Si la Fête de la Musique a rassemblé beaucoup de monde dans une ambiance festive à Clermont-Ferrand, des actes malveillants ont été signalés : des femmes se sont présentées à l’hôpital ou aux forces de l’ordre en affirmant avoir été victimes de piqûres, un phénomène qui prend de l’ampleur.
L’inquiétude monte dans le milieu festif à Clermont-Ferrand : après la Fête de la Musique, plusieurs femmes ont expliqué avoir été victimes de piqûres, un phénomène qui semble prendre de l’ampleur selon le procureur de la République Éric Maillaud : “Il y a effectivement plusieurs plaintes qui ont été déposées et plusieurs signalements. La difficulté sur ce type de faits est liée à la façon dont on l’apprend. Il y a un certain nombre de jeunes femmes qui se rendent au CHU pour que leur sang soit prélevé aux fins d'analyses. D'autres se précipitent au commissariat. “ Il y aurait une quinzaine de signalements, soit par des plaintes au commissariat, soit par des remontées médicales. Parmi ces signalements, “9 venaient de personnes qui s'étaient déplacées au CHU”, indique le procureur. L’enjeu, selon Éric Maillaud, consiste à “effectuer le plus efficacement possible des prélèvements sanguins, à supposer qu'on trouve des produits.” Avant la Fête de la Musique, les forces de l’ordre avaient reçu 6 plaintes pour des piqûres, “plutôt en boîte de nuit ou ce genre de chose".
Je crains qu'il y ait aussi un certain nombre de “crétins” qui se réjouissent à l'idée de pouvoir piquer une jeune fille avec un objet pointu pour lui faire peur.
Eric Maillaud
Ce phénomène, selon lui, “se développe” malgré l’absence de traces toxicologiques, pour l’heure : “Dans les prélèvements, et il n'y en a pas forcément eu dans tous les cas de figure, on n’a pas détecté de produit. C'est extrêmement compliqué, il y a un certain nombre de laboratoires et de scientifiques qui y ont réfléchi. Si on veut pouvoir trouver les produits, l'idéal, c'est quand même de se faire prélever dans l'heure qui suit la piqûre. C'est rarissime. Bien souvent, ça se passe de nuit dans des événements festifs, donc les victimes attendent le lendemain.” Sur les 6 plaintes au commissariat, une personne a évoqué des malaises, précise le procureur : “Je pense qu'il peut y avoir une part de psychose mais, s'agissant de la Fête de la Musique, je crains qu'il y ait aussi un certain nombre de “crétins” qui se réjouissent à l'idée de pouvoir piquer une jeune fille avec un objet pointu pour lui faire peur.”
Près de 40 signalements à l’ARS
Certaines victimes présentent effectivement des traces de piqûre, mais il est difficile de savoir si un produit a réellement été administré : “Pour réaliser une injection il faut un certain temps. On essaie de mettre en place un processus le plus efficace possible pour permettre un prélèvement rapide. Il y a 2 choses à faire dans ce type d'enquête : prélever le plus vite possible dans l'espoir de trouver une trace de produits et de savoir ce que c'est ; puis essayer de voir où se sont passés les faits pour se servir des caméras de vidéosurveillance et entendre les témoignages des amis ou des personnes proches”, affirme le procureur. L’Agence Régionale de Santé aurait recensé une quarantaine de cas de personnes se présentant à l'hôpital aux fins de prélèvements sanguins, selon Eric Maillaud : “L'information leur remonte de manière systématique par les établissements hospitaliers, c’est donc eux qui ont la vision la plus exhaustive des personnes qui se sont plaintes d'avoir fait l'objet de piqûres”.
Que faire si on pense avoir été piqué ?
Voici les recommandations d'Eric Maillaud, si vous ou un proche pensez avoir été victime de piqûre : “Si on a le sentiment d'avoir été piqué, il faut se précipiter au commissariat ou à la gendarmerie et essayer de mettre en place avec les forces de l'ordre un prélèvement le plus rapide possible, même en pleine nuit. Il faut aussi dire à ses amis de regarder autour de soi s’il y a quelqu'un qui a un comportement étrange et essayer d'être le plus précis possible sur sa morphologie, ses vêtements, sa taille, son âge, tout ce qui pourrait éventuellement permettre une identification.” Dans les plaintes et signalements recensés, les personnes visées sont uniquement des femmes mais certains hommes affirment également avoir été victimes de ces gestes malveillants, sans pour autant s'être déclaré. Le parquet fait part de ses inquiétudes à l'approche du grand festival Europavox qui pourrait être un terrain propice à ce genre de comportements. Une réunion avec l’ARS est prévue en amont de l’évènement.