Tous les quatre ans, au cœur de l’Auvergne rurale, ouvriers, instituteurs, artisans, retraités deviennent acteurs, costumiers, décorateurs. Sous la direction bienveillante de l'instit à la retraite, ils montent un incroyable spectacle. Une aventure humaine, culturelle et enthousiasmante suivie par la réalisatrice Angélique Muller.
" Qu"on soit au théâtre ou au travail, c'est toujours pareil : on joue un rôle " dit l'un des membres de la troupe amateur des Ancizes dans le Puy-de-Dôme. C'est sans doute la raison pour laquelle ils sont si nombreux à participer à cette incroyable aventure.
Une aventure théâtrale, culturelle et surtout humaine née dans la tête de Christian en 1989. L'instituteur, aujourd'hui à la retraite, qui se définit comme "un timide maladif ", cherche alors une idée pour fêter le Bicentenaire de la Révolution Française. Il a toujours écrit " des petites choses" mais cette fois il veut faire un spectacle " qui n'existe pas ailleurs" précise-t-il. Ce sera une pièce de théâtre écrite et mise en scène par lui et jouée par les habitants du village. Tous amateurs, tous bénévoles.
Et ça fonctionne... Car depuis, 12 spectacles ont été montés !
La dernière "Diacomédie", se situe entre les deux guerres. 58 personnages, de 7 à 77ans. Certains se souviennent être venus pour la première fois avec leurs grands-parents. Devenus adultes, ils continuent l'aventure pour retrouver le plaisir de jouer et d'être ensemble, aux décors, aux costumes, à la régie, sur scène ou, dans plusieurs fonctions à la fois ! Ils parlent " de cohésion humaine magique", se marrent et ne comptent pas leur temps : " Pendant le montage du spectacle, je vois ceux qui bossent venir à toutes les répétitions et même s'ils n'ont qu'un ou deux passages sur scène, ils restent tous les soirs jusqu'à deux heures du mat ! " explique Christian.
La caméra dAngélique Muller a suvi ces passionnés. Elle-même a joué dans la première Diacomédie en 1989. Le mot n'existe pas, sauf peut-être à Ancizes. " Diacomédie" c'est la contraction des mots "diaporama" et "comédie". Encore une idée de Christian !
Le dernier spectacle mêle diapos, scènes en live, scènes vidéo. Il a nécessité un an de préparation. " Une année intensive : de la conception à la réalisation, ce sont 3 000 heures de travail, 120 participants bénévoles, 400 costumes confectionnés ou loués pour l’occasion. Des décors entièrement dessinés et construits sur plusieurs niveaux » raconte Christian.
Et si ça marche aussi bien c'est peut-être aussi parce que le credo est "On ne va chercher personne, on ne refuse personne et on ne vire personne" .
Le documentaire donne à voir et à entendre un portrait collectif. Celui d'une troupe amateur pas tout à fait comme les autres au service d'un spectacle pas tout à fait comme les autres non plus.
On y comprend aisément que la création artistique en milieu rural est un objet de cohésion sociale. C'est la réalisatrice qui en parle le mieux : " Diacomédie, c'est le moment où un village paisible d'Auvergne se met en branle pour monter un incroyable spectacle. Un miracle culturel alliant le spectacle, la solidarité et favorisant la prise de parole de personnes qui n'ont pas souvent l'opportunité de s'exprimer en public. Le théâtre a cette extraordinaire faculté de relier les personnes à la fois entre elles et au monde extérieur."
C'est joyeux, c'est vivant. C'est un film qui fait du bien.
"Diacomédie" d'Angélique Muller, une production Triade Films et Dimanche soir, à découvrir jeudi 4 mai à 22H45 dans la case documentaire La France en Vrai sur France3 Auvergne-Rhône-Alpes et déjà sur france.tv.