Trois économistes de l’Université Clermont Auvergne viennent de publier une étude sur le lien entre la tenue du 1er tour des municipales, le 15 mars, et le taux de mortalité du coronavirus COVID 19. Une travail qui contredit une étude publiée par des épidémiologistes en mai dernier.
Trois chercheurs en économie du CNRS de l’Université Clermont Auvergne viennent de publier une étude qui risque de faire grand bruit. L’étude placée en consultation libre, avant sa publication dans une revue scientifique, l’IZA, un institut économique allemand, affilié à l’Université de Bonn, a été réalisée par Simone Bertoli, Lucas Guichard et Francesca Marchetta.
Une surmortalité plus importante
Elle établit un lien entre l’organisation du premier tour des municipales le 15 mars dernier, et le taux de mortalité du coronavirus COVID 19. Les chercheurs ont remarqué une hausse de la mortalité dans les communes où il y avait plus d'enjeu politique. Simone Bertoli indique : « On trouve qu’une compétition plus intense a poussé la participation vers le haut et cette composante de la participation plus élevée est corrélée avec une surmortalité plus importante dans les cinq semaines suivant les élections, parmi les personnes de plus de 60 ans ».
L’abstention record a contribué à faire baisser le nombre de décès, selon les chercheurs. Simone Bertoli souligne : « On a imaginé un scénario où le taux de participation dans les communes avait été celui du premier tour des élections de 2014. Un taux de participation plus important aurait provoqué environ 5 000 décès supplémentaires dans les 5 semaines suivantes parmi les individus de plus de 60 ans. La partie la plus vulnérable de la population, les plus de 80 ans, aurait été davantage impactée s’il y avait eu une participation majeure ». Il faut savoir que les chercheurs ont limité la recherche aux villes qui n'ont pas d'hôpital : l'étude porte sur 33 694 communes, qui représentent 62 % de la population française et 32 % des décès durant la période étudiée.
Deux chercheurs italiens
S’ils se sont intéressés à ce sujet, c’est avant tout à cause de l’origine italienne de deux chercheurs. Simone Bertoli affirme : « Nous sommes tous les deux Italiens et les nouvelles qui venaient d’Italie nous avaient alertés sur la situation qui allait également se produire en France. Il nous avait semblé évident que le report des élections allait s’imposer. Quand nous avons entendu le discours du président Macron, le jeudi 12 mars, qui a confirmé la tenue des élections, et disant qu’il n’y avait pas de risques, sauf pour les personnes les plus vulnérables, avec le respect des gestes barrière, nous avons été choqués par cette décision, confirmée ensuite par le Premier Ministre ».
Deux études aux résultats contradictoires
Il a aussi été choqué par le fait que l’on ait maintenu la campagne et peut-être favorisé la progression de l’épidémie. Simone Bertoli précise : « Pendant les réunions de la campagne, où la sensibilité par rapport aux risques était moindre, il y a eu pas mal de serrages de mains, d’embrassades. Dans notre village, dans la salle des fêtes, le mercredi 11 mars, il y avait même des chips et des cacahuètes et tout le monde se servait dans le même bol. Ce type de contacts peut malheureusement favoriser la diffusion de l’épidémie ». Il rappelle aussi qu’il y a eu des moments festifs pour les listes élues, ce qui n’a pas ralenti la progression de l’épidémie de coronavirus COVID 19. Cette étude des chercheurs clermontois vient contredire une étude menée par des épidémiologistes et statisticiens et publiée le 15 mai dans les colonnes du journal Le Monde : elle concluait que le premier tour de scrutin n’aurait pas contribué statistiquement à la propagation du COVID 19.