Effet du confinement et de la peur du coronavirus, le nombre de passages aux urgences de Clermont-Ferrand est en baisse. Les médecins prennent en charge environ moitié moins de malades par rapport à un printemps normal. Ils redoutent que des patients aux symptômes graves ne se présentent pas.
A l’accueil des urgences du CHU Gabriel Montpied de Clermont-Ferrand, il y a désormais un double flux comme partout. Un agent est chargé de faire le tri entre les patients présentant des symptômes du coronavirus COVID 19 et les autres… et justement ce sont ces « autres »-là, dont le nombre chute de manière vertigineuse.
En temps normal, les urgences du CHU prennent en charge 160 patients par jour en moyenne. Au début du confinement, selon le Dr Julien Raconnat, chef de service des urgences du CHU Gabriel Montpied, ce chiffre a diminué de moitié. Aujourd’hui, la fréquentation des urgences tourne autour de 60 à 70% de la fréquentation habituelle dont la moitié de patients Covid-19 orientés dans le service des maladies infectieuses. « On a l’impression qu’il est 2h du matin toute la journée ! » sourit-il.
Plus personne ne se présente aux urgences pour un petit bobo. Les consultations de médecine générale et de traumatologie ont quasiment disparues. « Il y a moins d’accident de la vie courante, moins d’accident de la route, moins d’accident du travail » constate le Dr Raconnat. Les patients semblent également plus responsables et ne veulent pas engorger les hôpitaux. Ils se montreraient donc moins consommateur de médecine « confort » ; constat d’ailleurs partagé par les médecins de ville. Une attitude dont les soignants leur savent gré !
"Le confinement, ça marche sur le Covid mais aussi sur les autres virus ! "
Même constat aux urgences pédiatriques pourtant confrontées en temps normal à une période de forte activité. Aux yeux de Matthieu Verdan, chef de service des urgences pédiatriques, « les motifs de consultation peu utiles voire carrément inutiles ont disparu. »
Les enfants n’étant plus à l’école ou à la crèche, les virus hivernaux ont quasiment arrêté de circuler. « Le confinement, ça marche sur le Covid mais aussi sur les autres virus ! » se réjouit le Dr Verdan. Résultat, la grippe s’est pratiquement arrêtée net chez les enfants alors qu’elle était particulièrement virulente en février et représentait entre 120 et 150 passages quotidiens aux urgences pédiatriques. Mêmes effets sur la gastro-entérite : « A cette époque de l’année, normalement, le service est plein d’enfants admis pour réhydratation à cause d’une gastro,» constate le Dr Verdan.Continuez à appeler le 15 !
Des services d’urgence qui soufflent un peu en Auvergne en ces temps de confinement mais les médecins restent en alerte. Ils redoutent de ne pas voir venir à eux des patients qui présenteraient des symptômes graves. « Notre crainte c’est que des patients qui présentent par exemple des douleurs thoraciques qui peuvent évoquer un infarctus, des signes neurologiques qui feraient penser à un AVC, ne viennent pas aux urgences. » souligne le Dr Raconnat, ce qui pourrait avoir des conséquence désastreuses. « Il faut absolument que les gens qui ont des signes graves appellent le 15 ! »Sur place tout est organisé pour continuer l’activité en parallèle de la prise en charge des "patients Covid". Le SAMU a été renforcé et l’ensemble du service réorganisé. Pour le Dr Raconnat : « On a tout fait pour s’inscrire dans la durée en ne déclenchant pas de renforts massifs tout de suite pour ne pas épuiser le personnel. » Depuis lundi quelques renforts ont été injectés via des extensions de poste parce que la fréquence de "patients Covid" commence à s’accélérer et que chaque prise en charge nécessite un temps d’habillage plus long.
Au CHU Estaing, les urgences pédiatriques aussi sont réorganisées avec trois niveaux de déclenchement si la situation devait se tendre. Il a fallu transformer des salles de réunion en salle d’attente pour séparer les patients avec des symptômes du Covid-19 et le reste des consultations. « Il semblerait tout de même que le virus épargne les enfants » rassure le Dr Verdan. Pour l’instant les urgences pédiatriques de Clermont-Ferrand n’ont eu à faire qu’à des enfants avec peu ou pas de symptômes.