Comme partout en France, les musulmans de Clermont-Ferrand s'apprêtent à vivre pour la première fois, un mois de jeûne de ramadan en confinement pour cause de Coronavirus. Le traditionnel "Iftar" , le repas servi aux plus démunis, est remplacé par une distribution de colis alimentaires.
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Les 2 000 à 3 000 fidèles qui fréquentent habituellement l'une des 11 mosquées et 5 autres salles de prières de Clermont-Ferrand trouveront pour la première fois cette année portes closes, pendant tout le mois de jeûne qui devrait débuter le jeudi 23 avril ou le vendredi 24 avril, selon la décision qui sera prise par le Conseil français du culte musulman (CFCM).
Un ramadan en mode confiné
Au Gozde Market, une boucherie - épicerie halal de Cébazat et Clermont-Ferrand, Vahit Ermiser, ne ressent pas la même ferveur que d'habitude autour du ramadan. Le commerce classé dans l'alimentaire de première nécessité est resté ouvert pendant le confinement mais le constat est amer : "
Ça se traduit par une baisse de l'activité". Habituellement, cette période représente
"1/3 de son chiffre d'affaire annuel" mais cette année déplore le commerçant,
"ce ne sera pas comme d'habitude. Avant, il y avait des préparatifs, tout le monde était à fond, tout le monde attendait avec impatience et allait dans les magasins pour faire des réserves. Là les gens ne sortent pas trop. Nous on n'a pas établi de service de livraison, parce que ça, c'est un risque pour tout le monde" estime t-il. Des commerces d'alimentation halal qui tournent au ralenti mais aussi des mosquées contraintes de s'adapter au confinement.
"En temps normal, les fidèles peuvent faire les cinq prières par jour à la mosquée et le soir après le repas, on prie en commun dans les mosquées. L'imam récite de longues prières qui peuvent durer jusqu'à minuit. Malheureusement cette année, on ne pourra pas le faire" se désole Saad Kebour
." On va prier en individuel à la maison, comme le reste de l'année. Comme conseillé par la Préfecture "
le prêche de l'imam et la prière du vendredi, la plus importante, aura lieu via les réseaux sociaux, sur le facebook ou les sites internet des mosquées" se console ce musulman pratiquant , trésorier de l'association "El Amane " de la mosquée de la Fontaine du Bac .
Opération "solidarité ramadan"
Dans ce quartier populaire au sud de Clermont-Ferrand, les bénévoles de cette association participent chaque année à la préparation de l'Iftar, le repas traditionnel de ramadan, servi aux plus démunis.
"Là on est dans la phase de préparation, on fait les courses". Des femmes de la communauté prendront ensuite le relais pour préparer les repas.
" L'année dernière, on a distribué 180 repas par jour pendant le mois de ramadan." La plupart des bénéficiaires sont des nécessiteux et une grosse part d'étudiants. Il en sera de même cette année,
"sauf qu'on a obligation d'installer la table dans le sas de la mosquée, de mettre un plexiglass devant nous, de porter des masques et des gants . Une fois rentrés ça va être comme dans les boulangeries" décrit Saad Kebour.
"Il n'y a pas de loi qui interdit l'ouverture des mosquées, mais par précaution on a réunis tous les imams et on a maintenu la fermeture jusqu'à nouvel ordre" précise Mohamed Messoussa, le Président du collectif des mosquées de Clermont-Auvergne (CMCA). Si certaines associations cultuelles distribueront des repas à la mosquée, la plupart vont livrer des colis alimentaires
"en respectant les gestes barrières". Et pour ceux qui ne peuvent se déplacer,
"les mosquées délivrent des attestations à des bénévoles pour livrer" à domicile.
Le confinement, un atout spirituel ?
"Contrairement à ce qu'on entend ici et là , le ramadan cette année sera un peu plus simple pour beaucoup de musulmans" avance Sami Al Athary, Imam de la Mosquée En-Nour.
"Beaucoup de personnes sont confinées, donc moins soumises aux pénibilités physiques que l'on peut trouver en période normale avec le travail. On est à la maison, on puise moins dans les réserves," estime l'Imam. Et puis dit-il,
"le confinement, va permettre aux membres de la famille de se retrouver autour des repas de fin de journée". D'un point de vue spirituel, le confinement peut aussi approfondir la prise de conscience des souffrances et des privations. Le ramadan consiste à se priver de nourriture, de boissons et de rapports sexuels du lever au coucher du soleil.
"Mais ce n'est pas seulement ça, c'est montrer sa soumission à Dieu, être capable de se priver de quelque chose, de ressentir ne serait qu'une journée , la faim, la soif et donc de partager les souffrances de nos coreligionnaires mais aussi des non musulmans". Ce mois de jeûne, constitue avec la profession de foi, le pèlerinage à la Mecque, la prière et l'aumône obligatoire, l'un des cinq piliers de l'islam.