En Auvergne, le nombre de cas de COVID est en nette augmentation et cette tendance semble se confirmer ces derniers jours. Voici les dernières tendances épidémiologiques.
Alors que la situation semblait de plus en plus stable, le COVID fait son retour : depuis le début du mois de juin, le virus circule dans toute la population sans distinction d’âge. En Auvergne-Rhône-Alpes, comme sur le territoire national, l'incidence monte de façon relativement importante, explique le docteur Anne-Marie Durand, directrice de la Santé Publique à l’ARS (Agence Régionale de Santé) Auvergne-Rhône-Alpes : “Notre région reste un peu en-dessous des chiffres nationaux puisque l'incidence en France est de 731 cas pour 100 000 habitants et, en Auvergne Rhône-Alpes, elle est de 575. L'Allier reste le département le moins touché de notre avec 392, une grosse différence par rapport aux chiffres moyens de la région. Par contre, le Rhône est à 729, ce qui est logique puisque c'est le département où la densité de population est la plus importante. On est un petit peu en-dessous des chiffres nationaux, même avec le département le plus touché”.
Elle recommande la plus grande prudence : “Il est important d'être vigilant face à l'augmentation des cas en sachant qu'elle est liée à la circulation du variant BA.5, qui, comme dans toute l'Europe, touche notre pays et notre région. Il donne des symptômes un peu moins importants que les autres variants qu'on avait au début de l'épidémie, ce qui explique qu’il y ait moins d'hospitalisations. Il faut être attentif à cette évolution et surtout, reprendre des gestes barrière, en particulier dans les secteurs fermés comme les transports en commun. Il faut se laver les mains très régulièrement et éviter les lieux trop fréquentés pour ne pas être contaminé.” Elle insiste “sur l'intérêt" de la vaccination "pour les plus fragiles, en particulier les personnes de plus de 60 ans, les personnes atteintes de pathologies chroniques, les personnes qui ont une dépression donc une baisse de leur immunité, et ceux qui ont eu des vaccins il y a plusieurs mois. Il est important de faire les rappels en temps et en heure pour pouvoir garder un maximum d'immunité et être protégé contre la gravité de la maladie.”
Des hospitalisations qui restent modérées
Sur le front des hospitalisations, en réanimation et dans les services conventionnels, la situation est “plutôt calme”, selon Ousmane Traoré, chef du service d’hygiène hospitalière au CHU de Clermont-Ferrand. Le professeur Traoré développe : “Ce n'est pas tellement surprenant, on a une dissociation entre la circulation du virus, qui est extrêmement intense comme on le constate tous, et les hospitalisations.” Au centre de prélèvement du CHU, on constate une très nette augmentation de la circulation du virus avec, “pour l'instant une répercussion très modérée sur les hospitalisations pour COVID au CHU”, indique le docteur. En réanimation, on compte 2 patients COVID, ce qui est le “ point le plus bas depuis maintenant plusieurs mois. On a très peu de patients en réanimation et pour l'instant, une très faible augmentation des patients hospitalisés en maladies infectieuses, médecine post urgences ou pneumologie.”
16 patients hospitalisés pour COVID
Les hospitalisations restent donc modérées : “Je ne sais même pas si on peut vraiment parler d'augmentation, même si on sent quand même un petit frémissement. Hier, on était à une petite quarantaine, je crois, 39 patients au CHU qui étaient porteur du COVID. Parmi ces 39 patients, seulement 16 sont hospitalisés pour ça. On était descendu à une dizaine il y a quelques semaines. Ce n'est pas une augmentation très importante.” Les autres patients ont découvert qu’ils étaient porteurs du COVID au cours d'une hospitalisation pour d’autres raisons. Cependant, le professeur Traoré reste prudent : “C'est peut-être un peu tôt pour en tirer une tendance définitive parce qu’il y a toujours un décalage d’une dizaine de jours entre la circulation intense du virus dans la population et l'augmentation des hospitalisations. Comme cette augmentation de la circulation du virus est surtout importante ces derniers jours, je pense qu'il faut attendre encore une ou 2 semaines pour voir quel sera l'impact de cette vague.”
Ousmane Traoré semble toutefois confiant : “Si on se réfère aux pays comme le Portugal qui ont eu cette vague, elle était assez courte finalement. Surtout, il y a eu un impact très faible sur les hospitalisations, on espère que ça sera la même chose en France. La courbe hospitalière ne suit pas du tout l'augmentation extrêmement importante que l'on voit dans la population générale.” En revanche, il craint que cette nouvelle vague n’augmente l’absentéisme chez le personnel médical : “Ce qui nous préoccupe le plus aujourd'hui, en termes de COVID au niveau hospitalier, c'est plutôt la circulation du virus chez nos personnels. Dans la majorité des cas, ils sont arrêtés lorsqu’ils sont positifs. Il y a quand même une tension importante au niveau hospitalier, notamment sur les ressources humaines. C'est le principal facteur d'inquiétude aujourd'hui sur le COVID, ce n'est pas tant un afflux de patients qu’une répercussion sur le personnel, ça risque d'aggraver une situation qui n'est déjà pas simple.”
Le pourcentage de positivité en hausse
Cette augmentation est nette dans les laboratoires, selon Thomas Duret, biologiste et directeur des laboratoires GenBio : “Il y a une augmentation de l'incidence depuis la fin de première semaine de juin. On a vu la courbe s'inverser : depuis le mois de mai on avait une décroissance et, depuis les premières semaines de juin, on a une augmentation du nombre de cas” Il constate un pourcentage de positivité très élevé : autour de 22% des tests réalisés à GenBio sont positifs. Thomas Duret nuance : “Il faut savoir aussi que maintenant, dans les patients qui font des tests PCR, il y a beaucoup de patients qui font des autotests à domicile et qui viennent confirmer leur positivité par PCR. Cela donne un biais de positivité plus important.” GenBio fait environ 1 500 tests par jour, sur tous les laboratoires.
Un variant "qui échappe davantage à l'immunité"
Pourtant, il ne constate pas d’augmentation de la demande de tests : “On a une demande qui augmente un petit peu, mais beaucoup moins fortement que lors des débuts de vagues précédentes. Il y a des auto tests qui sont pratiqués à domicile et qui ne sont peut-être pas confirmés en laboratoire par PCR. Je pense qu’il y a aussi une lassitude par rapport aux tests. Depuis 2 ans, tous les patients ont été de nombreuses fois testés, ce n'est pas un geste qui est agréable.” Thomas Duret précise la nature des variants détectés sur les patients : “ Ce début de nouvelle vague est lié à un variant Omicron, le BA.5 qui est en train de remplacer le BA.2 qui était majoritaire il y a encore un mois. La bibliographie et les études disponibles montrent qu'il n'y a pas d'aggravation de la pathogénicité ni de risque accru d'hospitalisation entre ces 2 variants. Sur le plan épidémiologique, ce sont des variants qui échappent davantage à l'immunité, notamment vaccinale ou une ancienne immunité. Ils ont une contagiosité qui est un peu augmentée.”
A Clermont-Ferrand, le taux d'incidence s'élève à 551 cas pour 100 000 habitants, entre le 19 et le 25 juin.
Clermont-Ferrand est, selon Thomas Duret, particulièrement touchée : “Dans les grandes agglomérations, on a un taux de positivité qui est plus élevé, lié aux contacts sociaux qui sont plus nombreux. On note une positivité plus élevée sur nos sites clermontois. Clermont est plutôt à 26% de tests positifs que 22% en moyenne.” En ce début d'été, les cas de contaminations explosent de nouveau. Plus de 147 000 cas ont été comptabilisés mardi soir par Santé publique France, 54% de plus qu'une semaine auparavant et au plus haut niveau depuis fin avril. Le gouvernement appelle à remettre le masque, notamment dans les transports.