COVID 19 : près de Clermont-Ferrand, une clinique soigne des patients aux lourdes séquelles

A Durtol, près de Clermont-Ferrand, la Clinique Médicale Cardio-Pneumologie a ouvert un service pour accueillir les patients post COVID 19. Les séquelles sont surtout nutritionnelles et psychologiques.
 

Depuis début octobre, la Clinique Médicale Cardio-Pneumologie de Durtol, près de Clermont-Ferrand, s’est mise en relation avec le CHU de la capitale auvergnate pour l’aider dans sa lutte contre l’épidémie de COVID 19. La clinique, spécialisée dans les soins de suite, compte habituellement 100 patients et 115 membres du personnel.

Une unité de 20 lits

Une unité complète de 20 lits vient de voir le jour. Hervé Lac, directeur de la Clinique Médicale Cardio-Pneumologie de Durtol, raconte : « On a décidé d’ouvrir une unité complète de patients post COVID : ils sortent du CHU, logiquement ils viennent de passer dans un service COVID et continuent chez nous. Ils peuvent être contagieux ou pas. Nous accueillons à ce jour 12 patients et d’après nos prévisions d’admissions dans la semaine le service sera complet en fin de semaine. On va passer à 20 lits. Dans un cas extrême on pourrait aller jusqu’à 25 lits ».

Ils ont une perte musculaire assez importante et une grande fatigue

Les patients viennent dans le cadre d’une réautonomisation respiratoire. Ils ont été sous oxygène et la clinique intervient pour faire un sevrage d’oxygénothérapie. Il s’agit de patients qui ont en moyenne plus de 65 ans mais le service compte aussi 2 patients qui ont moins de 50 ans. La durée moyenne du séjour des patients à Durtol varie. Hervé Lac précise : « Ils vont passer chez nous un certain temps. Tout de suite on a encore un patient qui est rentré fin septembre. Les patients vont rester au minimum 4 semaines et cela peut aller au-delà. Le reconditionnement est très compliqué. On s’occupe habituellement de pathologies respiratoires et cardiaques. On a un plateau technique qui sert pour la prise en charge des patients COVID et leur reconditionnement. Ils sont très déconditionnés, ils ont une perte musculaire assez importante et une grande fatigue. Ils reprennent progressivement une activité ».

Une clinique habituée à respecter des protocoles précis

Pour la clinique, le fait que certains patients soient contagieux ne pose pas problème. Le directeur explique : « On est habitués à l’aspect contagieux de la maladie. On gère par exemple des bactéries résistantes chez d’autres patients. On reçoit aussi des greffés cardiaques qui nécessitent des précautions équivalentes à celles du COVID. Par exemple, il y a des chambres à sas possibles et tout un tas de procédures, avec une infirmière hygiéniste et une cellule COVID mise en place ». L’établissement n’avait accueilli qu’un seul patient post COVID au cours de la première vague.

Les patients perdent 10 à 15 kg. C’est vraiment impressionnant

Les médecins travaillent sur l’autonomie, la renutrition, la prise en charge psychologique des patients pour les préparer au retour à domicile. Guillaume Plaquevent-Hostache, cardiologue et président de la Commission médicale d’établissement (CME) est frappé par les séquelles qui touchent les patients COVID : « Au début on pensait que leur séjour allait être vraiment rapide mais il s’avère plus long. C’est entre une quinzaine de jours et 3 semaines voire plus mais ça dépend vraiment des patients. Notre but est de les réautonomiser. Certains sont plus touchés sur la dénutrition. On a des gros soucis de perte de poids et de fatigue du coup. Les patients perdent 10 à 15 kg. C’est vraiment impressionnant. Pour les soigner soit c’est un renutrition simple et les patients arrivent à manger leur repas. Soit ça peut être des compléments alimentaires. Enfin, dans les cas les plus critiques c’est la sonde naso-gastrique ».

Cela ressemble à un syndrome de stress post-traumatique

Il ajoute : « On constate aussi des atteintes psychologiques et des difficultés de réautonomisation. Les patients ont besoin de reprendre tranquillement une activité physique. Pour les atteintes psychologiques, cela ressemble à un syndrome de stress post-traumatique. C’est la conséquence d’une infection très peu connue où les gens se sentaient dans un premier temps montrés du doigt. Ils se demandent aussi pourquoi ils ont été touchés par cette maladie émergente ».

Des soins sur mesure

Toute une équipe de médecins est mobilisée pour remettre les malades sur le chemin de l’autonomie. Guillaume Plaquevent-Hostache souligne : « On a des médecins généralistes orientés sur la nutrition qui interviennent. Ils évaluent leur profil nutritionnel, ils décident s’il faut renourrir les patients par sonde gastrique. On a une psychologue qui intervient pour rencontrer les patients. On a une équipe de kinés et d’éducateurs sportifs pour la reprise d’activité. Une fois que l’isolement est levé, ils reprennent une activité de marche régulière et c’est plus simple. On a un médecin pneumologue qui les suit. On a aussi un médecin cardiologue. On fait du cas par cas ». Quand les malades quittent ce service, ils sont prêts à rentrer chez eux, ils ont été sevrés en oxygène et sont suffisamment solides du point de vue nutritionnel. Le médecin confie : « On a été quand même surpris. On s’attendait plus à constater des séquelles pulmonaires et finalement on est marqués par l’aspect nutritionnel et psychologique ».

On constate que cette pathologie n’est pas rien

 Les médecins de la clinique de Durtol ne travaillent pas dans les mêmes conditions que ceux du CHU de Clermont-Ferrand. Guillaume Plaquevent-Hostache estime : « L’état d’esprit des personnels est plutôt bon car on reste assez privilégiés dans la situation du post COVID. On se retrouve en aval et on n’est pas dans la gestion de problèmes aigus. Mais ça nécessite de beaucoup discuter, de lever des inquiétudes. C’est plutôt serein car on est en levée d’isolement : les gens commencent à remarcher et c’est plus facile que ce que vivent les soignants en réa. On constate que cette pathologie n’est pas rien ». Aujourd’hui, la direction est plus inquiète pour la vie des autres services. Hervé Lac affirme : « Notre problématique est la gestion des allées et venues au sein de l’établissement. Les familles sont un vecteur de la maladie. Elles ne respectent pas les gestes barrières. On a été obligés de mettre un agent de sécurité. On ne comprend pas que l’on soit obligé d’en arriver là ». Des mesures difficiles à prendre mais nécessaires pour la bon déroulement des activités de la clinique de Durtol.


 
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