Jeudi 6 avril, pour la 11e journée, une manifestation était organisée à Clermont-Ferrand contre la réforme des retraites. Ils étaient 15 000 selon les syndicats et 7 500 selon la police. Dans le cortège, nous sommes allés à la rencontre des jeunes qui ont décidé de manifester leur opposition à la réforme.
Au lendemain de l’échec des discussions avec la Première Ministre Elisabeth Borne, les syndicats appelaient à une nouvelle journée de mobilisation à Clermont-Ferrand ce jeudi 6 avril. Ils étaient 15 000 selon les syndicats et 7 500 selon la police.
Il s’agissait de la 11e journée d’action contre la réforme des retraites. Des syndicats de lycéens et d'étudiants ont notamment appelé les jeunes à manifester. Des jeunes qui nous ont expliqué pourquoi ils ont tenu à se mobiliser.
Kévina, 16 ans, lycéenne, précise : « Manifester est une bonne manière de s’informer et de soutenir les bonnes causes. On est contre le 49.3 ». A ses côtés, Mathis, 16 ans également, ajoute : « Tout au long de l’histoire, on a gagné beaucoup de choses par la manifestation. C’est un moyen de lutte pacifique. Aujourd’hui la France va mal avec cette réforme qui nous est imposée. La démocratie n’est pas respectée, le peuple n’est plus souverain. Il est important de s’indigner. Ce n’est pas parce que le mouvement s’essouffle qu’il faut s’arrêter. Il faut montrer que ce n’est pas terminé et qu’on ne lâchera pas ».
Les manifestants, parmi lesquels des jeunes, ont convergé vers la place de Jaude.
Noémie, 20 ans, est au chômage. Elle se mobilise pour la première fois : « C’est la première manifestation que je fais. Je suis contre cette réforme. Elle n’a absolument aucun sens et elle ne devrait même pas exister. Si j’ai la possibilité de manifester, je reviendrai ».
Gauthier, 25 ans, est étudiant : « Je suis opposé à la réforme. Ce qui m’a motivé pour venir aujourd’hui c’est le classement de la pétition contre la BRAV-M et les propos de Gérald Darmanin sur la Ligue des Droits de l’Homme. Cela m’a révolté ».
Antoine, 26 ans, travaille dans une association d’art contemporain : « Je suis mobilisé car j’ai le temps et je suis disponible pour les manifestations. Je n’ai aucune idée pour la suite et sur ce qui va se passer. Tant qu’il y aura des mobilisations, je les suivrai. Je pense que je serai là jusqu’au bout, j’espère ».
Armance, 19 ans, étudiante en prépa littéraire, souligne : « Je suis là parce qu’on est en colère. On ne nous écoute pas. On manifeste depuis le début. Normalement, il est censé nous écouter. Là, il ne le fait pas, donc il faut lui montrer d’une autre manière ».
Benjamin, 22 ans, est cheminot : « Je suis contre la réforme qui est passée avec le 49.3 et contre la retraite à 64 ans. Je suis jeune mais je vais être contraint de travailler jusqu’à 64 ans. Je ne suis pas d’accord. Je n’étais pas spécialement investi dans la vie politique, même si je suis syndiqué à la CGT. C’est cette réforme qui m’a incité à m’investir ».
Mike, 26 ans, cheminot lui aussi, rappelle : « Je suis là pour les retraites, pour mes parents, pour tout le monde. Je suis investi depuis que je suis rentré à la SNCF, il y a 4 ans. Il faut continuer sinon on se fait bouffer. Il n’y a pas assez de jeunes, il en faudrait encore plus. On appelle tout le monde, même les anciens ».
Présente également dans le cortège, Laurianne, 17 ans, lycéenne, explique : « Cela fait plusieurs semaines qu’on en a marre. Il y a un ras-le-bol général. Hier, l’intersyndicale était invitée pour des discussions et la réunion a duré une heure. A la sortie, on voit qu’il n’y a aucune discussion. Ils invitent l’intersyndicale pour remettre les discussions sur la table et au final, au bout d’une heure c’est terminé parce qu’ils se rendent compte qu’il n’y a pas moyen de dialoguer. On n’a pas pu être écoutés. Il y a une colère générale ».
Eulalie, 21 ans, étudiante en lettres et militante LFI, est venue tracter : « C’est important de manifester contre la réforme des retraites mais aussi contre toutes les dérives qui sont exercées par le gouvernement. C’est essentiel que la jeunesse se mobilise ».
Zoé, 19 ans, étudiante à l’école d’art de Clermont-Ferrand, souligne : « Il faut une convergence des luttes. On est aussi là pour la culture car on a plein de coupures de budget. On est là aussi en soutien aux manifestants de Sainte-Soline, qui s’en sont pris plein la figure. C’est important de se rassembler ».
Lucas, 21 ans, intérimaire, est venu défiler avec son père : « Je suis là, non pas pour moi, mais pour ceux qui, comme mon père, travaillent et sont cassés. Faire deux ans de plus, à leur âge, est compliqué ».
"C’est une réforme injuste, injustifiée et injustifiable"
Loris, 27 ans, ingénieur informaticien dans la recherche, souligne : « Je manifeste depuis le début de la mobilisation. C’est une réforme injuste, injustifiée et injustifiable. Je considère que ce n’est pas à nous de payer un système de retraites qui a été asséché par un allègement des cotisations. Il y a plein d’autres moyens de financer les retraites. Il y a plein de gens qui savent qu’ils ne tiendront pas jusqu’à la retraite. A côté de cela, au niveau climatique, ce n’est pas arrangeant non plus. J’ai l’impression que ça converge ».
Florent, 23 ans, salarié chez Michelin, précise : « Je n’ai pas envie de partir à la retraite quand je serai proche du cimetière. Mon métier est pénible : j’ai le dos qui est sollicité et tous les muscles. Je ne peux pas partir à la retraite aussi tard. C’est impossible ». Dylan, 23 ans, technicien de maintenance, ajoute : « C’est compliqué de travailler aussi longtemps, avec la pénibilité. Si on ne se bat pas maintenant, cela va être de pire en pire. J’espère que la santé me porte jusque-là. J’aimerais bien profiter et pas seulement bosser ».
"Un climat presque dictatorial"
Sacha, 19 ans, insiste : « Je trouve qu’on est dans un climat presque dictatorial. Le peuple n’est plus écouté. Il y a eu une pétition pour la dissolution de la BRAV-M qui a été balayée d’un revers de manche. On ne nous écoute plus, on ne nous pose plus de questions, on ne nous demande rien. En tant que jeune, je suis concerné par la retraite parce que j’espère y arriver un jour et je suis concerné par tout ce climat de haine, de violence. J’ai l’impression que la France se rapproche de pays dictatoriaux comme la Russie ou la Chine. Quand on voit les atteintes au droit de manifester, c’est encore pire. Cela me fait peur pour l’avenir ».
Jocelyn, 16 ans, est lycéen : « J’ai peur de travailler longtemps. Je ne pense pas qu’à moi, mais à des gens qui ont des métiers pénibles. Il ne faut pas partir trop tard à la retraite ».
Iria, 18 ans, étudiante en licence d’histoire, indique : « La mobilisation doit continuer. Au-delà de cela, je manifeste car la démocratie est en péril, je manifeste contre le 49.3 et contre le gouvernement dans sa globalité. La réforme désavantage tout le monde. Il y a plein d’autres moyens de palier la dette, d’aider l’économie française ». Mathieu, 18 ans, étudiant en licence d’histoire, l’accompagne : « Cette réforme des retraites est injuste et brutale. Le 49.3 n’est pas démocratique. La démocratie est très importante dans notre pays ».
Ambre, 16 ans, lycéenne, a tenu à être présente : « Je trouve qu’il est important de manifester pour notre avenir, même si c’est un peu tôt. Je m’intéressais un peu à la politique, mais avec la réforme des retraites, ça me préoccupe plus ».
Dans le cortège, des jeunes ont souhaité se mobiliser en faisant du bruit.
Inès, 22 ans, salarié chez Trelleborg, rappelle : « Je manifeste contre le capitalisme. Je me mobilise depuis que j’ai 16 ans. Il est important d’intégrer des mouvements pour arriver à renverser le capitalisme et construire une société nouvelle, qui part du socialisme et qui vise l’émancipation de la classe ouvrière. Cela fait plaisir qu’il y ait autant de jeunes. Il faut que cela devienne pérenne ».
Les membres de l'UNEF sont présents place du 1er Mai.
Le parcours de la manifestation
Voici le parcours de la manifestation.
Des syndicats qui ne baissent pas les bras
Mercredi 5 avril, Frédéric Bochard, secrétaire départemental FO du Puy-de-Dôme, indiquait : « Nous sommes déterminés, plus que jamais. La porte de sortie toute simple est le retrait du texte. Rediscutons sur les vrais problèmes du moment et par sur cette stupide réforme des retraites, qui n’a d’autre objectif que d’imposer deux ans de travail obligatoire, que de répondre aux exigences de la Commission européennes et des marchés financiers. Elle n’a rien de social. Rien ne justifie cette réforme ». Valérie Guillaume, secrétaire générale adjointe CFDT Auvergne-Rhône-Alpes, ajoutait : « Les personnes qui se mobilisent sont déterminées. Entre la première mobilisation et jusqu’à la dixième, il y a ceux qui sont là toute le temps, qui ne loupent pas une manifestation, il y a ceux qui ont manifesté et fait grève pour la première fois de leur vie. Ce n’est pas forcément à chaque fois le même public mais à chaque fois, il y a du monde qui est mobilisé. Même si c’est difficile de se mettre en grève dans les entreprises, même si c’est difficile financièrement, cela risque d’être encore plus difficile par la suite : il va falloir travailler plus longtemps et ne pas avoir des pensions revalorisées. Le jeu en vaut la chandelle ».