Fusillade de Strasbourg. Sur le marché de Noël de Clermont-Ferrand, on refuse de céder à la psychose

Le marché de Noël de Clermont-Ferrand, place de la Victoire, a ouvert mercredi 12 décembre dans une ambiance toute particulière, au lendemain de la fusillade à Strasbourg. Organisateurs, vendeurs, visiteurs, tous portent une part d'inquiétude en eux, mais refusent de céder à la psychose.

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Au lendemain de la fusillade qui a fait plusieurs morts et une dizaine de blessés à Strasbourg, la sécurité du marché de Noël de Clermont-Ferrand a été renforcée. Cela n'empêche pas une bonne fréquentation ce matin de mercredi 12 décembre. Noël approche à grands pas, et organisateurs, marchands et visiteurs tombent d'accord : il faut bien continuer à vivre.

Sans attendre un éventuel renforcement du dispositif Vigipirate, désormais au niveau Urgence Attentat, les organisateurs du marché de Noël ont décidé de doubler la sécurité. "Sur conseil de la préfecture, nous avons déjà décidé d'augmenter le nombre d'agents de sécurité, assure Émilie Guillot, chef de projet pour Centre France, qui organise l'évènement. Ils avaient déjà pour consigne de fouiller les sacs, et doivent maintenant faire ouvrir les manteaux des visiteurs."

Il y aura donc au total quatre vigiles, répartis sur les deux entrées du marché. "Bien sûr tout le monde y pense, mais on refuse la psychose, on continue de vivre sans plier face à la fatalité", assure l'organisatrice, dont l'activité a déjà été impactée par les différentes manifestations et blocages qu'a connu le centre de Clermont-Ferrand depuis le début du mois.

Je n'ai pas hésité à venir, sinon on ne vivrait plus !

"Je n'ai pas l'impression que les états d'esprit des visiteurs aient changé, remarque Antoine, un agent de sécurité à l'entrée du marché, nous, on mène juste des fouilles plus approfondis, et on est plus à l'affut." Inlassablement, il jette un oeil à l'intérieur des sacs et des vestes, nombreux ce matin.

Entre les chalets éphémères de la place de la Victoire, les visiteurs se sont pressés dès l'ouverture dans les allées. "Je n'ai pas hésité à venir, sinon on ne vivrait plus !, estime Anne-Marie, une Auvergnate venue reluquer les stands, mais bien sûr, si on entend un pétard, je ne dis pas que je ne réagirais pas …" Les seules choses qu'elle entend, ce sont le vin qu'on verse et l'aligot qui cuit, tapis sonore complété par la musique que jouent les haut-parleurs.

"On s'est posé la question d'ouvrir ce matin, reconnaît Kassandra, derrière son présentoir de confiseries multicolores, mais on n'a pas le choix, si on veut vivre on ne sera jamais complètement en sécurité, sauf à faire Noël dans un bunker, mais ce n'est plus trop l'esprit …" Touchée par les évènements de la veille, elle garde ses inquiétudes pour elle, et affiche un large sourire. "Ça reste dans un coin de l'esprit, et on développe un 6ème sens, explique-t-elle, on est constamment aux aguets, prêts à protéger son voisin."  En face de son stand, des enfants extatiques se font prendre en photo avec le Père Noël.

Plus loin, Julien prépare de quoi se battre contre le seul ennemi de la matinée, le froid : vin chaud et café fument sur son comptoir. "Ça ne change rien, de toute façon on l'a toujours dans un coin de l'esprit, mais il faut bien continuer à vivre, estime-t-il, avant de rappeler, et puis on est à Clermont-Ferrand, il faut relativiser …"
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