Confinés à cause du coronavirus COVID 19, les prêtres et aumôniers des trois sites du CHU de Clermont-Ferrand s’adaptent pour continuer d’assurer un soutien religieux aux malades. L’un d’entre eux témoigne
Confinées depuis plus d’une quinzaine de jours pour éviter tout risque à l’hôpital, les trois équipes religieuses du CHU ont tenu à rester disponibles pour les malades. "Même s’il nous arrive encore de nous rendre au chevet des personnes mourantes lors d’un sacrement par exemple (célébration pour évoquer la protection de dieu), le reste du temps nous assurons nos fonctions de chez nous". Altruiste et dévoué, pour celui qui fut aussi aumônier de prison, l’instruction religieuse et la recherche chrétienne rassemblent et permettent "d’apporter un regard sur le monde" aux personnes dans le besoin et ce quel que soit son milieu.
S’adapter au COVID 19
Et pour continuer à remplir leur mission religieuse à distance, il a fallu s’adapter. Très vite les trois équipes d’aumôniers du CHU de Clermont-Ferrand se sont réunies pour installer un téléphone d’astreinte pour assurer la liaison avec les patients. "C’est un peu comme le bip d’un sapeur-pompier, nous devons pouvoir répondre 24h/24 aux demandes des malades quand ils souhaitent nous joindre" explique Bernard Roux avec amusement.Selon l’urgence de la demande, les équipes d’aumôniers se relaient pour échanger par téléphone avec les malades "parfois pendant des heures". "En tant qu’unique prêtre de l’équipe je suis souvent sollicité, nous devons traiter les demandes selon les besoins" précise Bernard. Et pour renforcer les liens même à distance, il a fallu se mettre à la technologie. "Il nous arrive de partager des vidéos religieuses sur WhatsApp par exemple. Je ne suis pas né avec tout ça mais je m’adapte" ajoute-t-il en riant.
"Nous ne sommes pas là pour prêcher pour notre paroisse "
S’il est aisé d’imaginer les équipes religieuses en train de réciter des versets bibliques, en réalité Bernard est surtout à l’écoute des malades : "Certains malades veulent me lire des passages de la Bible, d’autres sont dans le questionnement et s’interrogent. Notre rôle va au-delà du fait de célébrer la messe, on se doit d’avoir une oreille attentive pour eux".Et ,pour lui, hors de question d’imposer sa croyance : "Nous ne sommes pas là pour prêcher pour notre paroisse ni pour faire la morale mais pour accompagner du mieux qu’on peut ceux qui nous sollicitent et les aider à faire face à certaines situations". Le prêtre bénévole évoque avec émotion certaines célébrations qu’il a dû réaliser auprès de personnes mourantes depuis le début du confinement. "On ne célèbre pas la mort, on célèbre la vie". S’il prend le maximum de précautions lorsqu’il décide de se rendre à l’hôpital, le prêtre raconte ne pas avoir encore eu à assister une personne souffrante du coronavirus.
Soulager le personnel soignant
Sollicitées par les malades, les trois équipes de l’aumônerie du CHU de Clermont-Ferrand, sont également très appréciées par le personnel soignant de l’Hôpital. Bernard explique : "Je pense que les soignants nous reconnaissent une utilité sociale et psychologique pour les malades, qu’ils soient religieux ou non".Il ajoute humblement : "Alors si nos missions peuvent soulager ne serait-ce qu’un peu, l’immense charge qu’ils rencontrent, même à distance, ça vaut le coup". Récemment trois aumôniers sont intervenus dans les chambres des malades pour leur permettre d’utiliser des tablettes numériques et "rester en lien avec leur famille".
Pour Bernard Roux qui a perdu un ami prêtre récemment et n’a pas pu assister aux funérailles suite aux restrictions, "Cette période rapproche de l’essentiel et doit renforcer l’entraide". "En temps de crise, certaines initiatives au CHU de Clermont-Ferrand réchauffent le cœur et prouvent à quel point il est important de rester soudés", conclut-il.