L'édition 2024 de la marche des Fiertés se tient ce samedi 1er juin à Clermont-Ferrand. Les revendications seront notamment axées sur la lutte contre l'homophobie et la transphobie, alors que le nombre d'agressions anti-LGBT+ recensées ne cesse d'augmenter en France.
La marche des Fiertés est de retour à Clermont-Ferrand. Cette année, elle est placée sous le signe des LGBTQIA+ Phobies en France et en Europe, soit les discriminations envers les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, trans, queer, intersex, asexuelles ou d'autres orientations sexuelles et des identités de genre. “On ne peut pas se contenter de militer pour son quartier. On voulait élargir parce qu’en France comme ailleurs en Europe, les droits de la communauté queer reculent. Dès qu’on baisse la garde, on nous retire des droits. Il faut se battre continuellement", réagit Adrien, 25 ans, drag queen de la maison drag Morningstar à Clermont qui co-organise l'évènement. Le rendez-vous est donné ce samedi 1er juin, à 14 heures, au jardin Lecoq.
"On n'a jamais subi autant d'incivilités"
Contre l’exclusion, les discriminations et la haine en raison de l’orientation sexuelle et amoureuse ou de l’identité de genre, le combat est toujours d’actualité. “On n’a jamais subi autant d’incivilités et d’agressions homophobes que ces derniers mois. J’ai été insulté et menacé dans la rue en sortant d’un show. J’avais du maquillage et ma perruque à la main. Un homme m’a dit que je n’avais rien à faire dans la rue et que je ne méritais pas de vivre”, décrit Adrien, drag queen du collectif Morningstar à Clermont. C’était la première fois qu'il vivait une telle scène dans la capitale auvergnate, pourtant réputée “ouverte”.
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Un bilan annuel du ministère de l’Intérieur, publié le 16 mai dernier, confirme que les agressions anti-LBGT ont bondi de 13% en 2023 (contre +3% en 2022) sur le territoire français. Les crimes et délits, infractions les plus graves, ont augmenté de 19 %. Quelques jours plus tôt, SOS Homophobie dressait le même constat alarmant dans son rapport sur les LGBTIphobies. “Difficile de généraliser quant à une augmentation significative des violences et discriminations”, indique l’association, néanmoins, “le climat se dégrade” pour les membres de la communauté. Sans aucun doute.
Libération de la parole anti-LGBT
“Il y a une libération de la parole anti-LGBT sur Internet. Certains se permettent tout et n’importe quoi sur les réseaux sociaux parce qu’ils sont anonymes”, constate Adrien. L’homophobie et la transphobie se banalisent aussi dans la vie réelle. En prenant les transports en commun ou en marchant dans la rue, combien se sont aussi fait insulter ? “Cela fait mal au cœur”, confie Natalia, femme transgenre de 29 ans, agressée à un arrêt de tram l’année dernière à Clermont-Ferrand. “J’ai pu m’échapper, heureusement. Cela avait un lien avec ma transidentité. Les trans souffrent énormément. Les gens nous remarquent facilement, on est dévisagés”, poursuit Natalia, membre du collectif Queer Auvergne qui co-organise la marche des Fiertés.
La journée, on évite de se tenir la main pour ne pas se faire taper. On a de plus en plus peur de se montrer et de s’exprimer... On sort avec la boule au ventre.
NataliaMembre du collectif Queer Auvergne
Selon le ministère de l’Intérieur, 4 560 infractions anti-LGBT+ ont été enregistrées en 2023, principalement dans les villes de plus de 200 000 habitants et notamment à Paris. Dans près de 3 cas sur 4, la victime est un homme. Une part importante des incivilités passe sous les radars des services de police et de gendarmerie. Déposer plainte reste une démarche difficile, à laquelle renoncent souvent les personnes agressées par crainte de ne pas être comprises ou démotivées par les nombreux classements sans suite. Ces derniers font naître un sentiment d’injustice chez les victimes.
“On aimerait au moins être rappelées même si c’est pour dire qu’ils n’ont pas assez d’éléments pour aller plus loin”, témoigne Natalia qui ne sait pas ce qu'est devenue sa plainte déposée en mars 2023. En Auvergne, SOS Homophobie travaille de près avec les forces de l’ordre, notamment sur l’accueil des victimes et l’écoute de leur témoignage. Le délégué régional, Mickaël Gérard-Depalle, se veut encourageant : “On est bien outillés désormais. Même s’il y a encore à faire pour les droits des personnes LGBTQIA+, il faut rester positif. Les choses avancent.”
"Une dimension politique"
Samedi, chacun et chacune marchera pour réclamer des droits égaux, pour revendiquer la liberté de vivre et d'aimer sans avoir peur. “On ne va pas changer le monde en claquant des doigts”, glisse Natalia, pour qui la mobilisation est essentielle. Dans un contexte de montée des extrêmes en Europe et de l'instauration de lois hostiles à la communauté LGBT+, le thème de la marche des Fiertés clermontoise n'a pas été choisi au hasard. "Il y a une dimension politique, on sera à quelques jours des élections européennes. La pride, c’est aussi l’occasion d’appeler au vote. Les directives de l’Europe aux pays membres se ressentent dans notre quotidien”, insiste Mickaël Gérard-Depalle.
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La déambulation sera ponctuée de prises de parole. "J'ai prévu un discours sur la censure des arts queer qui existent depuis très longtemps, comme le drag. On essaie de plus en plus des les faire disparaître en France et dans le monde. J'ai fait de la lecture, habillé en drag queen, à des enfants ou à des adultes. À chaque fois, des gens ont tenté de l’interdire. Cet art contribue pourtant à faire passer des messages et à ouvrir les esprits”, considère Adrien, dont le collectif House of Morningstar organisera également un show drag pour clôturer la pride clermontoise samedi soir, au Fotomat'.
L'année dernière, plus d'un millier de personnes ont participé à la marche des Fiertés de Clermont. "Le nombre augmente chaque année. Il y a cinq ans, on était une centaine à se retrouver sur la place de Jaude", se remémore Mickaël Gérard-Depalle. Deux autres rendez-vous sont annoncés dans la région, le 22 juin, à Aurillac dans le Cantal et à Moulins dans l'Allier.