clermontois semble avoir réalisé un rêve de gosse. Il avoue : « Il y a 15 ans, je rêvais de cette vie américaine. Je pense que je me voyais vivre ma vie américaine depuis que j’ai 8 ans et que je regardais Mag Gyver à la télé. Gamin, je regardais les séries américaines et je me disais que j’avais envie de faire ça. J’ai toujours eu cette envie ». Titulaire d’un visa « o one » de travail, il envisage de demander un jour la fameuse Green card. Même s’il revient régulièrement en France, notamment pour des projets professionnels, sa vie est désormais à Los Angeles : « J’ai rencontré ma femme ici quand j’ai commencé à m’installer il y a 3 ans. On vit ensemble. Elle est américaine et francophile. Elle a été élevée par un père Irlandais qui parle absolument bien français. On travaille dans la même branche car elle est productrice. Le style de vie, la météo –il fait beau 95% du temps-, l’océan à côté me plaisent. Je me plais beaucoup plus ici qu’à Paris. Il y a réellement beaucoup de boulot. On passe aussi beaucoup de temps chez les uns et les autres à se voir. Ici tu peux faire tout ce que tu veux : les parcs, l’océan, la plage, le surf, le golf. Tout est possible et c’est ça qui est génial. Tu peux aussi aller au ski à 3 ou 5 heures de voiture ».

J’ai mangé beaucoup de pâtes et de riz

Installé en Californie, Mathieu a l’impression de vivre son rêve américain. Cependant, il nuance : « Le rêve américain fonctionne dans un certain contexte. Si tu es passionné et que tu te donnes les moyens, les portes peuvent s’ouvrir. Si je devais comparer 100 mails envoyés à Paris et 100 mails envoyés à Los Angeles, j’ai eu beaucoup plus de réponses à Los Angeles. Il n’y a pas photo. Ici, ils sont vraiment à la recherche de talents, de créativité. Le revers de la médaille est que le rêve américain n’est plus ce qu’il était car on ne déboule pas à Los Angeles avec 20 dollars en poche pour faire fortune. C’est très compliqué. Il y a intérêt à avoir un petit peu d’argent de côté car les loyers et la vie sont super chers. C’est très dur. J’ai galéré pendant facilement un an, un an et demi, avant que réellement les choses ne s’installent et que je puisse mener une vie normale. J’ai mangé beaucoup de pâtes et de riz ». Il conclut : « Il faut s’accrocher pour être passionné et se donner les moyens de ses ambitions. Je n’ai jamais lâché l’affaire, même quand j’étais au fond du trou, que j’étais déprimé et que ça ne marchait pas, je ne me suis jamais arrêté. Il faut rencontrer les gens, ne pas faire les questions et les réponses, montrer qu’on est passionné. Il faut prendre tout ce qu’on peut comme expérience professionnelle. Je pense que le travail, la passion et le mérite paient un jour ». Le réalisateur planche actuellement sur des captations à Londres et sur des émissions pour les élections présidentielles de 2022 en France. Il espère que l’horizon va se dégager sur le plan sanitaire pour reprendre entièrement ses activités. Il veut que son rêve américain se poursuive.
 

 

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