CONSOMMATION. Le vrac, l'achat anti-gaspi : "Je réduis ma poubelle et mes dépenses"

Depuis le 1er mars, c'est le mois du vrac. Pâtes, riz, mais aussi bonbons et produits d'entretien : la vente en vrac prospère. À Clermont-Ferrand, plusieurs enseignes ont misé sur ce nouveau mode de consommation.

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« Je réduis ma poubelle et .. mes dépenses », résume Marie, jeune retraitée, venue remplir son bidon de lessive dans une épicerie spécialisée au centre de Clermont-Ferrand. Marie, comme d’autres, s’intéresse de plus en plus à la consommation en vrac. Du salé, du sucré, des produits d’hygiène et d’entretien, plus de 750 références sont disponibles dans ce commerce de proximité. Vendues dans des bacs ou dans des silos, les clients viennent avec leurs contenants et peuvent se servir de ce dont ils ont envie.

Depuis le 1er mars, c'es le mois du vrac. Durant 31 jours, des centaines de professionnels du vrac font découvrir ou redécouvrir la vente en vrac à travers des événements et autres bons plans. Tour d'horizon à Clermont-Ferrand sur cette nouvelle manière de consommer qui permet de maîtriser les quantités et surtout... son budget. 

"Ce n'est plus un truc de bobos" 

« J’en ai marre de me sentir obligée de payer un kilo de riz quand je vais au supermarché ! », souffle Séverine, tout en comptant ses pièces. Cette jeune retraitée vit seule et préfère n'acheter que ce dont elle a besoin. Cette sexagénaire estime que le vrac est le moyen de payer le prix juste : « Dans les grandes surfaces, je me sens un peu piégée parce que je suis obligée de rajouter quelques euros pour quelques grammes en plus que je ne consommerai sûrement pas, ou en tout cas, dans très longtemps ».

Faire des économies : c'est l'une des raisons pour lesquelles Séverine décide de faire ses courses dans ce magasin en vrac, en plein coeur de Clermont-Ferrand. Ce qui réjouit Pierre, gérant de ce commerce issu d'une grande chaine de magasins en France spécialisés dans le vrac. En effet, selon lui, les récents changements d'habitude de consommation a permis de redorer l'image du vrac : « Les gens viennent acheter du vrac pour un tas de raisons différentes. Des raisons économiques, écologiques ou pour manger mieux. Ce qui fait qu'on s'adresse à un large panel de consommateurs et que l'on n'est plus un truc de 'bobos' mais un véritable commerce de proximité qui arrive à devenir de plus en plus accessible », argumente le gérant de Day by Day. 

Le vrac : un nouveau moyen d'économiser 

Dans le magasin d’Alina, situé à Riom, près de Clermont-Ferrand, les clients n’achètent que ce qu’il veulent. Le vrac est un vrai outil pour économiser quelques euros selon la commerçante : « Chez moi, vous pouvez vraiment acheter la quantité que vous voulez ! Certains magasins vont vous obliger à acheter 500 grammes alors que vous n’en voulez que 100. Chez moi, c’est hors de question. Si vous voulez 50 grammes ou même 20 grammes, vous pouvez. Vous voulez juste un seul ourson en guimauve, vous pouvez ! », lance, amusée, la gérante de l’Auvergne en Vrac. 

Une façon de consommer en fonction de ses besoins, ce qui permet une meilleure maîtrise des dépenses, selon Daniel Bideau, président de l'association UFC Que Choisir du Puy-de-Dôme : « C’est une véritable économie d’échelle, souligne le président de l'association. Vous n’achetez que ce dont vous avez besoin. Ce qui fait que le consommateur peut rester raisonnable au niveau des achats ». 

Le vrac permet de consommer moins et mieux, certes, mais aussi à petits prix, dans certains cas. En effet, les produits vendus en vrac sont, pour certains produits, moins chers au kilo C'est ce que met en avant Pierre, gérant d'un magasin spécialisé dans la vente en vrac, auprès de ses clients. Selon lui, la raison de cette différence de prix vient principalement de la réduction d'emballage : « Le carton, le plastique subissent de très fortes hausses de prix à cause de l’inflation, justifie le gérant du magasin Day by Day. Ça coûte plus cher et ça se répercute, parfois, sur les prix proposés dans certaines grandes distributions »

Une économie d'échelle que confirme Daniel Bideau, président départemental de l'association UFC Que Choisir : « Le consommateur est toujours gagnant avec le vrac, estime Daniel Bideau. Outre les fruits et légumes, sur le thé, les pâtes ou le miel, vous pouvez faire jusqu’à 20 ou 30 % d’économies au moins sur le kilo de produit ». Mais Daniel Bideau reste tout de même prudent : « Toutefois, il faut être attentif et choisir en fonction de ses besoins, précise-t-il.  Aussi, tout dépend du circuit de distribution. Cela marche uniquement si on raisonne en termes de circuit court et si les producteurs sont raisonnables »

En effet, cette différence de prix se constate principalement sur certains produits, comme les aliments bio. C'est ce que précise Célia Rennesson, co-fondatrice de l'association Réseau Vrac à l'initiative de l'événement "le Mois du Vrac" : « À l'origine, les magasins bio ont développé l'offre vrac pour permettre aux clients d'acheter moins cher les produits bio. C'est ça l'origine du vrac. C'est pour cela que l'on trouve beaucoup de produits bios vendus en vrac moins chers qu'emballés. On ne peut pas être aussi catégorique pour les produits non bio. Pourquoi ? car la vente en vrac des produits non-bio n'est pas encore assez développée », explique Célia Renesson.  

Éviter le gaspillage alimentaire

Autre raison d’acheter en vrac : éviter la surconsommation. Par exemple, votre recette de gâteau nécessite 40 grammes d’amandes. Vous savez que vous ne consommez jamais d’amandes en dehors de cette préparation un peu exceptionnelle. Pourquoi acheter, dans ce cas, un paquet de 150 grammes dont plus de la moitié attendra durant des mois avant d’être mangée ? C’est l’argument que met en avant Alina auprès de ses clients dans sa boutique de Riom : « Acheter en vrac, c’est acheter la quantité dont on a besoin. Ça évite de laisser de la nourriture traîner dans ses placards et qu’on va finir par jeter parce que l'aliment finira par être périmé ».

Elle ajoute : « Les clients peuvent hésiter à acheter un gros paquet d’un nouvel aliment, qu’ils risquent de ne pas consommer, plutôt que de n’en prendre que la dose nécessaire. Le vrac est ainsi un vrai facilitateur. Consommer en vrac, ça leur permet de goûter des produits que les gens n'osent pas acheter parce qu’il faut en acheter un kilo minimum, argumente Alina. Par exemple, les lentilles corail, que beaucoup de gens ne connaissent pas ,le fait d’en acheter juste un tout petit peu, ça permet aux clients de goûter et de varier les plaisirs ».

Acheter dans de justes quantités a d'autres effets bénéfiques. C'est ce qu'assure Célia Rennesson, fondatrice de l'association Réseau Vrac : 

« Chaque année, on jette 7 kilos de nourriture encore emballée. Pour être plus parlant, c'est comme si, chaque année, on jetait 110 euros à la poubelle ». 

Celia Rennesson

Co-fondatrice de l'association Réseau Vrac

Zéro déchet

En plus de l’intérêt économique de la consommation en vrac, il y a aussi le bénéfice écologique. Carton de yaourts, suremballage pour les lots, carton de biscuits, plastique de packs de lait, …. autant d’emballages issus de nos produits du quotidien qui finissent à la poubelle.  « Le meilleur emballage est celui qu’on ne produit pas », souligne Anne responsable d'une boutique proposant des produits d’hygiène et d'entretien en vrac. Selon elle, ce mode de consommation s’impose comme une solution efficace pour réduire ses déchets : « L’emballage n'existe plus ou presque plus. On évite tous les plastiques et cartons à jeter une fois à la maison. Ici, on vient avec son contenant ou j’en ai à la disposition des clients. Vous venez avec, vous le remplissez, vous consommez, vous le lavez et vous revenez avec. On crée ainsi une sorte de cercle vertueux pour le consommateur », estime la gérante de la Fabrique de Marie.

Le “zéro déchet”  n’est pas seulement valable pour le consommateur mais aussi pour l'entreprise, explique Anne : « On essaie au maximum de tendre vers le zéro déchet même dans l’emballage primaire, souligne la gérante. C'est-à-dire les emballages des produits que nous recevons avant d’être vendus. Parce que certains font du vrac mais ne s'embêtent pas avec les fournisseurs pour avoir de vrais emballages de vrac et versent des centaines de paquets de 100 ou 250 grammes au lieu d’un kilo dans de grands bacs. Donc tous les déchets que les consommateurs ne font pas ce sont eux qu’ils les font avant », déplore Anne. 

Développer la vente en vrac en Auvergne  

Pourtant, en Auvergne, la vente en vrac a encore du mal à se démocratiser. Sur 1000 commerces spécialisés, répertoriés par l'association Réseau Vrac, seulement 8 sont recensés dans la région auvergnate, sans compter les hypermarchés et magasins bio avec des rayons vrac. 

Voici une liste des commerces spécialisés dans la vente en vrac, en Auvergne-Rhône-Alpes, recensés par l'association Réseau Vrac : 

Le vrac tente alors d'être de plus en plus accessible. C’est le cas dans le magasin de Pierre qui a décidé récemment de développer "l'éco-drive". Le principe est simple : vous choisissez vos produits sur le site internet, vous payez et vous récupérez vos produits achetés en ligne dans le magasin. Une volonté d’élargir encore plus la clientèle pour Pierre : « L'éco-drive est fait pour le cadre dynamique qui n’a pas le temps de faire ses courses, par exemple. On dit souvent que consommer mieux ça prend du temps. Ici, on essaye justement de leur en faire gagner, on leur facilite leurs achats, pour que le 'bien manger' soit à portée de téléphone »

Quels produits en vrac à éviter ?

Même si le choix des produits vendus en vrac se fait de plus en plus large, il y en a tout de même certains à éviter. C’est ce que souligne la responsable de la Fabrique de Marie : « Pour la maison, le vrac se limite aux produits d’entretien et pour le corps on se limite aux shampoings et aux gels douches. Pourquoi ? Parce que tout ce qui n’est pas rinçable, si on a la moindre bactérie, ça va se développer sur la peau et ça va être une catastrophe »

Selon l’Anses, certains produits doivent être évités ou en tout cas le consommateur doit faire preuve d’une grande vigilance vis-à-vis de ces denrées. 

Il y a parmi les produits visés par l’Anses, la lessive. L'une des raisons, selon l’organisme, est le manque d’informations sur la présence de produits chimiques dans les produits nettoyants ou lavants. L’Anses souligne aussi que d’autres produits ne peuvent être vendus qu’à condition que la vente soit assistée par un vendeur. C’est le cas des denrées réfrigérées très périssables comme la viande ou les produits laitiers. 

La loi Climat et Résilience prévoit que les commerces de plus de 400 mètres carrés consacrent 20 % de leur surface de vente au vrac d’ici à 2030. Un pas de plus pour le marché du vrac. 

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